En l’an de grâce 1609, Samuel Champlain foule de ses grosses bottes l’Amérique du Nord avec une mission : occire certains Amérindiens pour renforcer l’alliance avec d’autres. Scénario presque inexistant (ou trop réaliste), personnages manquant singulièrement de charisme, heureusement qu’il reste les images envoûtantes. Pas mon genre hélas.
Il était une fois…
Nouvelle-France, début des années 1600. La ville de Québec ne représente qu’un modeste fort qu’occupe tant bien que mal une dizaine d’hommes venus d’Europe. L’hiver s’annonce particulièrement difficile, mais pas autant que le contexte politique de cet immense espace : les Iroquois ne se sentent plus pisser et mènent raids sur raids contre les autres peuplades vis-à-vis desquelles la France tente d’instaurer un climat de confiance – les intérêts commerciaux étant ce qu’ils sont. Pour cela, un certain Champlain sera chargé de venir en aide aux alliés amérindiens pour faire cesser la menace iroquoise…
Critique d’Iroquois
[la BD ayant été offerte par la sœur de la Tigresse, vous ne vous imaginez pas comment j’ai serré les fesses pour rédiger ce billet…]. Premier ouvrage du sieur Prugne lu, et la première remarque sortie de mon pétillant esprit fut « tiens, y’a qu’un seul nom ! ». En effet, Patrick Prugne est autant scénariste que dessinateur (et coloriste ?), et il semble qu’il a porté seul Iroquois jusqu’à les rotatives.
Commençons rapidement par ce qui a fait tilter votre serviteur : si l’illustrateur a commis un formidable travail, il en est différemment du scénariste. Comment dire…il n’y a pas vraiment d’intrigue originale, puisque celle-ci s’inscrit dans l’Histoire : l’arrivée de Samuel de Champlain, la manière dont il contraint le Basque (un pauvre contrebandier) à l’accompagner pour mener une guère contre des Indiens, les respects présentés aux tribus indiennes et la préparation de l’attaque contre les Iroquois, etc…tout ceci sous l’œil (et la narration) d’une jeune prisonnière locale qui n’apporte pas grand chose à l’histoire si ce n’est un point de vue autochtone et mélancolique sur la folie engendrée par les hommes.
Tout ce ramdam pour une misérable escarmouche. Et une fin qui n’en est pas une. Aucun coup d’éclat, certains passages excessivement longs, avouons-le : il y a risque non négligeable de piquer du nez entre deux pages. Heureusement que les illustrations arrachent ici et là un regain d’intérêt pour une bande dessinée qui tient plus d’un recueil pictural qu’à une aventure. Le dessin de Prugnet est précis et juste, le lecteur tenant entre ses mains plusieurs aquarelles qui se laissent davantage dévorer que les rares dialogues – certains étant dispensables. Ouvrez donc une page au hasard, et un mot vous viendra rapidement à l’esprit : solaire.
Au-delà de ces dessins d’une indéniable qualité, votre serviteur s’est plus d’une fois décroché la mâchoire face à une histoire dont le pitch tiendrait sur un reçu de paiement bancaire. Le Tigre soupçonne l’auteur d’être parti du principe que son lecteur a une idée relativement précise des circonstances entourant les quelques actions présentes (cf. paragraphes suivants). Sauf que ses tableaux certes somptueux tiennent plus de la nature morte que d’une bande dessinée vivante.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
D’une part, il convient sans doute de rappeler le contexte politico-économique de la présence française dans ces terres reculées. D’un point de vue politique, nous sommes dans ce qu’on peut nommer la gestation d’un long conflit. Car il était alors question de donner des gages aux Hurons, Alguonquins et autres Montagnais dans leur combat contre les Haudenosaunee (ou Iroquois), peuplade particulièrement violente adepte de la torture et autres délices guerriers pour foutre la trouille aux alentours. Ce que nos héros ne savent pas, c’est que leurs actions vont entraîner un terrible conflit qui durera quelques décennies. Tout ça pour quoi ?
…juste pour assurer l’approvisionnement en fourrures, produits de baleines et autres trucs dont raffole la métropole. Car le bon roi Henri IV n’a aucunement le projet de déplacer des milliers de ses sujets pour coloniser la zone. C’est pourquoi Saint-Laurent est, du moins dans cette BD, exclusivement composé de soldats testostéronés et quelques marchands (la ligne les séparant de la contrebanderie, à l’image du Basque, est laissée au jugement des puissants). Ainsi, très peu d’éléments sur la vie de tous les jours ou les tracas d’une colonie de peuplement. Seulement une intervention militaire un poil foirée et une présentation un tantinet terne de la manière dont vivent les Amérindiens.
…à rapprocher de :
…pour l’instant, et veuillez m’en excuser, le fauve n’a guère de choses à vous mettre sous la ratiche.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.