Snyder & Capullo – Batman : L’An Zéro 1ère partie

Urban Comics, 192 pages.

Snyder & Capullo - Batman : L'an zéroVO : Batman Vol.4 : Zero Year – Secret City. Batman #21-24 et Batman #0. Bruce Wayne encore jeunot, une bande de méchants pas vraiment identifiée, quelques fruits pourris dans la famille, rien de mieux pour redécouvrir Batman. Toutefois, l’opus manque clairement de cohérence, ça part dans tous les sens et s’y retrouver nécessite de bonnes connaissances de l’univers du chevalier noir.

Il était une fois…

Ça y est. Bruce Wayne revient à Gotham après cinq années d’absence (on l’a cru mort). Et y’a du boulot ! Non seulement un gang de mecs masqués en rouge foutent un daroi phénoménal dans la ville, mais en plus les Entreprises Wayne ne sont pas étrangères aux vilaines choses qui se passent dans le coin. Bruce, qui a de la rage à revendre, pourra-t-il remettre de l’ordre dans une ville haute en couleur où est, notamment, sur le point de sévir un savant qui répond au doux nom d’Edward Nygma ?

Critique de la première partie de L’An Zéro

Scott Snyder, dans son insondable ambition, s’est mis en tête de réécrire les origines du Batman. De là, deux choses à savoir : ce n’est pas que c’est le quatrième tome d’une série bien démarrée que ce qui précède sert à quelque chose. En un mot : on redémarre presque à zéro. Ensuite, Scott a voulu s’approprier d’autres titres tels que Batman : Année Un et Killing Joke (cf. les liens en dernière partie) pour imaginer un scénario plus bling-bling, c’est-à-dire où l’action la plus pure et le spectacle l’emportent sur l’aspect policier/noir.

Concernant l’histoire, Le Tigre a eu extrêmement peur au début. Notamment à cause du chapitre #21 qui porte sur un futur proche (quelques mois) avec une ville de Gotham recouverte de verdure. Plus généralement, il est quelques back-up (même si je sais qu’ils seront « soldés » dans le prochain tome) qui auraient pu être différemment amenés. Sinon, le reste concerne le fameux Red Hood dont les motivations, assez mystérieuses, sont révélées progressivement. Et Bruce Wayne (qui n’agit pas encore sous le masque batmanesque) a beau lui met des bâtons dans les roues, ça ne suffit pas. En outre, le héros en devenir doit remettre sur pie les entreprises Wayne : son oncle Philip n’est pas tout propre, et que dire alors d’un savant un peu fêlé nommé Nygma ?

Heureusement, face au flou scénaristique de cet opus, Greg Cappullo est resté sur quelque chose d’assez classique d’un point de vue des illustrations, c’est-à-dire que concernant le bonhomme ça reste excellent. Mieux : Dany Mikky (son encreur) a utilisé des tons plus vivaces (naïfs, même), offrant aux planches une teinte plus lumineuse. Pour ma part, les plans très rapprochés laissent au lecteur le soin d’admirer des personnages forts (Red Hood, particulièrement, qui a tout de l’anarchisme du Joker), toutefois plus de plans d’ensemble auraient été bienvenus.

En conclusion, c’est à mon sens un ouvrage destiné aux bons connaisseurs de Batounet, les références à l’univers étant nombreuses mais peu évidentes. Pour ma part, la première moitié fut assez difficile à apprécier, ce n’est que vers la fin (lorsque les évènements s’imbriquent dans une suite plus logique) que j’ai réellement raccroché les wagons et pris plaisir à suivre le nouveau Bruce, même si physiquement il n’a pas la même classe d’antan.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui est particulièrement attendu dans ce tome est la manière dont la « légende » des protagonistes nait. Le Joker (même si on ne le verra pas) et Edward Nygma y sont plus inquiétants que jamais, évoluant dans une ville corrompue comme autant de petits poissons dans l’eau. Brucie, à l’inverse, a tout au début du petit con qui va même jusqu’à se disputer gravement avec Alfred. Et son faciès trahit une jeunesse plutôt bourrin (coupe au carré, regard pas très futé), impression confirmée par ses premiers faits d’armes où les gadgets sont utilisés avec plus que de raison. Quant au choix de la chauve-souris comme emblème, la présence de cet animal sur une statue ne m’a que moyennement convaincu.

Après discussion avec un pote bien plus calé que Le Tigre en termes de comics, j’ai pris conscience que les éléments d’identification du héros sont assez basiques et empruntent énormément à la culture récente – notamment les films, par exemple l’ascenseur dans le manoir qui descend à la Batcave. Du coup, si des touristes tels que moi trouveront parfois obscurs les hommages à l’univers du chevalier, d’autres personnes plus aguerries n’hésiteront pas à dire que ce quatrième tome est une soupe populaire de Batman, un mash-up de petite facture qui se veut abordable à tous. A vous de voir où vous vous positionnez.

…à rapprocher de :

– Ce tome s’inscrit dans le reboot initié par les deux compères, qui commence par l’excellent Cour des hiboux et La Nuit des hiboux (ce dernier en-deçà de mes attentes). Puis le Joker débarque dans la place avec t oui. Quant au troisième, Le deuil de la famille, hélas c’est également dispensable – même topo hélas avec le tome qui suit de L’An Zéro.

– Les premiers pas de celui qu’on devine aisément devenir le Joker sont à rapprocher avec la version de cet ennemi dans le superbe Killing Joke, de Moore et Bolland.

– Puisque j’en parlais rapidement, si vous préférez quelque chose de plus aisé à lire et plus axé « polar », allez voir du côté de Batman : Year One (Année Un), par Miller & Mazzucchelli.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

8 réflexions au sujet de « Snyder & Capullo – Batman : L’An Zéro 1ère partie »

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  4. Je suis partagé sur cette aventure du Batounet, l’idée de départ est pas mal, hormis les flash foward dont on se demande ce qu’ils viennent réellement faire ici, la nouvelle genèse du Joker pourquoi pas, mais pourquoi est-il si méchant !
    Sinon d’accord avec toi pour le coté brouillon du scénar’, mais c’était déjà le cas avec le tome 3, j’attends le tome 5 pour voir. Mais clairement y a une baisse de régime depuis la fin des hiboux et une surenchère dans le tape à l’œil.

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