Neil Gaiman – Sandman : domaine du rêve

Delcourt, 100 pages.

Neil Gaiman - Sandman : domaine du rêveVO : Dream Country. Sandman, tome 3. J’ai (bêtement) commencé la série par ce tome, mais ça ne m’a pas empêché de prendre relativement mon pied. Quatre nouvelles, dont deux exceptionnelles, qui offrent au lecteur des bribes de la vie de la famille de Dream. Cette œuvre laisse réellement songeur, et vite comme beaucoup de Gaiman Le Tigre se demande « mais où va-t-il chercher tout ça ? ».

Il était une fois…

Caliopée prisonnière d’un auteur en manque d’inspiration, le rêve de puissance d’un chat, Shakespeare qui joue une de ses pièces devant un parterre de dieux, et enfin l’histoire d’une femme désirant avant tout mourir alors que cela lui est impossible. Quatre histoires, quatre nouvelles qu’on peut lire sans connaître l’univers onirique de Gaiman.

Critique de Sandman : domaine du rêve

Il s’agit du premier contact entre Sandman et le Félin. Pas loin de la révélation même si, sur les quatre nouvelles, hélas seules les deux premières m’ont réellement transporté. On peut donc oublier les deux autres. Notamment « Le rêve de mille chats » qui va ravir les félinophiles (hop, un mot de plus dans le dico).

Ces histoires, qui n’ont aucun rapport entre elles si ce n’est l’aspect « conte » avec morale à la clé et, parfois, l’apparition du fameux Marchand de sable. Celui-ci, un Éternel doté de pouvoirs qu’aucun humain ne peut appréhender, visite de temps à autres (à l’époque qu’il lui sied) les pauvres mortels que nous sommes pour, par exemple, 1/ libérer une muse prisonnière d’un écrivain à succès 2/ inviter ses amis éternels à assister à une petite représentations de théâtre – où certains des hôtes, légendaires, sont représentés dans ladite pièce.

Comme souvent chez Gaiman, le lecteur retrouvera l’inquiétude, le mystère qui plane sans que l’on sache si c’est mauvais ou non pour les protagonistes ; et bien sûr le rapport entre la puissance d’un dieu et le nombre de ses fidèles – nous ne sommes guère loin d’American Gods, du même auteur d’ailleurs.

L’auteur anglais maîtrise toujours aussi bien son sujet, son court roman graphique est à plusieurs titres superbe. En revanche, le félin est toujours moyennement fana des illustrations malgré ses indéniables qualités : le large spectre des couleurs chatoyantes est une vraie gâterie pour les yeux, quelques tableaux d’ensemble méritent qu’on s’y arrête plus de trente secondes,…hélas le trait est parfois approximatif (sûrement pour exciter l’imaginaire et souligner le domaine du rêve) et les dialogues peu lisibles (qu’est-ce que c’est écrit petit) pour jouir pleinement de cet ouvrage. Mais rien de fâcheux.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le succès, le processus créatif dans la nouvelle de Caliopée est tout simplement traité avec maelström. L’homme face à la page blanche qui a recourt à l’ignominie (violer une muse, quand même…) pour absolument composer, Sandman lui montrant comment on peut devenir fou à force d’idées (le pauvre homme écrit sur le mur avec ses mains ensanglantées puisqu’à court de stylo).

La poésie est omniprésente, notamment dans « le rêve de mille chats », où les félins aiment à croire qu’ensemble, par leurs rêves ils peuvent reprendre le contrôle de l’humanité. Infiniment juste et crédible lorsqu’on s’intéresse aux félins.

Quant à la représentation théâtrale que Shakespeare donne devant les démons et dieux sujets de sa pièce, on retrouve bien la philosophie anglaise du « globe », où le monde n’est qu’une pièce de théâtre. Par extension, on peut invoquer Guy Debord qui à juste titre nous expliquait que « tout n’est que spectacle » destiné à maintenir un semblant de cohérence et de référentiel connu pour le badaud. Bon là Le Tigre va peut être trop loin, mais c’est Gaiman qui a ouvert les hostilités….

…à rapprocher de :

– Sur les autres Sandman lus par Le Tigre et résumés sur QLTL, en vrac il y en a ici, , encore ici ou de ce côté.

– Le rêve d’un chat m’a fait penser à l’histoire de la ville des chats brièvement racontée dans 1Q84 de Murakami.

American Gods, puisque Le Tigre en parlait. 600 pages, achtung !

– La différence entre un chien et un chat : le premier, vu le traitement qu’il reçoit de ses maîtres (nourriture, soins, protection, amour,…), se dit que ceux-ci doivent être des dieux. Quant au chat, même constat, à la différence qu’il considère que c’est lui le dieu.

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