Robert Crais – Indigo blues

Pocket, 407 pages.

Robert Crais - Indigo bluesVO : Indigo Slam. Voilà nos deux détectives privés assez taciturnes (surtout un) qui jouent quasiment les baby-sitters contre des méchants à l’accent prononcé – entendez, les mafias étrangères sont les pires. Doubles jeux, surprises en veux-tu en-voilà, tout ceci est plutôt bien réussi. Il y a même une forme de beauté effrayante dans les pages de ce roman.

Il était une fois…

Elvis Cole, détective privé qui se la coule plus ou moins doucement à L.A., est sur le point d’accepter une clientèle bien particulière : il s’agit de Teri, adolescente plutôt futée à la recherche de son père. Accompagnée de ses petits frère et sœur (donc trois enfants), elle aimerait bien que Cole découvre où est passé papa Clark Haines, imprimeur de son état. [vous sentez le rapport avec des faux biffetons arriver ? Oui]. Notre héros, en mode pro bono (c’est-à-dire sans délivrer de facture), file à Seattle en vue de retrouver le père absent. Bien sûr, c’est un tantinet plus complexe que prévu.

Critique de Indigo Blues

Voici un des premiers romans de Crais que votre serviteur a tenu (très jeune) entre ses mains, et il faut dire que ça m’avait à l’époque ravi. Elvis Cole et Joe Pike, deux mecs plutôt différents mais agissant de concert avec intelligence dans des situations presque inextricables sous un soleil de plomb à la sauce californienne, ça vend du rêve.

L’histoire démarre très pépèrement avec trois enfants inquiets réclamant leur pôpa, ce qui ne manque pas de toucher une certaine fibre chez Cole (Joe Pike semblant, comme à son habitude, insensible). L’enquête commence donc à Seatlle, et dès le début le privé se fait salement alpaguer par un vilain russkov (nommé Markov) qui tient absolument à savoir où Haines Sr. peut être délogé. Après un sauvetage miraculeux, il apparaît que Haines n’est pas tout blanc dans la mesure où 1/ c’est un faussaire 2/ il cherchait à entuber ses criminels clients 3/ comme ça a dégénéré il a décidé de collaborer avec les schmitts. Chirac, à côté, reste un puissant modèle de stabilité idéologique.

Après une belle dose de retournements et l’apparition d’autres protagonistes (notamment la mafia viet, si si), Robert Crais offre un final qui demeure aussi classique que jouissif, à savoir une petite prise d’otages tout ce qu’il y a de familiale dans un parc d’attraction. L’écrivain américain a su produire quelque chose qui est un doublement bien foutu : d’une part, les chapitres s’égrènent à une vitesse fort plaisante, lire 400 pages ne m’a rarement semblé aussi aisé – et, pourtant, les personnages restent bien vivants. D’autre part, l’univers dans lequel Le Tigre a été plongé sait être sombre et glauque, l’envers de l’Amérique est ici crédible.

Mafias russes et vietnamiennes, violence omniprésente avec deux héros qui ont des burnes aussi lourdes qu’un hummer, dialogues non dénués d’humour (certes cynique), l’amateur de polar peut foncer sur ce type de romans, qui n’a point vieilli, tête baissée.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La famille est au centre du roman pour deux raisons au moins. Imaginez, le père est à deux doigts (non, il le fait carrément) de mettre sa progéniture en danger. Parce que l’ainée, par amour, engage un détective, elle ne savait pas qu’elle allait se retrouver entre de très mauvaises mains. Et ce à cause d’un père plus occupé à gagner des tunes que s’occuper de la chair de sa chair. Ensuite, un réflexe paternel apparaît (légitimement) chez nos deux héros que je n’imaginais guère dans cette configuration. Le peu causant Pike, en particulier, fait montre d’une humanité taiseuse mais efficace.

A toutes fins utiles (et c’est valable chez Robert Crais comme un Patterson), les faux semblants sont légion. Le personnage de Clark est un parfait exemple d’individu insaisissable et assez enclin à vous la mettre dès que vous lui tournez le dos. Ce n’est pas de la duplicité mais c’est tout comme – payer en faux billets notre gentil détective, il faut le faire. Dans un pays qui considère le papier vert comme un demi-dieu, l’activité de faussaire ne saurait échoir à un « bon » personnage, me direz-vous. En rajoutant un autre individu qui s’avère développer un double jeu (je ne spoilerai pas ici), Le Tigre n’a pu s’empêcher de voir une subtile (et, si ça se trouve, involontaire) remarque sur le thème de la confiance : confiance en les hommes, confiance en la monnaie, même combat ?

…à rapprocher de :

– Il fut un temps où votre serviteur avait bouffé la plupart des œuvres de Crais. Dans l’ordre de parution : L.A. Requiem ; Le Dernier Détective ; L’homme sans passé (mouais) ; Mortelle Protection (assez marrant, à découvrir) ; A l’ombre du mal ; Règle numéro un ; etc.

– Sans les héros habituels, vous avez Otages de la peur ( plutôt marrant) et Deux minutes chrono (à éviter).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Robert Crais – Indigo blues »

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