Ennis & Dillon – Preacher Livre 3

Urban Comics, 392 pages.

Ennis & Dillon - Preacher Livre 3VO : idem. Après avoir été mis en difficulté en France, Jesse Custer retourne au pays où l’attend de pied ferme sa copine Tulip et d’autre personnes animées de pires intentions. Parallèlement, le lecteur apprendre deux-trois choses sur deux protagonistes de la saga, à savoir le Saint des Tueurs et le vampire Cassidy. Quelques passages ennuyeux, mais dans l’ensemble ça reste plaisant.

Il était une fois…

Un homme empli de rancœur qui devient le tueur le plus efficace des Cieux ; un vampire qui rencontre, pour la première fois, un de ses semblables ; un prêtre habité par un être mi-ange mi-démon prêt à recourir au vaudou, ; et pendant ce temps, un certain Tête de Fion souhaite tuer nos héros – il n’est hélas pas le seul…

Critique du troisième livre de Preacher

Premier opus qui envoi du très lourd, second qui reste sur la lancée (mais sans apports majeurs), c’était trop beau pour durer. Après une douzaine de chapitres qui avaient troué un second trou de balle au félin, il était difficile d’imaginer comment Garth Ennis et Steve Dillon allaient entreprendre d’en creuser un troisième. Heureusement pour moi, ce comics n’a pas la même puissance de son prédécesseur (la surprise passant) même si celui-ci perpétue la délectation qui habitera tout lecteur normalement constitué.

Les deux premiers chapitres sont de loin les plus exceptionnels. Le premier est une épopée de pure beauté dans l’Amérique du milieu du XIXème siècle avec les chasseurs de peux-rouges et zones sinistrées par le froid et l’alcool. Au milieu de ce fatras, un homme d’une rare violence qui, l’espace de quelques années, pensait être sur la voie de la rédemption. Il s’ensuit une mort spectaculaire, et une arrivée dans l’enfer, laquelle provoque un mini-bordel. Et les huiles du paradis/enfer trouvent la solution : elles tiennent leur futur tueur. Sauf qu’elles viennent de commettre la plus belle connerie du millénaire. Le second chapitre s’intéresse à Cassidy, vampire déconneur qui fait la connaissance d’un des siens – j’en parlerai dans la dernière partie.

Ensuite, il y a comme un flottement dans la narration. On retrouve nos héros habituels qui se remettent de leurs émotions d’antan et ne paraissent guère avancer dans l’intrigue – à peine les disciples d’un mec tué par Cassidy qui posent quelques soucis, et un mystérieux allié magicien tentant d’entrer dans la tête du révérend. Heureusement que Tête de Fion, fils déformé (tentative de suicide un peu con) et plein de vie, débarquera dans la vie de Jesse, Tulip et Cassidy pour apporter un peu de piment : celui de la bonhommie et d’une certaine sympathie pour ce personnage pitoyable (y’a qu’à voir la scène de son dépucelage…) qui, en l’espace d’un chapitre, est sur le point de devenir une star de rock par son air néo-romantique et une hargne qui en surprendra plus d’un. Quelques bastons bien foutues, une Tulip qui a plus de couille que 99% de la population mâle des U.S.A., un prêtre désabusé et lucide, l’ambiance est plus que jamais tendue.

Concernant les illustrations, c’est toujours aussi régalant : trait simple et couleurs basiques, toutefois la plupart des scènes se passent dans l’obscurité. A la longue, ça fatigue les yeux, sans compter une foultitude de dialogues qui parfois n’apportent pas grand chose. Ce n’est pas qu’on s’emmerde, mais les chapitres du milieu sont loin d’être les plus fascinants. Espérons que le prochain livre redémarre en fanfare. Parce qu’on l’attend, le fameux dieu qui s’est planqué on ne sait où.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme dans les précédents livres, les auteurs s’attachent à démonter ce qu’il y a, pour certains, de plus sacré ou symbolique. D’abord, y’a cette vision de l’enfer qui est savoureuse en diable : on y voit Belzébuth (ou un autre démon du genre) jouer au carte avec un représentant du paradis (lequel est chargé d’apporter la mort sur ordre du Très Haut). Après l’arrivée de celui qui deviendra le Saint des Tueurs, l’enfer devient gelé. S’ensuit une négociation qui n’a rien de glorieuse et a tout des tractations politiciennes de notre siècle. L’au-delà qui fonctionne comme une boîte peuplée de fonctionnaires cherchant à se décharger de leurs responsabilités, ça rappelle furieusement les premiers chapitres de la saga.

De même, la rencontre entre Cassidy et Eccarius est une belle partie de plaisir. Le décalage entre notre vampire alcoolo et irrespectueux et un être éthéré qui colle à l’image romantique et distinguée du vampire véhiculée par les médias est saisissant. Eccarius consterne Cassidy, lequel tente de lui sortir les doigts du cul pour avoir un peu plus de fun. Mais c’est sans compter la bande de suiveurs (des émos un peu cons) qui collent au cul d’Eccarius et passent leurs temps à pondre d’insipides poésies ou à supplier d’être mordus. Je vous  laisse imaginer la réaction d’un Cassidy qui, à défaut de dévoyer son nouveau compagnon, se décide à le brûler vif.

Le même Cassidy n’en reste pas là et brûle, à sa manière, son existence. Il initie sa future chute en détruisant l’équilibre qui le lie à Custer et Tulip en déclarant, de façon fort maladroite, sa flamme à cette dernière – laquelle le prend plutôt mal. Un vampire amoureux de la petite amie d’un révérend habité par une chose issue de l’accouplement d’un ange et d’un démon, hum. Bref, le mec a perdu sa tête. D’ailleurs, ce diagnostic est confirmé par la décapitation, propre  et nette, au cours d’une lutte contre des adorateurs de feu Eccarius (si je me souviens bien). Le vampire irlandais a beau être presque immortel et a pu être recousu, ça le calme suffisamment pour qu’il quitte la narration – pour l’instant ?

…à rapprocher de :

Le premier tome (lien) et le second sont évidemment sur le blog, bonne éclate.

– Le félin a connu Garth Ennis grâce à son impressionnante maîtrise du Punisher, par exemple : Au Commencement (somptueux redémarrage du perso) ; Mère Russie (putain de claque) ; Kitchen irish (sobre et un poil décevant).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Ennis & Dillon – Preacher Livre 3 »

    • La série tv est plutôt réussie, en revanche la narration est chronologiquement différente de la BD – on ne rencontre que le vampire plus tard et dès le début le lecteur sait qui sont les deux cow-boys un peu gay. Sans compter tête de fion qui n’apparaît pas avant quelques chapitres. Et la Tulip de la série n’a que peu à voir (physiquement surtout) avec celle de la BD. Du coup j’ai été un peu confusé.

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