Sous-titre des quatre tomes : Lady Vivian Hastigs, Neptune, La labyrinthe d’Emeraude, Guyanacapac. Piraterie, trésor, antiques cités, crimes et trahisons. Dallas version Stevenson au 18ème siècle, c’est pas mal du tout. Hélas, Le Tigre a été énormément déçu par le final (comme dans Le Troisième Testament en fait).
Il était une fois…
Dans la vieille Angleterre sang bleu du 18ème siècle, lady Hastings se fait intensément plaisir dans son lugubre château. Puisque son mari Byron est supposé mort en Amérique du Sud, elle papillonne doucement, au point d’avoir un marmot en préparation. Et quand le frère de Byron débarque (accompagné d’un mystérieux Indien, Moc) pour rendre visite à Vivian, celle-ci est en danger : déjà le beau-frère connaît les mœurs dissolues de la belle et compte bien la laisser sur le carreau. Mais surtout elle apprend que son époux est en vie et a découvert la cité de Guyanacapac, en pleine Amazonie. Cet endroit regorgerait d’or, et miss Hastings est bien décidée à récupérer sa part.
Critique de Long John Silver
Long John Silver est une tétralogie dont le dernier opus est sorti vers avril 2013. Si l’exercice semble avoir été bien maîtrisé de bout en bout par nos deux artistes, la fin a laissé au Tigre un goût amer : certes généreuse et impressionnante, mais sans la petite étincelle qui aurait pu me laisser sur le cul.
Le scénario est finement construit, car chaque BD s’occupe d’une unité chronologique de l’aventure de nos héros. Vivian Hastings, d’abord, qui contacte le docteur Livesey pour pouvoir sereinement embarquer vers l’Amérique du Sud. Sereinement, c’est à dire en embauchant une bande de pirates avec à leur tête un vieux briscard qui est plus ou moins rangé, à savoir le grand Long John Silver (LJS pour les intimes), celui du livre de Stevenson. Silver parvient à trouver un navire, se fait « embaucher » par le beauf de Vivian, et c’est parti pour une destination qui ne se trouve que sur un vieux parchemin.
Les péripéties des titres sont nombreuses et c’est pour cela qu’il faut mieux se lire la tétralogie d’un coup. J’ai du reprendre la lecture d’un tome précédent à chaque fois, ce qui est dommage. Quant au dessin, je suis partagé : d’une part, Mathieu Lauffray a énormément de talent lorsqu’il faut faire un majestueux tableau (une planche entière) du paysage ou d’une scène d’action. Mais d’autre part, à y regarder de plus près certains passages semblent moins travaillés, plus raturés, ce qui nuit aux expressions des personnages qui m’ont parfois paru caricaturales. Mais je dis ça parce que j’aime la ligne claire et les images de synthèse.
Pour conclure, un bonne série qui s’est faite attendre (plus de cinq ans en tout), à juste titre eu égard la qualité du scénario (en pardonnant la conclusion décevante) et le trait précis de l’illustrateur. Évidemment il convient mieux de se procurer une intégrale qui ne manquera pas, un jour, de sortir.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les aventures de pirates. Dorison a bien révisé son sujet, c’est indéniable. L’immersion dans l’univers de ces hommes d’honneur est réjouissante : gestion du personnel (éviter les mutineries) ; manœuvres compliquées à faire faire à l’équipage ; culte du secret et de la parole d’un homme,… Mais la piraterie n’est pas que dans les eaux, en effet le premier tome plante l’intrigue et montre comment l’équipage est préparé ; tandis que le dernier qui se passe avant tout sur la terre ferme. En s’attaquant à la légende de Silver que l’auteur a fait renaître pour l’amplifier avant de tuer le personnage une seconde fois, il ne fallait pas moins de 4 tomes.
Il ressort de ces aventures que presque tous ont un double jeu. Lady Hastings, évidemment, qui ne souhaite retrouver son époux que pour mieux s’approprier le butin (s’il faut le tuer au passage, alors soit). Silver, qui jusqu’à un certain moment cache sa condition de pirate. Le bon docteur, Moc, personne n’est réellement neutre dans cette histoire. Or, certains connaissent les petites cachotteries d’autres, du coup tous se tiennent par la barbichette, ce qui contribue à rendre la tension palpable.
Enfin, remercions Xavier Dorison pour avoir imaginé une héroïne de qualité. Lady Vivian Hastings est quasiment une sorte d’anachronisme de cette Angleterre patriarcale. Pourtant cette femme parvient à mettre en place un plan malin et efficace au nez et à la barbe du beau-frère, puis gère tant bien que mal sa grossesse pendant le voyage. LJS sera alors encore plus sympathique, étant le rare à tenir jusqu’au bout sa parole vis-à-vis d’elle.
…à rapprocher de :
– De Dorison, Tigre se souvient du génial Troisième testament. Sanctuaire, (trois tomes il me semble) sinon, m’a paru être plus décevant malgré une idée originale qui dépote.
– J’ai presque eu envie de lire L’île au trésor, de Stevenson, en refermant la dernière page du quatrième tome.
Pour finir, si votre libraire est fermé, vous pouvez trouver ces quatre BD via Amazon : premier, deuxième, troisième et dernier tome en liens.
C’est justement ce que j’ai pu vivre, gamin, a la lecture de L’Ile au Trésor de Stevenson.
Il serait peut-etre intéressant de le relire pour voir si ça me fait le même effet…
Aaargh… Je n’aurais pas du lire cette chronique avant de lire le quatrième Tome dont j’ignorai la sortie.
Je suis en tout cas effectivement étonne que la BD se termine en 4 tomes seulement. Au vue des 3 premiers tomes, je trouvais qu’il y avait assez de matière pour en tirer une dizaine. Les ventes n’auraient-elles pas été au rendez-vous? Forcement la quatrième doit sabrer dans l’histoire du coup…
J’aurai du prévenir du Spoil, mais j’annonce au début les quatre tomes quand même. Le final n’est point dégueulasse mais aurait mérité d’être mieux traité. Avec « Troisième Testament » et « Sanctuaire », il appert que c’est un peu la marque de Dorison.
Cher Tigre, je vous trouve un peu severe pour le Troisieme Testament. Certes il m’est tombe dans les mains il y a 8 ans je crois bien mais la fin comme l’ensemble ne m’avait pas paru degueulasse.
Je crois qu’il y a parfois des oeuvres qui nous attrapent si profondement que quelque soit la fin, elle ne pourra pas nous satisfaire pour la simple raison que c’est une fin. Se faire ejecter de l’univers par un « The End » est parfois douloureux mais c’est la marque des bonnes histoires aussi non?
Vous n’avez pas tort. Je devais être tellement transporté que tout dénouement de l’histoire était une trahison. Il aurait pu continuer sur 10 tomes, faire durer le plaisir.
Hey j’ai termine le quatrième tome de Long John Silver!
Et bien non cher Tigre, je ne suis pas d’accord. Je trouve la fin intéressante, le pirate Long John Silver se révélant plus humain qu’imagine au préalable. Ma seule deception vient peut-etre du fait que j’en aurais bien aime un peu plus, en particulier qq planches a propos du Dieu en question. Parce qu’il faut dire que le dessin vraiment est fabuleux, sombre et moderne mais avec suffisament d’elements du code classique pour faire plonger n’importe quelle generation dans le recit.
Même si ce n’est pas d’une originalité fantastique, j’ai vraiment apprécie ce cycle court dans la mesure ou il m’a fait retrouver le plaisir des vieilles histoires de pirate (livres et films).
Ah et dans un genre similaire, je suis en train de lire Conquistador (Dufaux / Xavier). Pas mal du tout. 3 tomes pour l’instant, 2 lus.