Encycatpedia Vol.III : nourrir son chat en étant absent

Le Tigre Editions, pas de pages.

EncycatpediaCeci n’est pas un billet sur la manière de partir aux Seychelles tout en laissant son chat chez soi, attention. Ici, Le Tigre va parler d’une divine technique pour faire en sorte que son animal de compagnie ait à manger pour quelques jours. Il y a d’autres moyens certes, mais aucun n’a la classe et respecte autant les traditions que le mien. Mon véto la recommande à tous, c’est dire.

La chasse aux trésors du Tigre

Cet article ne s’adresse qu’aux dyonisaques accomplis fermement décidés à partir quelques jours sans avoir à trimbaler Louloute – le nom que je donnerai à votre chat qui restera dans votre F3 de banlieue pendant que vous irez entretenir votre cancer de la peau.

Ici, je compte seulement expliquer comment gérer la partie « nourriture » de votre absence. La problématique est la suivante : vous filez à l’anglaise le long d’un long weekend, et aimerez que Louloute ait à bouffer pendant ce laps de temps. Pour cela, il peut être intéressant de faire en sorte qu’elle mérite sa maigre pitance – sans avoir à laisser la TV allumée ni poser une colonie de souris chez vous. Et, la réponse, comme par miracle, m’est venue d’une expérience personnelle que je renouvelle chaque année. Laissez moi vous raconter une histoire :

Tel un félidé, je suis un être exagérément solitaire. Lire un maximum de livres est à ce prix, et je n’ose calculer le nombre de fois que j’ai prétexté une grippe pour ne pas aller rejoindre des potes dans une partouze – ils ont tous la syphilis depuis, j’ai une autre bonne raison de les éviter dorénavant. Et tout ça pour pondre des chroniques, pour toi cher lecteur. A part ma tigresse et ce qu’il reste de ma famille, j’ai très peu d’invitations pour célébrer les fêtes chrétiennes. Dont Pâques.

Concernant cette dernière fête, c’est délicat de se faire plaisir tout seul. Cette foutue coutume au cours de laquelle il faut chercher une pétée de chocolats chèrement achetés, franchement ça me gave autant que la Saint Valentin – je parlerai dans un autre billet de la façon de fêter la St Val’ avec votre chat. Heureusement, mon cerveau néo schizophrène a rapidement trouvé comment passer un aussi bon moment que lorsque j’étais tout petiot. Cela tient en deux étapes.

Premièrement, je me procure les œufs de Pâques avant l’heure. A l’instar du prix du foie gras trois semaines avant Noël, celui du cacao est doublé vers avril. Une honte. C’est pourquoi j’achète mes saloperies bien sucrées tout au long de l’année, et les laisse dans un tiroir que je n’utilise guère (et au frais, bien évidemment). Il est difficile de respecter une telle double discipline : 1/ acheter régulièrement des chocolats et 2/ ne pas bouffer les kinder bueno après un footing ou lors d’une crise d’hypoglycémie.

Le deuxièmement survient lors de la veille de Pâques. En principe, tout le monde fait péter le weekend en famille. Sauf Le Tigre dont les sœurs-panthères et parents-lynx n’ont pas droit de sortir de leurs zoos. Je suis donc seul. Et se retrouver ainsi comme un con avec un placard rempli de bonbecs est incommodant, sans compter que je n’en ai distribué aucun pendant Halloween. Voilà donc comment se déroule le samedi chez Le Tigre, d’après les derniers journaux de bord qui n’ont pas été inondés par mon vomi :

-20h. J’ouvre le premier magnum de Veuve-Cliquot pendant le journal télévisé. La hiérarchie de délivrance des informations par mes contemporains me contraint à boire le breuvage au goulot. Ça commence bien.
-21h. Deuxième litre et demi de roteux sur le point d’être fini. Deux minutes à zapper me suffisent à comprendre qu’il n’y aura rien d’intéressant à la télé. Je ressors alors la saga Emmanuelle que j’ai en VHS.
-22h. Je dragouille cette salope de Reuilly qui me fait de l’œil depuis un mois. La bouteille roule du derche depuis trop longtemps, il est temps de lui montrer qui est Raoul.
-23h. J’attaque le gros œuvre et déniche un vieux Get 27 que mon chat n’a pas fini. Je profite d’un état d’exaltation intellectuelle pour rédiger une nouvelle – qui s’avérera, le lendemain, parfaitement nulle.
-00h. Là, je commence à être chaud. Et encore conscient de ce que je fais. Trois actions s’imposent alors. D’abord, avaler quelques décontractants musculaires pour faire passer ma crampe au doigt – écrire est éprouvant. Ensuite, sortir le tiroir où les chocolats sont entreposés et le placer sur mon pieux. Enfin, il est temps de dire à mon ex, par sms, ce que je pense d’elle. Cette petite coureuse de remparts ne répond pas, je lui lâche alors un mail auquel je joins ma dernière production littéraire – celle de 23h, que j’avais cru bien corriger depuis.
-01h. Mon chat s’est planqué sur le toit, la feuille de rose que j’ai tenté de lui faire avec ma brosse à dents électrique ne lui a visiblement pas plu. Faut que je me lave les dents d’ailleurs avant de me pioncer. Puis dodo. Merde, c’est quoi ces trucs sur mon lit ?
-02h. Blackout.

Le lendemain est tout bonnement divin. Mis à part la gueule de bois carabinée, l’avertissement du commissariat, le message du proprio furieux et la main courante déposée par Sophie (une ex dont je n’avais plus de nouvelles depuis cinq ans pourtant), il n’y a plus d’œufs de Pâques sur mon lit. Et oui, je n’ai AUCUN souvenir des endroits où je les ai cachés.

Je passe donc mon dimanche à les chercher, comme dans ma tendre jeunesse. Sachant qu’on commet de belles conneries étant ivre, c’est également par crainte que je m’active pour en trouver le plus possible.

Jouer à Pâques avec son chat

Vous l’avez saisi, l’histoire que je vous ai contée est parfaitement applicable à votre Louloute. Il suffit de simplement cacher une quantité satisfaisante de croquettes le temps de votre absence. Entourez-les de papier d’aluminium (avec des trous pour qu’elle sente le fumet) ; planquez-les sous votre lit (le chat qui y passera nettoiera la poussière en sus) ; dispersez-les dans d’improbables recoins, merde faites comme vous le sentez.

Après quelques heures de disette, votre Louloutte se sortira les griffes du cul pour chercher sa bouffe. La nature reprendra alors ses droits. Du challenge, de la chasse, un peu de curiosité piquée, voilà pourquoi je préfère cacher ses croquettes light plutôt qu’investir dans un distributeur automatique pour roi félin fainéant.

Au-delà de la bouffe, il convient de respecter deux ou trois autre règles de logistique. Sinon, votre appart’ risque de ressembler à une baraque après un Projet X et une Opération Pélican réunis. Pour ma part, je prépare deux litières, quelques bols d’eau et ferme les portes où je n’aimerais pas que ma Louloute chie. Quand je suis de bonne humeur, j’accroche même quelques bouchons à des ficelles suspendues au plafond. Ça la rend dingue.

Conclusion pascalissime

Vous devez vous demander combien de temps cette délicieuse technique peut fonctionner. Pour cela, je vous renvoie au numéro de ce volume de l’Encycatpedia. Au-delà de trois jours, Louloute fera gravement la gueule.

A votre avis, pourquoi le petit Jésus a ressuscité au bout de 72h ? C’était pour nourrir ses chapôtres.

Sur ce jeu de mots de forain, je m’en vais manger un père noël en chocolat. A vu de nez, celui-ci date de Noël 2012.

3 réflexions au sujet de « Encycatpedia Vol.III : nourrir son chat en étant absent »

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