Morrison & Robertson – Happy !

Delcourt, 96 pages.

Morrison & Robertson - Happy !VO : idem. Un ex flic reconverti en tueur à gages, des disparitions de jeunes marmots, un noël qui s’annonce pourri pour tout le monde, ce n’est pas le genre de BD à lire entre deux prozacs. Scénar’ qui tient presque la route (connaissant Morrison, c’est un exploit), pas mal certes, mais sans la petite étincelle que deux auteurs d’exception auraient légitimement dû apporter.

Il était une fois…

Nick Sax n’est pas à la fête. Mais pas du tout : ancien flic ripou reconverti dans les exécutions sommaires, alcoolo de première, solitaire comme pas permis, il est presque normal qu’un de ses contrats parte en sucette. Sauf qu’il serait en possession d’informations sensibles, et en se réveillant à l’hosto avec une balle dans le bras on sent que rien ne sera plus comme avant. Tous le recherchent, et il ne se découvre que comme unique compagnon…un mignon dragon à la couleur bleue.

Critique de Happy !

Comme je l’ai dit, c’est correct. Néanmoins pas une claque, et corollairement j’ai immensément hésité entre qualifier cette chose de comics (c’est court et ça fait la part belle au n’importe quoi) ou roman graphique (car intimiste comme sait le faire Grant Morrison).

Rien que le début, waow c’était relativement bizarre, voire dérangeant : un mec dont on sait qu’il manque une case est en train de se faire pomper par une pute, le tout déguisé en blatte (sauf que je ne savais pas que c’était un déguisement en premier lieu). Ensuite, une putain de licorne (ou un dragon, Le Tigre n’est plus à un animal fantaisiste près), fait son apparition et aide notre héros à se tirer, sans heurts (ou presque), de l’hôpital après une mission qui a correctement dérapé.

Plus ou moins aidé d’une flic (McCarthy si j’ai bonne mémoire), Nick va devoir se pencher sur une très glauque affaire et notamment retrouver la petite Hailey (avec qui il a un lien assez fort). L’ambiance est sombre, les protagonistes donnent envie de se tirer une balle (avant que certains ne s’en chargent pour vous) et le fin mot de l’histoire à la fois classique et infiniment triste.

Le dessin, paradoxalement, n’est pas ce que j’ai préféré alors que la patte de Robertson sied parfaitement à cette BD : teintes de gris, aspect un peu brouillon, le tout serait déprimant dans l’ensemble s’il n’y avait pas un saisissant décalage entre cette morne réalité et le petit dragon bleu aux dents de lapin qui pétille par sa présence. Au final, intéressant à lire, toutefois nullement indispensable.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La mince frontière entre réalité et le fantastique est quasiment une constante de l’auteur, et c’est plutôt déroutant d’un certain point de vue. D’une part, ce foutu canasson bleu qui lui fait la morale et n’est visible que de lui, Nick se dit immédiatement que la perf’ de morphine et les autres médicaments le font planer sévère. Mais alors, comment cette chose peut être si omnisciente (jusqu’à l’aider à gagner au poker) ? Autre trait d’importance chez Grant M., le pouvoir insoupçonné de l’esprit humain.

La pureté, souillée dans tous ses recoins. Sans spoiler, il est question, au fil des pages de ce roman graphique, d’atteinte à l’innocence même pour contenter quelques pervers au pedigree plutôt flippant. De surcroît, il y a aussi le héros, flic qui a progressivement déchu à cause de son métier (alcool, cynisme, femme délaissée, infidélités,…) pour passer du côté sombre. Les auteurs vont même jusqu’à montrer le passé d’un homme autrefois charmant qui jouissait d’une belle gueule, en présentant sa lente glissade vers ce pitoyable résultat. A croire que seule la peluche a l’air d’être dans les clous de la moralité.

En guise de conclusion, tous ces thèmes pourraient faire dire à plus d’un lecteur : « la vie est une belle salope, heureusement qu’on peut rêver de temps à autre ».

…à rapprocher de :

– En fait, si j’ai acheté ce truc les yeux fermés, c’est bien à cause de Darick Robertson qui avait magnifiquement illustré la série Transmetropolitan. Une tuerie, cette saga.

– Robertson semble être dans tous les bons coups, s’étant occupé des illustrations de The Punisher : Au Commencement, juste parfait.

– De Morrison, Le Tigre a pas mal de titres en réserve. Je ne parlerai pas de ses interprétations du Batman (toutes sur QLTL), mais plutôt de Joe, l’aventure intérieure, où la frontière est rapidement violée. Dommage que je n’ai nullement accroché.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

3 réflexions au sujet de « Morrison & Robertson – Happy ! »

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