Chris & Julien Flamand – Vacances à Saint-Prix

Akileos, 50 pages.

Chris & Julien Flamand - Vacances à Saint-PrixAaaah…les vacances à la campagne, y’a que ça de vrai ! Souvenirs mitigés cependant, l’enfance garde trace des bons moments comme des périodes difficiles, aussi bleu que soit le soleil. Partielle autobiographie d’auteurs sensibles et mesurés, pourquoi se plaindre ? Sympathique tout plein, ça ne casse toutefois pas trois pattes à un pauvre petit canard.

Il était une fois…

Kiki…euh Christian, depuis bientôt 5 années, passe ses vacances à Saint-Prix chez ses grands-parents – ne me demandez pas où c’est, un tas de patelins portent ce nom. Sauf que papy a précipitamment englouti son bulletin de naissance et mémé est mise en jach..maison de retraite. Et c’est Dédette et Marcel, tante et oncle de notre jeune héros, qui vont l’accueillir avec son frérot. Tout est pareil, mais tout a changé [cette dernière expression n’est pas du Tigre].

Critique de Vacances à Saint-Prix

Ce doit être la couverture rouge sang qui m’a invité à lire cette petite sucrerie. Deux êtres, le père et le fils, marchant main dans la main dans une sombre forêt, le félin a espéré un petit dénouement version La classe de neige de Carrère. Il n’en est rien, si vous attendez un petit retournement ou un mot final étonnant, passez votre chemin. A peine si le destin de la cousine sera rapidement évoqué, et encore…

Christian, donc, livre au lecteur les réminiscences de son enfance qui l’ont marqué. Via cette bande dessinée exclusivement autobiographique, ce seront deux séjours à la campagne, séparés de cinq années, qui seront décrits. Si en 1960 tout n’est que bonheur, premiers émois (la nature, une camarade de jeux) et environnement aimant, en 1965 un autre son de cloche se fera entendre. A un tel point que Chris et son frangin téléphoneront à leurs vieux pour qu’ils viennent les chercher au plus vite.

Le trait généreux et large, serti de couleurs chatoyantes (presque criardes), n’est point désagréable à l’œil. Les caractères et leurs mimiques attachantes, vivantes à souhait, se fondent plutôt bien dans une campagne bucolique où tout semble plus grand. La vision d’un enfant y est profondément respectée car s’attachant à toute sorte de détails qui leurs sont propres. Il y a comme du Zep dans ce que fait Flamand père (sauf erreur de ma part), mais avec plus de matière question décor et architecture.

Tout ça pour gazouiller que, s’il faut saluer l’effort de transmission de ses expériences, Vacances à Saint-Prix n’apporte rien de plus de notable. Ah si : les photos finales permettent de voir (en vrai) les différents protagonistes et lieux visités – il est toujours fandard de comparer la réalité à la vision qu’en avait l’auteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui m’a semblé particulièrement juste est la façon dont les souvenirs heureux peuvent amener à de profondes déceptions. Entre les vacances de 1960 et les autres, le changement d’habitants provoque une remise à niveau de l’estime que Kiki porte aux lieux. Car Dédette l’alcoolo à la main lourde n’a rien à voir avec la gentille mamy à l’incomparable cuisine. Le héros et son frère auront beau faire, la villégiature prend une tournure plus angoissante. Un peu quand Le Tigre, six années plus tard, tente de ressortir sa NES du grenier pour s’amuser avec des jeux de légende…qui se révèlent être de parfaites bouses – et avec lesquelles jouer plus de cinq minutes relève du cauchemar.

Le bon air des champs et la vie « simple » sont à l’honneur, pour une histoire se situant pendant les années 60 c’est bien légitime d’ailleurs : entre les petits bocaux et le lait de chèvre à récupérer même leur pis, on frise l’autarcie s’il n’y avait pas les courses à faire au village du coin. Et tout ce petit monde se contente de peu : avions en papiers au lieu d’un drone ; longues randonnées à la place d’une tablette numérique ; bouilloires en brique réchauffée ; pas de TV ; pas de wifi ; pas l’ombre d’un ordinateur (donc pas de possibilité de bloguer), pas sûr que c’était mieux avant.

…à rapprocher de :

Un été du tonnerre, avec le sempiternel Jojo et son poto Gros-Louis, autre BD un peu plus destinée aux tout-petits.

Le retour à la terre (tome 1 sur le blog), de Manu Larcenet et Ferri, destiné aux plus grands.

– En mode BD plus mignonne avec tout plein de souvenirs, je ne saurais trop vous aiguiller vers Paul à la campagne, de Michel Rabagliati.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.

2 réflexions au sujet de « Chris & Julien Flamand – Vacances à Saint-Prix »

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