Collectif – Judge Dredd, Tome 3 : Intégrale

Soleil US Comics, 240 pages.

Collectif - Judge Dredd, Tome 3 : IntégralePublié sous 2000 AD PROGS 116-154. « Tiens tigrou, c’est super comme comics ». Si je tiens l’inélégant qui m’a envoyé ça par courrier, j’expédie son cas comme le ferait le rieur Judge Dredd. Car ce n’est pas du tout le genre de BD que j’arrive à lire. Si les différentes intrigues sont de qualité inégale, on ne peut pas en dire autant du dessin, constamment insupportable.

Il était une fois…

Nous sommes en l’an de grâce 2101, et même en 2102. A la suite d’un cataclysme nucléaire, l’Amérique (enfin ce qu’il en reste) est cloîtrée dans des mégapoles joliment bétonnées. Aux alentours, la nature menaçante, avec quelques mutants roulant leurs culs irradiés. Dans les villes, la presque anarchie. Mais il est une race d’individus surentraînés, derniers remparts de la cité, les Juges : policiers, jurés et bourreaux. Dont le pétillant Joseph Dredd. Krokk (dixit l’intéressé).

Critique du tome 3 de Judge Dredd

J’ai lu ce truc sur un coup de tête, profondément ému par la prestation de la blondasse (qui joue Anderson) du film Dredd de 2012. Blague à part, le film est sympa. Hélas, le comics d’origine est trop vieux et quelque chose n’a pas été digéré par le félin estomac. A moins que ce ne soit en raison du format magazine

Cette intégrale recouvre quelques dizaines d’épisodes qui, à de rares exceptions, peuvent être lus dans le désordre le plus complet. A partir de la moitié du titre, Tigre en a survolé pas mal il est vrai, cependant s’accrocher fut bénéfique, car c’est dans les dernières péripéties qu’on voit apparaître cette tarlouze de Judge Death avec sa dentition à la Jean Rochefort et sa notion fort nihiliste du crime (être vivant, tout simplement), ou alors la peste noire (arachnophobes, abstenez-vous).

Ultime raison de la « note » négative de ce comics, les illustrations. Les décors sont léchés, voui. Les personnages sont finement ciselés, presque des gravures, voui voui. A part ça, aucune discipline dans les cases et le rythme, ça part aux quatre coins de la rose des vents. Ajoutez à cela le texte mal foutu et/ou placé dans l’ensemble graphique (écrit trop petit), j’avoue avoir zappé quelques planches que je n’avais pas le courage d’entamer. Tigre n’aurais pas craché sur un peu de couleurs enfin (faut pas rêver).

Pour conclure, un gavage en règle. Faut pas lire d’une traite ces excès de testostérone, sauf à le prendre pour ce que c’est vraiment : un grand n’importe quoi des auteurs anglais pour démonter, consciencieusement, tout ce que le libéralisme le plus sordide peut faire d’absurde. Dès 1979, Thatcher en prenait pour son grade. Splendide. Faut pas se fier sur les rares chapitres où Dredd fait montre de bon sens, voire d’une profonde humanité, ce n’est pas son rôle.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le point principal de ce comics, à mon humble avis, est que le no future généralisé du monde dans lequel les auteurs (y’en a une pétée, Tigre n’a pas le courage de les citer) nous introduisent. Dévastée à cause de l’Homme, la terre ne ressemble à rien et la civilisation, bien que plus avancée technologiquement, a terriblement régressé. J’aurais bien proposé de réduire le globe en cendres, sauf qu’il n’y a même pas de colonisation d’autres planètes en cours. Epic fail.

A première pensée, Dredd gère son métier comme un sagouin, de manière mécanique. Son cerveau limité et résigné ne s’attaque qu’aux conséquences directes, sans penser aux implications à venir (Dredd se fait souvent mener en bateau). Sauf que ça colle exactement avec son monde, qui à la prévention préfère la pure réaction. A un univers infâme, il faut son justicier foireux, à savoir quelqu’un qui a le monopole de la violence, est seul juge, et applique la peine (toujours de la prison, quand ce n’est pas la mort).

En effet, on remarque aisément que la justice dispensée par Dreddissime est profondément merdique. L’individu lambda n’a aucune confiance en les Juges, cela va au-delà de la crainte, ce qui est justifié par leur intransigeance (une monomanie plutôt). En Europe, quand un policier nous interpelle, on se demande tout de suite « qu’ai-je fait de mal ? ». A Mega-City One le citoyen normal préfère fuir et tout faire pour ne pas tomber entre ses doigts. Sur un des épisodes, un gus va même jusqu’à enfreindre dix lois pour échapper à Mister D.,…alors qu’il n’avait rien à se reprocher (à part avoir jeté un papier sur la voie). On rit jaune.

Dredd est un anti-héros, mais il ne le sait pas encore.

…à rapprocher de :

– Il y a d’énormes ressemblances avec Transmetropolitan, de Warren Ellis : le cynisme des puissants ; l’avenir qui, à part quelques gadgets technologiques, fait état d’une inquiétante régression ; la corruption assumée et cynique, etc.

– Le dessin et les histoires qui patent dans tous les coins me font penser au bon Will Eisner et son Appel de l’espace. N’ai pas du tout accroché non plus.

Megalex, chez les éditeurs Les Humanoïdes Associés, joue le même délire où le gros de l’Humanité est parquée dans une grande cité autant bétonnante que déconnante, avec la nature qui tient à reprendre ses droits. Sauf que les gentils et méchants ne sont pas, au final, clairement identifiés.

– Cela peut sembler idiot, mais le mec savamment burné qui vient établir sa justice et émasculer les vilains, sur sa belle moto, dans un futur dont il est rappelé quelques aspects loufoques (introduction souvent nécessaire),…mais oui bien sûr ! C’est Pascal Brutal, de Riad Sattouf. Des barres de rire au passage.

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous avez plus de patience, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici (je ne mets pas les liens vers les autres tomes, Dredderden Sie sich).

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