Robert Charles Wilson – YFL-500

Folio, 98 pages.

Robert Charles Wilson - YFL-500VO : idem. Deux courtes nouvelles du très imaginatif auteur de SF Wilson, Rien de grandiose certes, mais on reste en présence de deux petites histoires rondement menées qui ne laisseront pas indifférents. L’artiste dans le futur, l’identité d’un personnage dont le cerveau a été reconstruit, ça se lit vite et c’est plus qu’abordable pour le lecteur hostile à la SF.

Il était une fois…

Deux nouvelles donc : d’une part au XXIIème siècle, Gordon Fisk est un artiste bien particulier qui hélas ne rêve plus. Incapable de concevoir d’autres œuvres, il achète YLF-500, représentation d’un rêve fait par une femme qui l’a auparavant vendu. D’autre part, bien plus loin, sur une planète à l’environnement hostile, Chaïa se prépare à épouser un homme avec qui elle était marié avant son accident. Étant une dryade, son cerveau a été totalement reconstruit depuis et Chaïa a eu une vingtaine d’années pour grandir à nouveau.

Critique de YFL-500

Le Tigre aime bien Wilson, qui par ses nombreux romans le lui rend très bien. Toutefois j’ai été relativement déçu par ces deux nouvelles, qui du fait de leur leur taille font montre d’un manque d’envergure caractérisant l’écrivain (l’envergure hein).

Comme souvent chez cet illustre écrivain, ce n’est pas tant les descriptions des technologies et possibilités du futur qui sont abordées, mais les interactions sociales et états des personnages dans cet univers. A titre d’exemple, dans la première nouvelle, le progrès technologique permet l’existence de « Chomeville », cité où des individus ne sont plus obligés de travailler et vivent d’une modeste rémunération.

Quant à la seconde nouvelle, nettement plus « ésotérique »,on rejoint le style « hard science » avec les difficultés pratiques à évoluer dans un monde où l’ensemble de la faune / flore / air constitue une grave menace pour le corps humain. A cela il faut rajouter des considérations (assez obscures certes) sur l’esprit d’une planète et son comportement en tant qu’être unitaire. Assez proche de la théorie Gaïa, appliqué à un monde extra-terrestre, un peu comme Chiron dans le jeu Alpha Centauri (fin années 90).

Deux nouvelles à ne pas sauter pour le lecteur fan de Robert Charles Wilson, néanmoins lisons d’abord Spin et Axis ou Les Chronolithes pour mesurer les pleines capacités de l’écrivain. C’est sûr que pour moins de 100 balles euh pages (merci aux Inconnus), rien à dire.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La condition de l’Homme dans le futur. D’un côté on a une société qui semble basée sur l’hédonisme, les seuls personnages croisés sont soit des artistes soit de gentils hippie. Un docteur aussi, dont la déontologie laisse d’ailleurs à désirer. De l’autre côté (l’autre nouvelle), on a une société futuriste qui transforme le corps humain pour l’adapter à un autre environnement (ce qui reste plus simple que la terraformation). Société apparemment apaisée, transhumanisme, le futur de Wilson donne envie.

La page blanche de l’artiste. La première nouvelle présente un homme atteint d’un mal bien étrange : il ne rêve pas. Or les rêves sont la matière première de ses œuvres, issues du très intéressant courant le « transreprésentationnisme ». Artiste assez moyen au demeurant, le protagoniste principal ne va pas hésiter à acheter le rêve d’une autre, puis faire en sorte d’en « capturer » d’autres, et ce en cachette. La fin, légère, sonne le rappel du capitalisme et de la redistribution des « royalties ».

Les origines du monde vivant. Deuxième nouvelle, Isis est une planète à l’écosystème bien développé. Et dangereux. Une femme en fait les frais, et dans son agonie « délire » et parle de conscience planétaire, de liaisons intra-cellulaires entre les êtres vivants, et ce dans toutes planètes habitées. L’héroïne, qui commence à subir les mêmes symptômes, sera traitée comme si elle est atteinte d’un banal virus. Assez jeté, à la limite de l’ésotérisme, le lecteur pourra vite lâcher à la fin du roman tant c’est parfois obscur.

…à rapprocher de :

– La nouvelle Le mariage de la dryade semble être dans la lignée de Bios (même auteur), avec les manipulations génétiques effectuées pour survivre sur une planète hostile.

Le vaisseau des Voyageurs, du même auteur, se défend bien au demeurant (moins de SF). Spin, Axis, Vortex, c’est la trilogie à ne pas manquer. Quant à Julian, c’est certes plus long, mais un peu en deçà de ce qu’on peut attendre de Wilson.

La cabane de l’aiguilleur, autre nouvelle assez bien foutue de cet auteur.

– L’artiste en perdition, obligé de faire appel à la matière humaine pour créer, ça rappelle au Tigre Lorsque j’étais une œuvre d’art, d’Éric-Emmanuel Schmitt.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.