Georges Simenon – L’outlaw

Folio Policier, 208 pages.

Georges Simenon - L'outlawNom de Zeus, j’ai bien failli ne jamais pouvoir le terminer celui-là. Heureusement que la seconde partie est parvenue à me maintenir en éveil. Qu’est-ce que ça a mal vieilli, cette histoire de réfugié polonais qui marchande de partout pour obtenir un peu d’argent. A éviter absolument, la génération du Tigre n’est pas faite pour ce type de romans.

Il était une fois…

Stan est dans une belle mouise. Faim, froid, fatigue, absence de logement et d’argent, le pauvre hère voit également sa copine Nouchi se faire la malle auprès des Storm qui acceptent de l’héberger. Stan ne sait pas où elle est, et la seule solution pour récupérer un peu de thunes est d’entrer en contact avec le commissaire Mizeri : le but est de lui « donner » le nom d’une bande de Polonais (menés par la belle Frida) qui attaquent sauvagement des fermes autour de Paris contre une coquette somme. Sauf que la police et la sûreté surveillent tout ce joli monde, et Stan est entre le marteau des criminels avec qui il noue des liens et l’enclume de la force publique. [Tigre très fier de cette dernière métaphore]

Critique de L’outlaw

Je l’annonce de go, ce truc écrit au début des années 40 est un accident de lecture. Et non une erreur littéraire, parce que Le Tigre conçoit que ça peut plaire à certains. Seulement, eu égard la productivité stakhanoviste de Simenon, il doit y avoir d’autres polars dans le lot qui me feront oublier cette triste bouse.

Ne soyez pas choqué par les termes employés, c’est ce que j’ai pensé en lisant la première partie. D’une part, le quatrième de couverture parle de quelque chose (l’infiltration d’un terrible gang, les actes inhumains effectués par le héros) que je n’ai guère retrouvé dans l’œuvre. Juste un pauvre type sur le fil du rasoir qui essaie absolument de contacter certains individus haut placés dans la police et échoue plus d’une fois dans son entreprise d’informateur rémunéré.

D’autre part, le style. Simenon a une plume efficace, certes. Les descriptions ne sont pas dégueulasses et le vocabulaire utilisé reste riche, bref on est plutôt loin du roman de gare. Hélas le personnage principal est proprement insupportable (sans doute est-ce le but). Car entre son phrasé décousu (il lui arrive de sauter du coq à l’âne plus souvent qu’à son tour) et la médiocrité de son comportement m’ont exaspéré à un point que je ne pensais pas espérer atteindre en littérature.

Même si le second volet de L’outlaw (à force d’habitude) passe légèrement mieux, Tigre pense que certains applaudissements seraient bienvenus pour exprimer l’admiration d’avoir su aller jusqu’au bout de ce truc.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La misère du réfugié. Simenon parvient relativement bien à rendre compte du quotidien d’un individu dans le dénuement le plus complet : frénésie langagière de celui qui veut grappiller quelques francs ici et là ; comportement fiévreux de l’homme mal dans sa peau en quête d’un peu de répit ; petites astuces pour récupérer (notamment auprès des autorités) un bon repas dans un bistrot, en fait l’image de couverture parle d’elle-même. Un individu sur le qui-vive qui a l’air de chercher un énième artifice pour avoir ses fameux 5.000 francs (il fait une belle fixation dessus).

La violence. Le quatrième de couv’, décidément, ne dit que de la merde. Sur les méfaits de la bande de Polacks, veuillez m’excuser mais je n’ai strictement rien vu passer. Ou alors je lisais en diagonale. A part acheter une hache ou tenter de rançonner un tacos, il n’arrive rien de bien violent. [Attention SPOIL] A part sans doute le dernier chapitre, où le lecteur apprendra que le vilain Stan a étranglé la belle Nouchi (ce premier se garde bien de nous le dire) avant de filer à l’anglaise. Le résultat, logique et sombre dans la France d’avant-guerre, est sans appel : la guillotine. [Fin SPOIL, même si tout le monde s’en cogne].

…à rapprocher de :

– Dans ce domaine, je vais devoir sûrement me taper quelques autres ouvrages de l’auteur avant de produire des liens valables.

– Un héros insupportable, c’est dans Les Veufs, de Boileau/Narcejac.

– Sur la pauvreté et le vagabondage, en version irlandaise et bien plus contemporaine, il ne faut pas passer à côté de Ripley Bogle, de Bob McLiam Wilson.

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous aimez Simenon, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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