Premier bouquin du grand éditeur indépendant Camion Blanc résumé, quoi de mieux que commencer par du subversif, à savoir la biographie de l’acteur porno le plus emblématique des années 70. Sexe, drogue et crimes, tout y est, synthétisé par les bons soins de Daniel Lesueur. Plus qu’un acteur, c’est toute la Californie de l’excès qui est dépeinte.
De quoi parle John C. Holmes, 35 cm de talent, et comment ?
Courte biographie de John Curtis Holmes, sans doute le plus « grand » (donc long) acteur pornographique américain, né en 1944. Sa vie est digne d’un roman, et en 150 pages Lesueur parvient à dresser un portrait que Le Tigre se plaît à croire fidèle. Ça se lit comme un roman, et on a intérêt à être assis tellement c’est tragique et édifiant.
Non éduqué, sans empathie ni morale, John est un grand malade : sexe débridé, prostitution, usage et trafic de drogues, détournement de mineures, vols crimes, complicité d’assassinat, et tant d’autres. Tout cela sur fond de soleil californien et de liberté sexuelle des années 70 à 80, avant l’arrivée du SIDA, qui d’ailleurs a eu raison de l’acteur.
Daniel Lesueur a effectué un travail très correct de recherche, et est parvenu à faire court, pas comme certains auteurs (Marx par exemple, même si le sujet n’est pas vraiment le même). Les éditions Camion Blanc, ici sur le thème Camion Noir (un peu plus sulfureux) ont encore tenu un bon sujet, très bien traité.
Bien sûr l’ouvrage, le « beau livre » plutôt, reste assez cher par rapport au nombre de pages et à l’absence de couverture en dur. Mais le posséder n’a pas de prix, rien que pour la couverture ou les images d’archives (rien de pornographique dedans !) qui y sont exposées.
Ce que Le Tigre a retenu
L’absence de frontières d’un homme qui ne pense qu’à sa gueule. Holmes c’est avant tout la personnification de l’excès. Et les exemples sont plus que nombreux : ses relations avec les femmes (des milliers), entre amour, trahison et mensonges en tout genre. L’argent, dont il manquait chroniquement. Pour satisfaire ses besoins, notamment plus de 3 000 dollars quotidiennement dépensés dans la cocaïne à un moment, il tournait le plus possible, y compris dans des pornos gays. Et puisque ça ne suffisait plus, il s’accoquinait avec des escrocs voire des tueurs. Jusqu’au massacre qui a tant défrayé les chroniques.
La drogue et l’alcool, toujours plus, au point que ça devienne indispensable pour avoir une érection. Quant à la taille de son membre, les versions sont nombreuses, sans doute à cause de ses problèmes de santé et aussi au fait qu’à partir d’un certain degré d’érection l’afflux de sang était tel qu’il s’évanouissait. Obligé à être plus ou moins mou selon son état, on imagine la douleur de son métier.
Prisonnier de ces vices dont on voit qu’il ne peut se détacher, au final on plaint surtout Holmes, victime d’un système où il a été pendant un certain moment indispensable.
Dernier thème, plus en rapport avec la lecture. Comment lire un tel livre ? Seul hélas. Ce n’est pas le genre d’essai que Le Tigre lit en société, par exemple dans le métro. A la rigueur, des titres comme Les Seigneurs Du Chaos, sur le black métal satanique qui a fait rage en Norvège, ça en jette pas mal de les lire. D’autant plus que lorsqu’on est en costard, imaginez la tête du métalleux qui vous voit dévorer cet ouvrage…
Mais ici rien à faire, on ne peut pas se retrancher derrière la couverture, puisque cette-dernière est sans appel : John C. Holmes, votre voisin peut ne pas connaître, mais « 35 centimètres de talent », et bien pas besoin d’avoir l’esprit mal tourné pour savoir de quoi il s’agit. Ce qui fait de cet ouvrage un objet qui ne sortira pas de votre chambre, et sera ensuite à votre bibliothèque ce qu’une balise mayday est à une mer calme, de nuit.
…à rapprocher de :
– Le même auteur s’est intéressé à deux égérie du monde porno, à savoir Traci Lords et Jenna Jameson.
– Confessions intimes d’une porn star, à savoir Monica Mayhem, chez le même éditeur. Attention c’est une biographie, pas un documentaire…
– Le film Boogie nights, apparemment, serait influencé par la vie d’Holmes.
Les œuvres sur Holmes que Le Tigre a regardées sont :
– Wadd, the life and times of John Holmes, documentaire assez long sur le personnage, avec en prime les témoignages de ses proches.
– Wonderland, avec Val Kilmer dans le rôle de l’acteur pornographique, qui se concentre surtout sur la sanglante tragédie finale.
Les œuvres avec Holmes que Le Tigre a regardées ne sont pas.
Enfin, si votre librairie est fermée ou ne veut pas vous vendre ce titre, vous pouvez le trouver sur Amazon ici. Ou sur le site de l’éditeur.
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