Sous-titre : Les aventures de Tintin et Milou. Une saleté d’Inca aux yeux vides qui terroriste les gentils savants, Tournesol qui part en voyage à l’insu de son plein gré, le capitaine qui reprend du service, voilà qui annonce de délectables péripéties. Malgré quelques maladresses ici et là, cette BD jouit d’une immense aura auprès du Tigre : jeune, j’ai totalement flippé ma race.
Il était une fois…
Sept membres d’une expédition riche en découverte (donc en pillage) se retrouvent, les uns à la suite des autres, victimes d’une sorte de maladie qui les fait perdre les pédales trois minutes entre deux sommeils comateux. Tintin (qui a rencontré son poto Alcazar au passage), comme une belle buse, échoue à protéger le reste des savants à côté desquels on retrouve des éclats de cristal. Au surplus, le journaliste est tellement à la ramasse qu’il ne peut empêcher le kidnapping de ce bon Tournesol.
Critique des Sept Boules de cristal
C’est infiniment dommage, le bouquin avait tellement bien démarré. Page 9, la sublime Madame Clairmont apprenait que son époux était malade. La blonde Clairmont, c’est la parfaite bourgeoise qui a l’air coincée du derche mais qu’on devine aisément poursuivre la soirée dans une partie fine, du genre à vouvoyer le mec sur la bite duquel elle sniffe un rail de coke. Mais on ne la retrouve plus, Hergé basculant vers l’autre moustachu accompagné de son Indien. Ouin.
Première surprise du père Hergé : après les pérégrinations en haute mer pour voler le trésor de Rakham, ce puceau de Tournesol mène à nouveau le bal – et les autres subissent. Non seulement Tryphon introduit (sans jeux de mots) nos héros auprès du lourd Professeur Bergamotte, mais en outre il réussit à (encore une fois) se faire enlever. Tout ça en ramassant connement un bracelet qui, selon ses dires, lui « va à ravir ». Boulet.
Seconde surprise, et je crois que vous me rejoindrez ici : cette BD fait putainement peur ! Le Tigre n’a éteint la loupiote de sa chambre que très tardivement dans sa tendre jeunesse à cause des cauchemars de nos amis. Imaginez, un Inca aussi maigre qu’un mannequin, mais en un peu moins beau. Et qui vient au milieu de la nuit te balancer une grosse boule qui te fait faire de belles terreurs nocturnes. Tintin & Milou, de 7 à 77 ans, tu parles ! Mais que faisait le ministre de la culture à l’époque ? Il était occupé à démonter des bas reliefs à Phnom Penh ?
En lisant plus attentivement, le félin a vu sa moustache frémir face à d’autres menus détails. Par exemple, à la Rochelle, Tintin propose au capitaine qu’ils n’ont qu’à taper le check à Chester (ami d’Haddock dont il avait parlé la veille) dont le rafiot, le « Valmy », est à quai. Impossible pourtant de retrouver cette première conversation. Et que dire de Quick & Flupke qu’on revoit à Saint-Nazaire, tandis qu’ils ont fait des apparitions dans d’autres villes ? Les garnements glandent très très loin, et même si je comprends les caméos, il convient d’arrêter à un moment de se foutre de notre gueule. Heureusement, les illustrations, agréables au possible, parviennent à dresser une ambiance inquiétante – alternance nuit/jour assez bien foutue.
Une belle nana qui file à l’anglaise dès le début de l’ouvrage, des trous béants dans le scénario à déplorer, un Indien mystérieux qu’on ne voit jamais en vrai, et une fin insupportable qui laisse le lecteur comme deux ronds de flan – Tournesol qui vole vers l’Amérique du Sud. Bien que reste soit OK, Le Tigre ne peut qu’émettre un avis négatif. Attention Hergé, je t’attends au tournant mon petit !
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
D’une part, il y a toute cette histoire de malédiction qui pompe, et cela est évidemment assumé, sur celle de Toutânkhamon. Sauf qu’ici le vilain Rascar Kapac fait l’objet des craintes les plus pures des protagonistes. Si à l’époque ce nom devait en imposer dans les chaumières qui n’avaient alors accès qu’à l’ORTF, force est de constater qu’aujourd’hui ça sonne plus rapeur-un-poil-mal-élevé que momie millénaire. Moitié Tupac, moitié Lascar, paye ton nom de belle racaille.
D’autre part, et pour finir sur une note plus sérieuse, il est question ici de la confrontation de deux mondes, lutte appelée à s’intensifier dans le tome qui suit. L’antique univers, assez méconnu, des Incas et de leurs légendes – qui ont suscité plus d’un fantasme. L’Occident, avide de découvertes et qui se comporte toujours en colonisateur (ça a été publié en pleine seconde guerre mondiale). Comment les concilier ? Comme le dit un des voyageurs (Français moyen doué d’un bon sens paysan), que diriez-vous si les Péruviens débarquaient dans nos tombeaux prélever le squelette d’un roi avant de l’amener chez eux ?
…à rapprocher de :
– Quelques Tintin sont à signaler sur le pétillant blog, par exemple Les Cigares du pharaon ; Le Lotus bleu ; L’île noire ; Le Sceptre d’Ottokar ; Le Temple du Soleil. ; Tintin au pays de l’or noir ; Les Bijoux de la Castafiore. Dans l’ordre s’il vous plaît.
– Tintin en Thaïlande (en lien, avec un pdf de la BD honnie). Hu hu.
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Cette BD me fascinait quand j’étais petit. Il faudrait que je la relise. Pour souffler un peu dans cette période qui me crève, qui m’essouffle trop ce serait bien.
Petite forme Guillaume?
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