Moynihan & Soderlind – Black metal satanique

Camion Blanc, 530 pages.

Moynihan & Soderlind - Black metal sataniqueVO : Lord of Chaos: The Bloody Rise Of Satanic Metal Underground. Ouvrage qui interpelle par son titre et l’image de couverture, Le Tigre en quête de sombre littérature a été servi. Mêlant musique métal, satanisme et meurtres sordides, j’ai découvert tout un environnement. Nombreuses images, et références, une grosse friandise.

De quoi parle Black metal satanique, et comment ?

Les Seigneurs du chaos, c’est une petite balade dans le monde très nordique de ce qu’on appelle le « black metal satanique ». Pour plus de 500 pages, cet ouvrage s’adresse avant tout aux fins connaisseurs ou curieux extrêmes comme Le Tigre. Traduction d’un ouvrage qu’on nous vend comme « culte », l’avantage de ce document en français est qu’il s’agit d’une nouvelle édition enrichie de nouveaux témoignages et photographies.

Black metal, c’est un sous-genre du metal, musique assez bruyante mais ne manquant pas de mélodie (je pense notamment à Nightwish). Le lecteur va suivre les débuts, puis succès de grands groupes comme Burzum, Emperor ou Mayhem. Querelles de personnes, éditions et publications de leurs albums, comment l’inspiration vient,…

Satanisme car les auteurs vont également s’attacher à suivre les dérives de certains membres de ces groupes, entre anti-christianisme virulent à postures néo-nazies (à mon sens on peut retirer le « néo », plutôt des nazillons). Derrière ces douces idéologies, il y a des actes d’une violence inouïe : incendies d’églises, agressions, meurtres.

Le style, journalistique, ne pose pas de problème particulier. On pourra peut-être (à la limite hein) leur reprocher, en traitant ce sujet, de se concentrer excessivement sur les criminelles facéties du leadeur de Burzum qui jusqu’à la fin des années 2000 croupissait en prison. Car le black metal, c’est de la musique ; toutefois dès qu’on rajoute « satanique », les auteurs semblent pouvoir se permettre de faire une fixation (près de la moitié de l’essai) sur un personnage en particulier. Pas inintéressant certes, mais un peu réducteur.

Ce que Le Tigre a retenu

Le Tigre a avant tout retenu l’histoire d’une bande de tarés sélectionnée par les auteurs. Varg Vikernes surtout, du groupe Burzum. Ce très « paganiste » extrémiste a quand même tué le leader d’un groupe concurrent, Aarseth, ce dernier d’ailleurs aurait cuisiné une partie de la cervelle d’un de ses amis qui s’était suicidé. Rien de moins. C’est édifiant et aussi navrant : les photographies de Virkernes et ses acolytes (un choix de mot judicieux), tee-shirts à l’effigie du metal satanique, signes des cornes (différent du signe de la bête, rien à voir). Le tout ça pris de leurs cellules de prison, ce n’est pas vraiment à leur avantage…

Le nord de l’Europe, qui semble propice à un tel sujet. Avant même de parler de musique, les auteurs nous offrent quelques images du paysage du nord de la Norvège, et celles utilisées dans les pochettes d’albums des groupes cités : grandes plaines stériles dignes de figurer dans le Seigneur des Anneaux, on ne serait pas étonné d’y voir débarquer une horde de banshees passant à très basse altitude. Il semble alors compréhensible que cette topologie relativement onirique (rappelant l’âge d’or Viking ?) sur laquelle s’appuient nos artistes peut leur monter à la tête. Et avoir des considérations et idées qui tranchent nettement avec la culture de tolérance de la social-démocratie nordique.

Le satanisme. Tout au long des pages Le Tigre en a appris pas mal sur cette idéologie. Déjà il faut se dire que le terme est sans doute mal choisi, parce que les croyances de nos métalleux ne vont pas à l’encontre du christianisme. Celles-ci exposent simplement le retour à l’état pré chrétien, c’est à dire le paganisme fait de mythologies germano nordiques toutes plus épiques les unes que les autres. Le satanisme, c’est l’idéologie de Satan comme principe du mal, certes associé aux anciennes croyances ; alors que le paganisme, c’est juste la réfutation de 2 000 ans de christianisme allant à l’encontre de la violence, de l’héroïsme et des nombreux dieux des mythes d’autrefois.

à rapprocher de :

– Les écrits d’Anton LaVey, certains étant publiés chez le même éditeur. La Bible Satanique par exemple. Bof.

– Si le satanisme vous intéresse plus en général (mais que vous aimez bien la musique) , il y a L’essor de Lucifer, de Baddeley. Trop long à mon gout.

– Si vous souhaitez en savoir plus sur l’aspect musical seul, allez donc lire Anthropologie du metal extrême, chez le même éditeur.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver en ligne ici. Ou via le site de l’éditeur.

12 réflexions au sujet de « Moynihan & Soderlind – Black metal satanique »

  1. Ping : Anton LaVey – La Bible satanique | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Jean-Paul Bourre – Sexe, sang et rock ‘n’ roll | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Gavin Baddeley – L’essor de Lucifer | Quand Le Tigre Lit

  4. Nightwish… groupe mélodique de black metal!!
    C’est une erreur de syntaxe non? Ce groupe ne s’approche ni musicalement, ni dans l’esprit du black metal.
    Ce livre ne traite que d’un mouvement « musical » ultra localisé, aussi bien dans le temps que dans l’espace. Cette scène fut très réduite et compta peu d’acteurs (Notamment Varg) et l’approche des auteurs n’est pas réductrice comme tu le dis, elle couvre bien ce mouvement bien précis.
    Le black métal en tant que style musical est dans cet ouvrage finalement peu traité (car ce n’est en effet pas le sujet du livre – le titre est trompeur je l’avoue).
    Ce style musical est maintenant bien développé avec des sous-styles particuliers.

    • Erreur de syntaxe, non. Je parlais du metal en général, et non pas du black metal qui est un genre que je ne maîtrise pas du tout.
      Et cet essai est relativement réducteur à mon sens dans la mesure où cela traite d’un sujet très précis, et se cantonner à la musique essentiellement n’était pas le but des auteurs. Mais il leur fallait bien une approche, voire un titre aguicheur.
      Comme tu le dis, l’ouvrage traite en effet peu du style musical (c’est pour cela que je l’ai lu), et quitte à aller plus loin, le terme « satanique » est aussi trompeur. Il est plutôt question de paganisme mâtiné de croyances scandinaves.
      Ravi en tout cas de discuter avec des personnes bien mieux au fait que Le Tigre sur ce genre.

      • Je ne qualifierais pas cet essai de réducteur.
        J’ai l’impression que tu t’es laissé fourvoyer par le titre.
        Ce livre est plutôt LE livre qui traite de la naissance du black metal satanique, style musical qui tire son origine d’un groupuscule de fanatiques psychopathes qui brula des églises au nom d’un paganisme arien.
        Le style musical en question s’est depuis bien diversifié et bien éloigné de son origine mais le paganisme et/ou le satanisme (soit en tant que philosophie, soit en tant que mouvance anti-chretienté) soient souvent présents.
        Dans ce sens, le titre du lire est justifié mais il s’adresse plutôt à un public qui connait déjà bien le style. Enfin, c’est là mon avis.

      • Ma connaissance du black-metal étant plus que limitée, s’attaquer à cet essai (qui traite d’un sous-genre) m’a surtout intéressé pour l’aspect sociologique (et moins musical il est vrai).
        Je n’entre donc pas dans ta définition de public qui connaît bien le style, si tu regardes d’autres billets tu verras que c’est souvent le cas.
        Merci pour tes précisions sinon.

  5. Ouais, vous oubliez de dire que ces white trash scandinaves sont affiliés aux néo nazis locaux. Le Varg Mécouillass ainsi que Marduk, ce groupe de gogol métal avec son disque « panzerdivision ».

    Le temps est loin où le hard rock était une musique de contestation, et faisait peur aux bien pensants (en 1982, l’émission « psy show » si je me rappelle bien, et les « mothers of prevention » aux statès quelques années plus tard.
    Le metal est bien devenu une musique de sous quotients intellectuels bons pour faire chair à canon dans les futures guerres de l’occident pourrissant (cf Metallica, archétypes de gros beauffiots yankees fachos)

    Le seul vrai et grand groupe de death metal, et génies nettement au dessus du lot, étaient les tous premiers, VENOM, groupe anglais.

    • Merci pour votre aide, Aleister (j’ai beaucoup aimé votre livre de la loi:). Je ne sais pas pour l’affiliation aux groupes nazis locaux, il faut que je voie si les auteurs en parlent. Et entre hard rock et metal (Metallica est trop mainstream à mon sens), il y a en effet un monde. Pour ma part, je reste plutôt du côté de l’opera, comme Nightwish.

    • Heu les metalleux ne se résument pas a de black-metalleux satanistes et a des rednecks trasheux…

      J’avais envie de dire « quand on ne connait pas, on ne crache pas », mais vu les références ça n’a pas l’air d’être de l’inculture.

      Pourquoi tant de haine ?

      • 1/ Il s’agit d’un essai, et ce billet s’est limité à son contenu (qui est assez imposant) sur le BMS. Ça ne parle en aucun cas des metalleux en général, seulement de quelques membres. Ils auraient pu être des adorateurs de Sarkozy, je les aurai aussi qualifiés de Sarkozystes à un moment.

        2/ Attention, je suis un inculte concernant le genre musical « black metal », toutefois j’ai beau retourner mon billet dans tous les sens je n’y vois aucune haine. Pas mon genre.

        J’ai essayé de parler d’un titre dont on parle peu pour que la majorité sait de quoi il retourne, et concernant certaines remarques plus pointues il y a un autre essai du même éditeur qui répondrais bien mieux que Le Tigre.

        Quoiqu’il en soit, merci de m’avoir laissé le doute du cultivé 🙂

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