VO : The Curious Incident of the Dog in the Night-Time. Titre énigmatique pour une histoire très belle. Haddon, habitué des livres de jeunesse, est parvenu à écrire un roman humaniste par excellence, d’une beauté éloquente sur un sujet peu traité en littérature, l’autisme.
Il était une fois…
Christopher Boone n’est pas un enfant comme les autres. Atteint d’autisme, il est ne voit pas les choses comme le commun des mortels : il maîtrise comme un doctorant les mathématiques et d’autres thèmes scientifiques jugés abscons, mais tout ce qui a trait aux êtres humains lui est plus ou moins inconnu. N’ayant jamais dépassé la rue dans laquelle il vit, Christopher va se faire offense (et désobéir à son père) en enquêtant sur le meurtre du chien de Mme Wellington, une voisine.
Critique du Bizarre incident du chien pendant la nuit
Original comme tout, il y a peu d’équivalents littéraires en ce bas monde (pour l’instant). Le Tigre s’est plu dans cet œuvre qui par son universalité rencontrera des échos chez tout lecteur. L’immersion y est plus qu’intéressante, pour un scénario simple mais séduisant.
Écrit à la première personne, nous allons être dans la tête de Christopher, jeune autiste de quinze ans (syndrome d’Asperger en sus) qui va se dépasser pour une enquête banale en apparence mais terriblement importante pour lui. Car son état ne lui permet pas de se balader seul sans avoir de violentes crises de panique, et l’investigation qu’il décide de mener va l’introduire dans de nouvelles situations à même de bouleverser son train-train.
En effet, ce n’est pas tant l’histoire qui compte que la démarche résolument tournée vers l’extérieur du jeune héros. Un héros, en effet, car la logique de son esprit, mal adaptée à notre monde (composé de codes sociaux évidents mais pas tant que ça), peut faire des merveilles dans des domaines où n’importe qui serait vite largué.
Chapitrage court, vocabulaire accessible, nombreux dessins, les 350 pages se lisent à vitesse grand V. Pour conclure, le médecin et psychologue qui sommeille en nous peut passer un excellent moment, même si rien ne paraît permettre d’établir qu’un autiste pense comme décrit dans l’œuvre.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les livres pour enfants. Marc Haddon semble être à l’origine un écrivain à destination de la prime jeunesse. Pas étonnant quand on voit comment cet ouvrage est fait. D’une part, le style est plaisant et coule dans les mirettes. N’importe quel adolescent pourrait lire ce roman et y trouver du plaisir. D’autre part, les nombreux jeux et dessins qui émaillent l’ouvrage sont autant de sympathiques pauses qui parfois vont mobiliser les neurones du lecteur.
L’autisme. Bien sûr ce thème est au centre du roman, et Le Tigre ne fera pas l’insulte de vous entretenir doctement à ce sujet. Juste signaler que cet ouvrage n’est pas un corpus médical sur l’autisme, tout n’est que fiction découlant de l’imagination, certes débordante, de l’auteur. Whatever, il est toujours utile de savoir comment un cerveau différent fonctionne, par exemple calculer une multiplication en apparence extrêmement difficile, ou avoir des difficultés à distinguer les expressions humaines les plus triviales. Et surtout observer les comportement humains différemment.
…à rapprocher de :
– Des jeux dans un roman, mais bien plus glauques, c’est Béatrice et Virgile, de Yann Martel.
– Vu du côté des proches, ça donne Un garçon singulier, de Grimbert.
– Une personne considérée comme « limitée » narratrice d’un livre, il y a ONG ! de Iegor Gran.
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