Barry Eisler – La chute de John R.

Pocket, 391 pages.

Barry Eisler - La chute de John R.VO : Rain Fall [notez le subtil jeu de mot dont nous agrémente l’auteur, impossible à suivre dans la traduction]. Premier opus d’une série noire à suspense de qualité, bienvenue dans le Japon contemporain vu par un Tokyoïte tueur à gages. Action, réflexion, immersion, tout y est.

Il était une fois…

John Rain est un tueur à gages qui sévit à Tokyo. Sa spécialité, ce sont les assassinats qu’il fait passer pour des morts naturelles. Acceptant toute mission du moment qu’on paye, Rain garde quelques principes (ni femmes ni enfants par exemple). Une de ses affaires consiste à s’occuper d’un fonctionnaire du gouvernement, il ne s’attendait pas à foutre un tel bordel. Si en plus il fait la rencontre d’une proche de la victime, Midori, jeune pianiste de jazz plutôt bonasse, alors c’est bien mal parti…

Critique de La chute de John R.

Pour un premier contact avec le héros John Rain, il faut concéder que l’auteur a fait très fort. Le Tigre a peu de mal à croire la biographie de Barry Eisler, personnage pas vilain du tout qui a opéré au sein de la CIA. Rien que ça. D’où le réalisme et les détails d’une surprenante crédibilité dans ce roman.

Allons donc à Tokyo où on fait la connaissance de John, hitman de talent porté sur la belle musique et les meilleurs whiskies du pays. Notre individu, qui mène son petit bout de chemin, est hélas pour la première fois confronté à des difficultés de taille : une « commande » qui s’avère avoir des conséquences inattendues et une jolie jeune femme qui ne le laisse pas indifférent. En effet, en tuant Yasuhiro Kawamura, deux individus (que John connaît d’une ancienne vie) s’intéressent particulièrement à Rain puisque la victime possédait certains documents compromettants.

L’écrivain a réussi à produire un roman qui n’est ni policier, ni d’espionnage, ni un techno-thriller. Plutôt l’histoire d’un homme, avec ses forces et faiblesses, qui seul semble lutter contre tous. Distillées à un rythme haletant (chapitres très courts aidant), les péripéties s’enchaînent et en à peine trois heures c’est déjà fini. Rythme éfréné certes, mais les descriptions de la ville et des actes du protagoniste principal restent riches et permettent au lecteur de développer de l’empathie vis-à-vis de ce dernier.

Pour conclure, une magnifique surprise concoctée par un libraire local spécialiste du genre. Même si le genre qui est abordé ne vous semble pas être votre came, il faut au moins tenter La chute de John R., il y a suffisamment d’ingrédients (action, romance, immersion, etc.) différents pour seoir à toutes les catégories de lecteurs.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le héros introduit par Eisler. Comme je le disais, on se prend vite à aimer le personnage malgré son peu reluisant métier. D’une part, notre tueur a quelques limites qu’il ne franchit au grand jamais. Pas un vrai salopard donc. D’autre part, son passé montre un homme bon qui n’a pas vécu des choses faciles (guerre du Viet-Nam notamment) et a su garder la tête sur les épaules. Le résultat est un esthète du crime parfait, sorte de samurai (mais sans Shogun) des temps modernes qui ne crache cependant pas sur de très charnels plaisirs : alcool de qualité en écoutant du jazz dans un bar sélect ou sentiments appuyés à l’encontre d’une jolie femme.

Mi-américain mi-japonais, John Rain est un modèle de parfait opérationnel d’un service action d’une agence de renseignement. Parce qu’aux prises de la CIA et des flics, le héros fait montre d’ingéniosité qui découle de réflexes de survie pour ce genre de métier. Guerre urbaine, technologies utilisées pour se protéger, paranoïa omniprésente, on sent l’auteur qui en connaît un rayon dans le domaine de l’espionnage. Si vous rajoutez des combats au corps à corps parfaitement intelligibles malgré l’utilisation de termes d’aïkido ou de karaté (ou judo ?), que demander de plus ?

…à rapprocher de :

– La saga se poursuit sur pas mal de titres : Tokyo Blues, Macao Blues, Le dernier assassin,…

– Dans le noble art de « l’urban war », il y a Les enquêtes de Joe Kurtz de Dan Simmons. Les combats en moins. Ou avec plus d’armes à feu.

– Le Japon, une tueuse à gages un peu plus stricte, c’est aussi la trilogie 1Q84, de Murakami.

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3 réflexions au sujet de « Barry Eisler – La chute de John R. »

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