DodécaTora, Chap.RG : 12 Tintin à sauver d’un incendie

Le Tigre Editions, pas de pages.

DodécaTora« Almighty Tiger, j’ai un aveu à te faire. J’ai produit la plus belle bouse d’adaptation cinématographique depuis les Batman de Schumacher des années 90. En même temps, avec votre héros frenchy totally asexué, je n’avais aucune envie de lire ses albums. Tu pourrais me signaler la dizaine que je ne dois pas rater ? Cheers mate. Steven S. »

Douze mille milliards de mille sabords

Georges Prosper Remi (Hergé dès les années 20, c’est plus simple à retenir) était un auteur de bandes dessinées qui a eu son petit succès grâce à un certain reporter et son chien blanc qui parle. D’autres vont venir se greffer à l’aventure, et au final c’est une bonne vingtaine de tomes qui sont sortis. Et que tout enfant a vu au moins un lui passer sous les doigts. Tigre fut aussi un enfant, quels sont ceux qu’il affectionne particulièrement ?

On a tous lus au moins un album au cours de sa jeunesse et, selon les conditions de lecture, certains opus s’impriment plus que d’autres dans nos souvenirs. En outre, il faut en convenir, quasiment tous les Tintins sont excellents. Difficile d’en écarter certains, le modeste choix du Tigre fut un réel déchirement. C’est aussi pour cela que je ne le changerai pas d’un iota.

Enfin, sélectionner douze albums, c’est en peu en virer la moitié. Comme si je prenais une pièce et tirais à pile ou face en parcourant la tranche de chaque BD, avouez que ça ne fait pas trop « les meilleurs des meilleurs » (version M.I.B.). Aussi, les premier et douzième n’entrent pas vraiment dans le catalogue tintinesque. On tombe donc à dix, ce qui fait plus « élitiste ».

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Tintin au pays des Soviets

L’ébauche de ce que sera le célèbre reporter m’a plutôt ému dans la mesure où on connaît par cœur les 22 histoires du héros. Et ce n’est tardivement que j’ai découvert ce court album grossièrement dessiné et sans couleur. Les méchants idiots et sales, la petite pointe d’anticommunisme presque primaire, c’est bonheur. Tigre ne cesse d’invoquer ce titre lors de longs débats avec des gauchistes à barbes.

2/ Les Bijoux de la Castafiore

L’auteur se joue de nous sans cesse ici. Pas d’aventure, on ne bouge pas son cul du château et appeler un pauvre marbrier semble être la mission la plus délicate rencontrée par nos héros. C’est reposant en fait, et Hergé démontre comment de simples turpitudes quotidiennes peuvent être montées en mayo pour faire un belle aventure. Non, blague à part, si c’est mon préféré c’est qu’il y a enfin du sexe à Moulinsart ! Enfin je l’avais vécu de la sorte, avec l’obèse rossignol milanais qui est suspectée de sortir avec le vieux capitaine.

3/ Vol 714 pour Sydney

Un de mes préférés dans la mesure où sur la fin Hergé sort de ses gonds et introduit quelques E.T. dans l’aventure. Et puis la description du milliardaire aigri et insupportable est plus vraie que nature, une pure réjouissance. Comme si l’auteur pressentait que ça allait être un de ces derniers albums, le vilain Rastapopoulos se couvre définitivement de ridicule. Parce que j’ai lu Vol 714 parmi les premiers, j’ai toujours eu de l’affection pour ce dernier individu.

4/ Les Sept Boules de cristal

Première partie d’une dilogie qui emmènera le lecteur très loin, en fait si je l’ai sélectionnée c’est pour une unique raison : cette histoire d’Inca passablement momifié, au corps sec et aux yeux noirs, et qui vient dans ta chambre avec une boule qui te fera avoir de mystérieuses crises de sommeil,…on n’a pas idée de faire lire ça à un gamin de 5 ans. Même quand on ne sait pas lire, les images suffisent à provoquer des cauchemars.

5/ Tintin au Tibet

Un des albums les plus abouti, le plus complet en quelque sorte. Des illustrations de rêves grâce aux oniriques décors, un scénario touchant, un gentil abominable homme des neiges, des lamas qui lévitent, bref on se laisse transporter. Et ça conforte la théorie du prochain paragraphe.

6/ Le Lotus bleu

La suite des Cigares du Pharaon (que j’ai également mis dans le lot) est particulièrement appréciée du félin qui est, comme vous le savez, immensément porté sur le continent asiatique. Et sur la politique, avec en toile sur de fond le conflit sino-japonais mâtiné de guerre bactériologique (j’exagère certes en évoquant le poison). Mais surtout, la rencontre avec Tchang prend, au fil des décennies, la tournure toujours plus vive d’un ancien ministre visitant Bangkok – si ça vous parle.

7/ On a marché sur la Lune

Rien que l’aspect SF et la maîtrise du sujet et des grandes problématiques d’un tel voyage, chapeau ! Et des années avant que les States ne le fassent réellement. Enfin, applaudissons le design très racé de la fameuse fusée, les ayants droits récoltant quotidiennement les royalties grâce à elle.

8/ L’Ile Noire

L’organisation secrète, les jeux de lumières dans le petit jardin de l’ignoble Müller, une île hantée par un gorille plus Didi Kong que King Kong, tout ce bordel pour de simples faux biffetons. Fallait y penser. Avec le nom très germanique du méchant et le scénar’ qui se déroule au Royaume-Uni, je ne peux m’empêcher de penser au film Les Faussaires, où les Nazis tentaient de reproduire, avec des prisonniers de camps, la Livre puis le Dollar.

9/ Le Trésor de Rackham le Rouge

Un que Tigre adore lire dans la mesure où il est manquant de ma bibliothèque. Alors à chaque fois que je le parcours, c’est comme si je redécouvre la suite du Secret de la Licorne : un oldschool pirate, des voyages en veux-tu en-voilà, le truc avec le méridien de Greenwich qu’à 10 piges on ne peut comprendre, le scaphandre, les fonds marins admirablement rendus, ça en jette dans l’ensemble.

10/ Les Cigares du Pharaon

Même remarque que dans Les sept boules de cristal, pour la « terreur ». Ce fakir doux-dingue qui fait dresser une corde de la sorte pour te trucider en douce, c’est mieux que le viagra. Et ses méthodes d’hypnose, c’est le GHB du pauvre ! En outre, il arrive au Tigre de bruyamment ricaner face à la société secrète qui est à mi-chemin entre un Ku-Klux Klan de province (les déguisements) et un Rotary Club de banlieue parisienne (les participants).

11/ L’Étoile mystérieuse

Un album que j’ai toujours vu comme différent, un peu déjanté. Surtout le début, avec cette apocalypse qui se prépare doucement dans les rues au bitume fondant de Bruxelles. Sans compter cette équipe de bras cassés qu’on envoie récupérer une météorite qui fait tout grossir (la maîtrise du trait sur les insectes est impressionnante). Donc, une poignée de chercheurs avec un reporter. Même pas une escadre militaire pour les aider. Ravitaillement dans un port civil. Délicieusement improbable.

12/ Tintin en Thaïlande

Tigre adore terminer sur une très vaseuse plaisanterie. Notamment cet opus, qui m’a laissé un incurable sourire aux lèvres deux heures après lecture. D’autre versions érotico-comico-soft des aventures du blondinet à la très phallique houpette existent, je le sais (exemple de Titain et Piloux), et je les achèterai bien si ceux qui gèrent l’image de ‘Tin n’étaient pas si prudes. Impossible donc de mettre la main dessus, de toute façon l’intégralité de l’Echo des Savanes de 1977 à 1994 me suffit.

…mais aussi :

Le problème (ou l’avantage, je ne me prononce pas), avec la BD franco belge et en particulier la société Moulinsart qui gère les droits d’auteur, c’est que les adaptations sont plutôt rares et le terme « reboot » leur est inconnu. Rien à voir avec les héros des comics américains.

– Du coup, je ne vois que comme adaptation réellement valable la série animée (celle de 1992) qui a m’a tenu la main pendant mon enfance. Rien que la musique du générique, jeune Tigre feulait de plaisir.

– Quant aux jeux vidéos relatifs à l’univers d’Hergé, j’ai (comme beaucoup) chialé de rage face à la difficulté de Tintin au Tibet, sorti sur SuperNes. Enfin, chialé est un grand mot, je squattais chez un ami et après 6 minutes de ce traitement on retournait rapidement vers Street Fighter II ou NBA Jam.

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