Encycatpedia Vol.IX : mon chat a avalé une boulette de haschich

Le Tigre Editions, pas de pages.

L'encyclopédie des félinsLe Tigre, éternel l’ami des félins, sait traiter de sujets parfois honteux, sinon délicats à formuler. Dans ce volume de l’encyclopédie des chats, je vais tout simplement vous expliquer comment gérer un bad trip naissant chez votre animal de compagnie préféré. Et comme je ne suis guère bégueule, je vous laisserai le choix de la méthode (douce ou fun).

Qu’est-ce qu’une boulette de hashich ?

Hash’, shit, beuh, Le Tigre en a (un peu) rien à cirer de ce qui traînait sur votre table. Je n’ai pas imaginé ce blog pour vous juger, encore moins recevoir des échantillons gratuits de votre part. Pour la bonne tenue de cet article, il doit s’agir d’un objet plus ou moins illégal qui renferme du THC ou une substance un peu plus hallucinogène. Ni héro, ni meth (histoire du speed en lien) ou ses dérivés – j’en parlerai un autre jour.

Ce qui m’intéresse, dans ce post, est qu’à un moment votre petit artefact aussi illicite que bien dosé ne se trouve plus sur votre table/pochette de cd/miroir.

Puisque vous n’êtes pas encore totalement défoncé, vous remarquez que Bob (le nom de votre obèse matou) se pourlèche les babines, visiblement content de vous avoir fait perdre quelques euros. Et là, panique générale à bord de votre îlot de paradis – artificiel, tant qu’à filer la métaphore. Vous avez beau secouer Bobby, celui-ci est fermement décidé à garder dans son œsophage la précieuse boulette. Que faire ?

Avant d’attaquer la suite des hostilités, je vous demanderai de bien regarder par terre. On ne sait jamais, les félins sont suffisamment maladroits pour, d’une pichenette, amener l’objet convoité sur le tapis. Et, trop souvent, ces ramollos du bulbe ne parviennent pas à trouver celui-ci par terre.

Ce qu’il ne faut pas faire quand le chat mange du shit

La première idée susceptible de jaillir de votre esprit embrumé doit être absolument écartée. Ce sera une connerie. Le Tigre pense particulièrement au fait de vouloir fumer son chat. Hors de question, c’est une réflexion digne des délires du bouquin Substance Mort, de K. Dick. En procédant de la sorte, non seulement les poils de Bob vous causeront une insupportable toux, sans compter (pour paraphraser je ne sais plus qui) le bruit et l’odeur.

De même, prendre une pose de pseudo-bouddha et laisser, en toute mansuétude, agir la nature est à éviter. Notamment attendre qu’il chie ses boulettes et les récupérer. Ce serait faire montre d’une profonde méconnaissance de l’anatomie féline. Et oui, Bob va digérer l’intégralité de votre daube, et il ne restera plus grand chose de son principe actif. En outre, et sans donner de noms (ne t’inquiète pas Doc G.), j’en connais plus d’un qui s’est salement cramé le cerveau à rouler ce qui s’est avéré être les crottes sèches de son lapin.

Une troisième option doit être enfin proscrite : amener votre chaton chez le vétérinaire. Franchement, ce serait la chose la plus crétine à faire. Et de loin. Déjà, un véto est dans ce genre de cas aussi bienvenu qu’une tranche de bacon dans une mosquée. Ensuite, ou à moins que vous fumiez vos joints à des horaires de bureau, il y a un fort risque que le bon docteur soit fermé. Ou alors le déplacement vous coûtera bonbon. Enfin, il faut savoir que ces individus ont un petit bouton sous leur bureau (relié au commissariat) : en cas de patients suspects, ils appuient dessus et vous aurez rapidement la maréchaussée sur le dos – je ne plaisante pas, c’est pour éviter le pillage de leur stock de kétamine.

Comment réagir lorsque le minou a son trip

A mon sens, il n’existe que deux options. Celles-ci sont tellement opposées que n’importe quel propriétaire de félin pourra y trouver son bonheur. Les voici, et par ordre croissant de préférence.

Lui, c'est pas mon chat. Le mien est bien plus moche

Lui, c’est pas mon chat. Le mien est bien plus moche

Primo, la méthode douce. Vous compatissez pour votre petit animal et souhaitez rendre son trip le plus calme possible. Attention, je ne parle ni de musique douce, ni de croquettes gourmandes, et encore moins d’un massage thaï à amoureusement prodiguer. Ici, vous vous emploierez à donner à Bob un environnement tout ce qu’il y a de plus neutre, et ce afin d’atténuer les effets du THC.

C’est assez simple en fait. Il suffit de placer votre animal dans un espace fermé et le plus sombre possible. Loin du bruit et de l’agitation ambiante, avec une gamelle de flotte et un peu de bouffe à portée – on connaît tous les effets du shit. Le but, vous l’aurez compris, est de minimiser les stimuli extérieurs susceptibles de perturber la pauvre bête. Tout devrait correctement se passer, en théorie Bob ne remarquera même pas qu’il plane.

Néanmoins, et si vous entendez le minou formuler quelques miaulements plaintifs, n’hésitez pas à le rejoindre pour s’occuper de son cas : voie douce, légères caresses au bas de l’échine, mettez-le en confiance et racontez-lui vos plus terribles bad trips – ça l’aidera sûrement à relativiser. S’il vomit sur vous, félicitez-le.

Voilà pour la première méthode. En ce qui me concerne, c’est celle des grosses célibataires abreuvées de kawaï. De foutues irresponsables qui ne voient pas l’opportunité qui peuvent s’offrir à elles.

Secundo, la méthode scientifique. Vous compatissez à peine pour votre petit animal et souhaitez rendre son trip le plus instructif possible – pour vous. Il est temps de se pencher sur les limites psychologiques de Bob, histoire de savoir à quel point lui retourner le cerveau est possible. A cet effet, préparons ensemble les conditions nécessaires à ce que les Humains appellent, trivialement, une rave party doublée d’un gang-bang psychique. Faites vite, parce que vu l’organisme de l’animal, les premiers effets se manifestent un quart d’heure après ingestion.

Voici quelques manipulations que vous pourriez alors mettre en place, en plus d’en imaginer de nouvelles :
1/ Musique tek-hardcore, le genre de trucs inécoutables (personnellement, j’adore me faire un Manu Le Malin au petit déj’) qui accusent plus de 200 battements par minute.
2/ jeu de lumières digne d’une convention d’un parti conservateur européen qui se fait surfacturer par ses prestataires. A mon sens, les effets stroboscopiques sont particulièrement opportuns.
3/ Interventions surprises sur les autres sens du chat, notamment en le secouant vigoureusement. Le faire danser par exemple. Ou, encore mieux, le placer dans un endroit inconnu de lui – aucune repère donc, imaginez le stress pour lui.
4/ Intempérance totale de l’environnement du chaton, c’est-à-dire modifications subites de son univers. Il ne sert à rien de foutre de la zik’ comme un sauvage en mode seventies.  Alterner entre calme et violence, lumière et obscurité totale, bref tout et son contraire doivent se succéder à une cadence impitoyablement erratique.
5/…

Avec ça, les effets de la drogue vont être salement amplifiés, et il n’est pas à exclure de transformer son Bobby en un être qui ne saura jamais retrouver son état normal. Avec un peu de chance, vous aurez chez vous un félin berserk autant incontrôlable que surprenant. De quoi avoir un aperçu de ce qu’une exposition prolongée à ces substances pourrait éventuellement vous faire – même si la faculté se fout encore sur la gueule à ce sujet.

Vous aurez vite compris que Le Tigre vous suggère cette dernière méthode. Autant avoir un être d’exception à ses côtés, et il n’y a rien de mieux qu’un chat un peu fou-fou pour égayer ses longues soirées d’hiver.

Conclusion du chat-drogué

Pour ceux qui veulent connaître l’explication du numéro du billet, c’est relativement simple : le Δ-9-tétrahydrocannabinol (ou THC) est le principe actif du haschich, voilà pour le 9.

Le Tigre est un animal sain et ne touche jamais de ces choses-là. En revanche, j’ai beau laisser traîner quelques buvards de LSD (faits maison) près de la gamelle de mon Bobby, il les boude. Cela fout régulièrement en l’air mes nobles projets d’expérience, je ne vous cache pas que je suis colère.

Enfin, s’il vous venait à suivre quelques uns de mes conseils, j’attends vos photos – mieux, des vidéos.

9 réflexions au sujet de « Encycatpedia Vol.IX : mon chat a avalé une boulette de haschich »

  1. Merci pour ce moment Mr le tigre. Jeune propriétaire d’un futur Bob, je cherchais une raison de ne pas laisser trainer mes boulettes et vous ne me l’avez pas donné. Par contre vous avez refait ma soirée!

  2. Cher Monsieur Tigre, je trouve votre plume fort amusante, et les réponse aux commentaire fort bien capilotractrée !
    Cependant mon chat a mangé une tête environ 3 grammes et il a tout juste trois mois .. Je ne sais que faire,elle est molle, elle réagit pas, elle a fait un caca tout vert, mais elle n’a pas vomi.. Et, FOUTRE ! Ce qu’elle bouffe quand je la porte devant sa gammelle elle ne s’arrête pas.. Elle n’a plus de réflexes et dort constamment.. Pourriez vous m’aider ?

    • Vous me dites que cela dure depuis plus de trois mois ? A part la vieillesse, je pense que quelques molécules de THC sont encore stockées dans sa graisse. Il faut la faire maigrir de force (au risque d’avoir quelques passages à vide), puis une fois purgée la laisser reprendre son poids de combat.
      J’envoie la note d’honoraire à quelle adresse ?
      Amitiés félines.

  3. Ping : Encycatpedia Vol.XX : pourquoi les chats n’aiment pas l’eau ? | Quand Le Tigre Lit

  4. Cher Tigre, malgré le fait que vous ne traitiez que peu les canidés j’aimerais obtenir des conseils pour faire face à la situation suivante : Mon chien a mangé un space cake. Merci d’avance !

    • Cher Raph,
      Mon PhD ne portait que sur les félidae, et dans mon département nous ne portions pas vraiment les canidés en haute estime. Aussi mon conseil, qui serait de laisser le chien crever la gueule ouverte, n’est pas approprié. Tigresques salutations, et désolé.

Laisser un commentaire