Morris & Goscinny – Le Grand Duc

Dargaud, 46 pages.

Morris & Goscinny - Le Grand DucSur-titre : Lucky Luke. Il m’arrive d’exhumer de vieilles BDs, et les aventures de Lucky Luke et son cynique de canasson ont souvent ravi le jeune Tigre. Ici, le héros s’improvisera GO pour mettre dans de très bonnes dispositions un Russkof qui s’est mis en tête de visiter la partie ouest des États-Unis. Celle où la loi ne s’est pas encore bien implantée. La tournée des grands ducs wild west style peut commencer.

Il était une fois…

Lucky Luke est appelé à Washington afin de remplir une mission toute particulière – pour une fois, les quatre nains ne se sont pas échappés. En effet, son auguste Grand Duc Léonide, également connu sous le doux nom de Fedor Mikhailovitch Boulenkov, souhaite visiter du pays. Guide, garde du corps, gentil organisateur, diplomate, notre héros saura-t-il se montrer à la hauteur de ces nombreuses tâches ? [Tigre adore terminer sur des questions fermées digne du quatrième de couverture d’un roman à l’eau de rose]

Critique de Lucky Luke : Le Grand Duc

Encore une bande-dessinée extirpée de mon grenier, j’avais failli l’oublier ! Moins de 50 pages, dix minutes de lecture, emballez c’est pesé. Parce qu’un plénipotentiaire capricieux veut faire une tournée du pays, l’Amérique marchande s’exécute. Et oui, ce voyage est la condition sine qua non à la signature d’un contrat (je soupçonne que ce soit la vente de l’Alaska).

A cet effet, le héros, que le Grand Duc nomme Luxy Luxy (et Jompa Jompa, sic), mettra en place ce que, chez moi, on appelle du promène-couillons de grande classe. Inévitablement, la présence d’un tel dignitaire attire les convoitises (idée de juteux kidnapping) et ébauches d’assassinats. D’où le running gag avec un sombre complotiste, qui, par quiproquos successifs, foire toujours ses tentatives – en rageant le mot « Heдaya », qui au passage ne veut strictement rien dire dans la langue russe.

Concernant les illustrations, R.A.S. sur toute la ligne. Je dirais même que le gros Duc et son interprète au balais dans le cul sont attachants comme tout, il y a de l’enfantin dans Fedor Mikhailovitch. Un épisode de Lucky Luke qui, loin d’être le meilleur, se dévorera sans faim.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La Russie est à l’honneur, et son représentant principal s’en tire avec tous les honneurs. Car le Grand Duc n’est pas qu’un gros bourrin qui aime jouer à la roulette russe en braillant ses « FEDIA ! » à tout bout de champ. Cet homme est également un militaire accompli et un être aux manières exquises (quand il fait un effort). Son Altesse, avide de nouvelles expériences, fait parfois montre de largesse d’esprit (la vodka est vite remplacée par le whisky). Bref, un gentleman qui parvient à lier les deux cultures et mérite la sympathie du lecteur.

Puisque je parlais de visite guidée, il faut convenir que Morris a sorti le grand jeu. C’est l’occasion de notamment ressortir les moults stéréotypes associés au Grand Ouest. Les parties de poker pour décider d’une vente ; la ruée vers l’or ; le bar miteux tenu par un malfrat (mais une danseuse forcément gentilleette) ; sans oublier…l’inéluctable attaque des Indiens et la cavalerie qui, pour une fois, arrive à temps. Sauf que la plupart des péripéties sont fausses, Lucky Luke a créé l’équivalent, en nettement plus grand, d’un village Potemkine.

…à rapprocher de :

– Y’a tout un tas de Lucky Luke qui traine dans mes bibliothèques, pour l’instant Le Tigre n’a traité que Les Dalton à la noce ; Chasseur de primes et L’Amnésie des Dalton.

– Pour le versant négatif de cette aventure, régalez-vous avec Tintin chez les Soviets.

– J’ai récemment découvert que le Duc est une référence à Alexis Alexandrovitch de Russie, représentant aux States du gros Nicolas II dans la seconde moitié du XIXème siècle.

– Ce billet a été rédigé en regardant le film de 2009 avec un acteur français pourtant oscarisé. Comment dire ? Je n’ai rien contre les adaptations dites « libres », mais à un moment il faut arrêter de faire de la merde. Vous savez ce qui m’a rendu fou de rage dans tout ça ? Ce sont les mentions finales qui expliquent que la Communauté Européenne, France 2 et France 3 ont aidé à la création d’une telle infâme bouse. Ce film risque d’être l’évènement qui sera dans les livres d’histoire du 22ème siècle pour illustrer l’irréversible déclin de l’UE avant sa disparition. Comme j’ai décidé d’être poli, mes commentaires s’arrêteront là.

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