Herman Koch – Le dîner

Belfond, 329 pages.

Herman Koch - Le dînerVO : Het diner. Un écrivain hollandais qui a cartonné avec ce premier roman traduit en français, Le Tigre ne pouvait passer à côté. Le temps d’un dîner, agrémenté de quelques flashbacks soigneusement choisis, deux familles vont sceller leur sort. Glauque et dérangeant, Herman Koch a livré un livre sombre qui pose de terribles questions.

Il était une fois…

Deux frères, avec leurs femmes respectives, ont rendez-vous dans un des restaurants les plus prisés des Pays-Bas. L’un est professeur en disponibilité, le second pressenti pour être le prochain premier ministre du pays. Au fil du repas, ça parle tranquillement de choses et d’autres. Hors d’œuvre, entrée, plat, dessert,…il faut bien discuter de ce qui amène nos deux familles : leurs enfants ont commis quelque chose d’abject, et se pose la question de la marche à suivre…

Critique du Dîner

Excellent roman, sujet original et grave qui apporte un léger renouveau dans la littérature européenne d’anticipation sociale. Les adjectifs ne manquent pas : subversif, cynique, dérangeant sur la fin, Herman Koch a eu son petit éclair de génie et l’a plutôt bien exploité.

Deux couples, deux frères dinent dans un restaurant chic. Un politicien en pleine ascension, un ancien prof un poil bizarre, et leurs femmes. Pendant le diner, c’est péripéties, dialogues grandioses, flashbacks terrifiants, prises de décisions difficiles. Avec comme cerise sur le gâteau, la question la plus dure à se poser : jusqu’où aller pour protéger sa progéniture, la défendre, mentir pour elle, au risque de commettre bien pire au final ?

Si la trame de l’histoire en elle-même peut se résumer en une courte page, ce sont tous les « à cotés » qui rendent ce roman si dense et prenant. Près de 330 pages, l’auteur a eu d’une part le temps de planter l’environnement, en décrivant non sans un certain humour l’ambiance BCBG d’un resto de qualité où se rend la bonne bourgeoisie. D’autre part, c’est le déroulement des évènement à la suite du forfait de leurs enfants (lequel ? Le Tigre n’en dira pas plus…) qui est finement analysé, avec les conséquences pour chaque famille si cela venait à se savoir.

Le style m’a paru tout ce que je pouvais m’imaginer de « batave » (sans insulter nos voisins européens) : pessimiste, un peu terne parfois malgré une intensité dramatique crescendo. Quelques longueurs, disons qu’on peut comprendre de quoi il est question avant que les chapitres les dévoilent. Il ne fallait pas dépasser 350 pages pour une telle histoire. Bref, une œuvre à découvrir, sans compter l’happy ending plus que particulier (en est-ce vraiment un ?).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La parentalité. Le thème principal du roman réside sur un terrifiant dilemme. Les enfants des deux protagonistes ont déconné dans les grandes largeurs, en sus ceux-ci ne semblent pas bien se rendre compte du bordel qu’ils ont occasionné. Les médias s’emparent de l’affaire (qui a choqué tout le pays), et si on découvre qui est derrière cet acte ignoble, la carrière politique d’un des frères est plus que compromise. Là où Koch n’est pas mauvais, c’est en présentant notre politicien arriviste face à un frère professeur (donc de gauche) comme on s’y attendrait, puis progressivement inverser les rôles de la méchanceté.

La décadence. Ce qui m’a spécialement marqué également, c’est le décalage entre l’atmosphère guindée dans laquelle baigne nos clients et les horreurs perpétrées par leurs rejetons. Décadence aussi car on discute, plus ou moins à froid, de comment il convient de réagir pour assurer autant l’avenir de ses enfants (dont un décide de jouer le maître chanteur de surcroît) que la justice la plus élémentaire. Décadence enfin, par la réaction finale d’un couple. Le pire est que le lecteur, à force d’être imprégné de tant de froide logique, la trouverait adaptée.

…à rapprocher de :

-Les dîners ou déjeuners qui tournent au vinaigre, Le Tigre croit se souvenir de Les majorettes, elles, savent parler d’amour de Szabowski.

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