Stephen King – Shining, l’enfant lumière

Le Livre de Poche, 576 pages.

Stephen King - ShiningVO : The Shining. Un lieu enchanté où séjourne une famille heureuse, de bons souvenirs qui rejaillissent de cet endroit, un papa aimant et affectueux avec son petit garçon tout ce qu’il y a de plus normal,… non, oubliez tout ça. Allégorie de l’alcoolisme ravageur dont l’auteur souffrait, Shining est un correct condensé de ce dont est capable King – en bien comme en mal.

Il était une fois…

Jack Torrance a été viré de son emploi de professeur à la suite d’une altercation survenue notamment à cause de son addiction pour l’alcool. Un des membres du conseil d’administration, qui a des parts dans l’hôtel Overlook, lui propose de faire office de gardien pendant la saison basse, accompagné de sa famille. Sauf que cet hôtel a une personnalité propre malfaisante, et le don du fils de Jack n’est pas pour calmer ni le lieu, ni le père qui devient de plus en plus dingue.

Critique de Shining

L’enfant lumière, j’ai dû le découvrir très (trop ?) jeune, et restent seulement imprimées dans mon esprit quelques scènes de terreur pure, à l’instar de ces foutus arbustes qui prennent la forme d’animaux inquiétants. Aussi, pour les besoins du présent billet, j’ai relu en diagonale ce roman de presque 600 pages.

Le scénario est au demeurant classique, avec l’installation de la petite famille Torrance (le père, la maman Wendy et le gosse Daniel – Dany) et les recommandations du gérant pour bien s’occuper du lugubre hôtel. Dès le début, le lecteur sent que quelque chose ne tourne pas rond (certes, c’est souvent le cas avec King), notamment lorsque Dany se voit dire de ne jamais pénétrer la chambre 217, ou les élucubrations du cuisinier sur un certain shining. Très vite, il n’est pas difficile de se rendre compte que l’hôtel est salement hanté et susurre des mots doux à l’oreille de Jack (en plus de lui refiler des hallucinations, par exemple la vision de la vie d’avant dans la salle aménagée en bar) dont les pulsions meurtrières vont grandissant.

Sur le style, j’ai envie de dire que l’écrivain américain a produit un « ouvrage type », néanmoins j’ai trouvé celui-ci un peu trop long. Les nombreuses descriptions, particulièrement les flashbacks sur le passif de l’hôtel ou la vie de Jack (issu d’un père violent qui battait sa femme) auraient pu être rétrécies sans que l’ouvrage ne perde en qualité. Quant à l’aspect « flippage & Co », certaines recettes marchent toujours, avec comme point d’orgue la femme dans la baignoire qui se lève, lentement mais sûrement, vers Dany.

Pour conclure, ce roman, s’il a gardé de son efficacité, fait peut-être partie de ceux qui vieilliront le plus mal. Un énième Stephen King dont regarder le film pourrait sans doute éviter de se taper ce gros demi-millier de pages. Mais, si vous êtes fan (à l’instar de votre serviteur), ça passera comme une hache dans une porte en bois.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme je le disais, l’hôtel en tant qu’ennemi de la famille n’est que la personnification d’un mal plus banal qui est l’alcoolisme du père – d’ailleurs, c’est à cause de ce vilain penchant que Jacky se retrouve dans cette mansarde hantée. On y voit un homme progressivement déglingué par un mal qui ne fait pas que le détruire : Wendy et Dany trinquent rapidement à leur tour, si bien que la cellule familiale (déjà chancelante) se détériore à vitesse grand V avant une explosion de violence qui n’a d’égal que celle de l’hôtel.

Les effets de cette drogue, amplifiés par Overlook, amplifient un mal plus profond au sein de la famille, à savoir la jalousie qui règne – voire la rancœur. D’une part, il y a Wendy (qui a une relation particulière avec sa propre mère) qui se sent exclue de la relation entre le père et le fils. Elle pressent que son époux, fragile psychologiquement, se fait gentiment retourner le cerveau, et elle a peur pour son fils. L’hôtel utilise d’autre part la jalousie naissante du père en lui faisant croire que, en tuant Dany, Jack récupérera le don du shining – entendre des fragments de pensées d’autrui, voir le passé et d’autres choses invisibles de la populace, mais également une partie de l’avenir, et ce grâce à Tony, l’ami imaginaire du gosse.

Le père qui, sous l’emprise d’un état alcoolique, en vient à vouloir éliminer son enfant, voilà la vraie horreur.

…à rapprocher de :

– La suite, Docteur Sleep, sortira bientôt en format poche.

– De King, Le Tigre a lu énormément. Voici quelques titres en vrac : La Tour sombre (l’incontournable) la Trilogie Ça (la référence) ; Les Tommyknockers (un peu trop long, et le thème de l’alcool est remplacé par la drogue), Carry, Dreamcatcher (la jeunesse sacrifiée est aussi prégnante), Cujo (pas mal, mais peu flippant), etc.

– Au demeurant, l’adaptation ciné, avec le grand Nicholson, mérite largement d’être visionnée.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Stephen King – Shining, l’enfant lumière »

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