John Irving – La petite amie imaginaire

Points, 176 pages.

John Irving - La petite amie imaginaireVO : The Imaginery Girlfriend. Irving est un écrivain assez bon, et cette autobiographie me paraissait intéressante. Le Tigre a hélas été à moitié contenté : de très bons passages sur la vie de l’auteur, toutefois d’autres que je n’ai su apprécier à leur juste valeur. Notamment lorsqu’il s’agit du sport à l’origine de l’image de couverture.

De quoi parle La petite amie imaginaire, et comment ?

Depuis le temps que je lisais un peu d’Irving, voilà que j’apprends qu’une sorte de ses »mémoires » existent, comme Murakami. Né au début des années 40, il a écrit en 1996 cette courte biographie. Avec trois enfants (garçons) nés d’un second mariage, l’auteur a profité d’une convalescence due à une opération de l’épaule pour nous concocter près de 200 pages de souvenirs.

Avec plus d’une vingtaine de chapitre, la lecture sera pour le lecteur agréablement fluide. D’autant plus que le style est d’une simplicité désarmante, Le Tigre a eu l’impression de lire les mémoires de son grand-père, pourtant peu porté sur la littérature. Ordre quasiment chronologique, on est rassuré. Quelques photos en milieu de parcours, très sympathique.

Simplicité ? Pas complètement… En effet la première passion de John n’était pas la littérature, mais la lutte. Près des deux tiers de l’essai portent sur ce noble sport. Sa prime jeunesse, ses activités (il ne parle presque jamais de ses études), comment il évoque ses gosses, tout tourne autour de la lutte. Alors un conseil, renseignez-vous sur ce sport : la manière dont un combat se passe, les projections et autres techniques sportives, la stratégie, voire révisez un peu l’anatomie humaine.

A part le pancrace, John nous parle de ses amis et de ses lecture. Il a surtout lu de vieux auteurs américains, a apprécié Flaubert, et a ses têtes de Turc (Oscar Wilde par exemple). Jusqu’à l’écriture de ses œuvres, corollaire des ateliers d’écriture auxquels il assistait (avant d’en dispenser). Quant au titre, la mystérieuse petite amie est celle qu’il a inventée pour justifier son désir de retourner à Exeter.

Pour conclure, un essai avant destiné aux passionnés de lutte plus qu’aux écrivains potentiels. Je ne m’attendais pas à la prépondérance de ce sport, sans compter les notes finales de l’auteur qui peuvent être zappées (il raconte comment il a notamment tenté de contacter ses anciennes connaissances).

Ce que Le Tigre a retenu

Alors, mes amis, comment devient-on écrivain ? Irving, qui connaît le Maine, évoque King et les paysages glauques à la base des romans d’horreur de ce dernier. Comme Stephen K., il y a le conseil d’écrire, encore et encore pour s’améliorer. A l’instar de la lutte, il y aurait un huitième de talent, sept de discipline. La discipline, en effet primordiale, nécessite une certaine routine à laquelle se raccrocher lors des périodes d’écriture. A noter, pour notre auteur, l’envie de « décompresser » par le sport qui fait office de soupape.

A relever également la croyance, chez Irving, qu’on ne peut écrire qu’au sujet de thèmes qu’on a vécus de plus ou moins près. L’expérience personnelle serait au centre du travail de l’écrivain qui ne pourrait bien rendre compte d’une histoire avec laquelle il est familier. Le Tigre comprend alors mieux l’excellent L’épopée du buveur d’eau, avec des descriptions de menus travaux du héros proches des petits boulots de l’auteur (cf. infra pour le lien).

La lutte dans l’Amérique des années 60 à 80. Les entraînements, compétitions, règles du fameux sport, etc., Irving ne nous épargne rien. Lui qui a toujours été « presque passable » dans ce domaine, l’épanouissement (et l’écriture de ses premiers romans) est venu avec la maturité (la trentaine en fait) : ainsi, les passages que j’ai préférés sont ceux pendant lesquels Irving est passé entraîneur (tout en luttant pour le plaisir), mais surtout son expérience en tant qu’arbitre dans des États où certaines règles ne paraissent pas totalement intégrées par les sportifs (quelques cas amusants).

Les amis et les souvenirs. La petite amie imaginaire ressemble à des mémoires dans la mesure où le texte, chronologique, est très personnel. En sus, beaucoup de personnes aimées d’Irving (un ami entraîneur, un prof,…) sont décédées depuis, bref ça sent le sapin sur la fin de l’ouvrage.

…à rapprocher de :

– Un éminent auteur qui se livre, c’est l’excellent Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, d’Haruki Murakami.

– Pour l’instant, Le Tigre a bouffé d’Irving sa Quatrième main et L’épopée du buveur d’eau. Joliment dit non ?

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.

3 réflexions au sujet de « John Irving – La petite amie imaginaire »

  1. Ping : John Irving – L’épopée du buveau d’eau | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : John Irving – La quatrième main | Quand le tigre lit

  3. Ping : Haruki Murakami – Autoportrait de l’auteur en coureur de fond | Quand le tigre lit

Laisser un commentaire