Sous-titre (ou quelque chose dans ce genre) : Les enfants de la nuit. Premier opus d’une série que Le Tigre ne compte pas vraiment poursuivre, voici venu le temps des lutins bretons et de leur onirique univers fait de jeux de mots et autres réjouissances celtes. Hélas le scénar’ part dans tous les sens et le dessin n’est pas à mon goût.
Il était une fois…
Le temps est orageux au pays des Buggels Noz, peuple de petits gus aux grandes oreilles et longs pieds et vivant dans la forêt de Brocéliande, cachés des humains. Le grand Khoonseil, composé de cinq sages (dont le chef des armées, une vieille dame qui ressemble à Morano mais en pire, un intellectuel qui ponctue ses discours de formules mathématiques, etc.), s’inquiète de tunnels qui semblent être creusés par les Diddles Noz, cousins éloignés de nos amis qui habitent chez la perfide Albion. Pour vérifier la théorie de cette invasion en préparation, le Roy dépêche Kiriel et Kwill (qui n’ont pas vraiment le choix). Ceux-là ne sont pas au bout de leur surprise…
Critique du premier tome des Buggels Noz
Une amie a offert cette petite BD au fauve, plutôt porté sur les romans graphiques ou comics plus ou moins underground. Avec les Buggels Noz, sorte de djinns bretonnants et déconnants, on ne pouvait décidément pas composer plus mauvais casting. Voilà pour justifier la descente en règle qui va suivre.
Si l’histoire imaginée par Alan Simon est au premier abord plaisante et s’avère plus complexe que prévu (disons qu’il y a du gros complot dans l’air), j’ai hélas eu un mal de chien à entrer dans l’univers de l’auteur. L’intrigue, d’une part, m’a paru mal gérée dans la mesure où j’ai dû faire quelques allers-retours pour comprendre ce qu’il en est. Le début, notamment, dans le bar où un des héros se fait alpaguer par la police des mœurs, n’est pas ce qu’on fait de mieux comme entrée en matière.
Les dialogues, d’autre part, sont souvent fins, entre jeux de mots savoureux et remarques in petto (écrites en petit caractère, les déchiffrer tuent les yeux) qui sont autant de références à la culture anglo-saxonne. Sauf qu’avec le vocabulaire spécialement dédié aux Buggels Noz, ça devient plus que lassant.
Quant aux illustrations, Jean-Marie Michaud a décidé de faire dans le détail. Trop sans doute, le dessin est luxuriant et le lecteur attentif pourra passer plus de temps que prévu à décortiquer les nombreux clins d’œil présents. Les architectures sont bien rendues, et on peut saluer quelques beaux exercices de style, en particulier l’histoire des Buggels & Diddles racontés en mode « tapisserie de Bayeux ».
Pour conclure, une bande dessinée qui ne semble ni à la portée des plus jeunes (intrigue trop savante), ni des plus vieux (trop léger à mon sens). L’humour pince sans rire ne rattrape qu’à peine ce premier tome. Le Tigre est d’autant plus gêné aux entournures qu’il possède un exemplaire dédicacé des auteurs. Désolé les mecs.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La féérie bretonne est à l’honneur. Les galeries qui mènent à de fantastiques lieux, le fameux bois des maîtres (un arbre magique selon les lutins), l’interaction rare avec les humains, le jeu du scraatch (assez bien trouvé), il semble que le père Simon maîtrise parfaitement la mythologie celtique. Le félin a beau avoir des gênes de cette région, tout ceci ne m’a que moyennement parlé.
L’air de rien, ce premier tome contient une discrète critique du monde politique humain. Dès que quelque chose ne se passe pas comme prévu, tout prétexte est bon pour détrôner le bon gros roi en place et organiser des élections qui déchirent la populace. Entre la marâtre à pognes, le militaire incapable, le savant doux-dingue, le choix rappelle quelques scénarios de république (pas si) bananière. A la différence près que tout est truculent chez les Noz, il est difficile de les prendre au sérieux.
…à rapprocher de :
La bretonnitude dans toute sa splendeur, j’avoue n’avoir guère d’idées.
– Je ne sais pas combien de tomes sont prévus, et il y a fort à parier qu’on ne les retrouvera pas sur QLTL. Néanmoins, il n’y a que les félins imbéciles qui ne changent…
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.