Carey & Jock – Faker

Panini Comics, 140 pages.

Carey & Jock - FakerSous-titre : Rêves angéliques. VO : idem. C’est avec ferveur que Le Tigre s’était procuré cet ouvrage qui promettait du lourd dans le monde des one-shots. Paranoïa, faux semblants, produits hallucinogènes d’une inquiétante puissance, le tout a été hélas mélangé sans grand talent. Pas mauvaise comme BD (dessin correct), mais mieux n’aurait pas ici été l’ennemi du bien.

Il était une fois…

Le quatrième de couverture est d’une longueur indécente par rapport aux 150 pages (moins !) de ce roman graphique / comics. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une bande de potes étudiants dans le Minnesota (à Saint-Cloud, pour être plus précis) vont se faire une petite soirée qui tourne bien mal : tous vomissent après avoir pris un verre dans lequel quelque chose de particulier a été versé. Et nos amis (qui vivent dans la même colloc’) voient leur ami commun Nick Philo passer pour un parfait inconnu dans l’université (et la ville). Personne, au-delà des protagonistes principaux, ne se souvient de lui. Il s’ensuit, dans le froid du Minnesota, une quête pour découvrir la vérité. Quelque chose de bien plus terrible qu’ils n’imaginent et va les mener au-delà de la conscience humaine…

Critique de Faker

A l’instar de l’image de couverture, ce comics (ou roman graphique ? Je ne peux décider) a été pour moi un délicieux arc-en-ciel : en effet, l’idée originale ne semble pas l’être tant que cela même si ça quelques passages ont éveillé chez Le Tigre un intérêt certain. Toutefois, la suite m’a paru être une accumulation de poncifs fort décevante. Je m’attendais à quelque chose de plus grandiose sur la fin, ce qui ne fut pas le cas. Ça se laisse lire, mais pas de claque littéraire légitimement attendue pour ces six épisodes de Faker enfin réunis.

Au début, on fait la connaissance d’une poignée de jeunes aux parcours éclectiques : Jessie, qui occupe son temps à gagner de la tune en faisant chanter les professeurs libidineux ; Paul Saknussen, grand beau assez sportif ; Marky qui n’a pas sa bite dans la poche et enfin Yvonne, hackeuse de talent un peu parano sur les bords. Tous vont subir une sorte d’expérimentation incontrôlée et vont provoquer un évènement qui va mobiliser les grandes instances policières et scientifiques du pays.

Comme je l’expliquais, le scénario aurait pu mieux être exploité. Ainsi, malgré moins de 150 pages, Le Tigre a parfois trouvé le temps excessivement longuet. C’est flou et fort complexe alors que cela aurait pu être évité. Quant aux illustrations, mon avis est neutre : ni catastrophe qui pique les yeux, mais ni planches de pure beauté qui ont arrêté le félin sur sa lancée. Et c’est bien dommage : une histoire potentiellement excellente, un titre correct, une couverture qui envoie du rêve, et au final un léger pschitt…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les souvenirs. Sans spoiler, disons que les produits ingérés par nos héros vont rendre réels leurs désirs & souvenirs les plus intimes. Tant que les cobayes sont dans un bon état d’esprit, c’est Clara Morgane en personne (pour les mâles) qui les rejoint chaque nuit. En revanche, le bad trip est terrifiant. Tous les cauchemars prennent forme. Dont la très choquante expérience de Jessie avec son oncle un peu trop « câlin » sur les bords. Et d’autres aussi traumatisantes.

La mémoire humaine. [Attention thème SPOIL]. Le « rêve angélique » est en fait un produit liquide de mémoire de type « humaine ». C’est-à-dire opposé à la mémoire numérique qui classe dans un endroit défini, et avec logique, toute information qui lui tombe sur le râble. Avec l’angélique, rien n’est fixé, tout peut se déclencher à partir d’un insignifiant stimulus. C’est ce qui est arrivé à nos héros, lorsqu’ils ont pris par mégarde le produit un être nouveau (et irréel) s’est constitué : Nick Philo n’est que la somme de quelques souvenirs mélangés, une chose qui n’a ni existence propre, ni avenir durable puisque la virtualité de son existence lui apparaît rapidement. [Fin SPOIL].

Les relations entre individus. Leur histoire est comme un catalyseur qui va remettre à plat la nature des liens entre nos jeunes. L’érotomane de service qui ne jure que par le sexe, la salope fragile qui ne voit dans les hommes plus âgés qu’une source de revenus, Paul Sak qui apprend que son père n’est pas celui qu’il pensait (et songe du coup à se suicider), chaque protagoniste va au-devant de certaines désillusions qui sont à même de détruire leur environnement douillet. La jeunesse en souffrance dans toute sa splendeur.

…à rapprocher de :

– On retrouve Jock qui a contribué à rédiger Batman : Sombre reflet, qui m’avait laissé une excellente impression. Comme quoi…

– La jeunesse, le bizarre, en nettement plus long il y a Black Hole de Charles Burns. Lu en anglais par Le Tigre, un petit chef-d’œuvre.

– Sur la catégorie « jeunes en souffrance », on me glisse à l’oreillette que la série TV The O.C. puise dans le même filon. Hélas ça a l’air pas terrible non plus.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce titre sur Amazon ici.

Une réflexion au sujet de « Carey & Jock – Faker »

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