Tom Sharpe – Le bâtard récalcitrant

10/18, 285 pages.

Tom Sharpe - Le bâtard récalcitrantVO : The Throwback. Roman relativement court de Tom Sharpe, maître de la comédie burlesque outre-Manche, Le bâtard récalcitrant n’est néanmoins pas le titre que Tigre mettrait en avant de la part de cet auteur. Absurde et drôle certes, mais mâtiné d’une certaine trivialité qui m’a rebuté plus d’une fois.

Il était une fois…

Lockhard Flawse est un bâtard dont la jeunesse est très particulière : il est élevé par un grand-père doux dingue qui en a fait une machine de guerre intellectuelle de belle facture. Réciter des tables en latin, polyglotte de combat, vive intelligence, hélas dans cette éducation oldschool manquent les choses du sexe. Ainsi, quand le jeune Flawse tombe amoureux et se marie, va y avoir comme un léger souci.

Critique du Bâtard récalcitrant

Tom Sharpe est un excellent auteur qui sait rendre ses oeuvres cocasses et à l’humour truculent. Toutefois, Le Tigre qui a lu un beau paquet de celles-ci s’est fait de moins en moins patient, et Le bâtard récalcitrant m’a déçu de la part de cet écrivain.

L’histoire n’est pas si importante en fait, même s’il faut expliquer de quoi il retourne : le bâtard en question, protagoniste au passage, se marie alors qu’il n’a aucune idée des devoirs maritaux charnels qu’il est sensé prodiguer. Il vit donc avec la chasteté d’un moine jusqu’à ce qu’un obscur héritage (du côté de sa femme si me souviens bien) vienne foutre le bordel dans son existence déjà précaire.

Comme toujours chez Sharpe, ce sont les multiples petits « à-côtés » qui vont ravir le lecteur : comique de situation, dialogues décalés, anecdotes cocasses, tout cela servi par une narration légère et un style relativement plaisant. Sauf que cette fois-ci, j’ai eu l’impression que l’auteur anglais ne s’était pas foulé dans le burlesque. Le héros improbable, le gabarit excessif des intervenants (y’a des curiosités de la nature, aussi bien le bâtard que son entourage), difficile de ne pas verser dans le n’importe quoi avec ces quelques ingrédients.

Au final, un peu gavé de tout cela, les trente dernières pages ont été parcourues à la va-vite. Le genre de roman qu’on n’est pas obligé de finir pour se faire une idée bien arrêtée, contrairement à d’autres bouquins du père Sharpe qui valent le coup d’oeil de la première à la dernière ligne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’éducation « rétrograde ». J’ai cru noter (peut-être à tort) un léger foutage de gueule concernant les affres de l’éducation à l’ancienne. Le héros est un savant de première, il théorise comme un cartésien de compèt’, et pourtant…face aux choses simples de la vie (notamment procréer), il n’est plus là. Et ses réactions excessives (à la limite de l’ignoble) au cours du roman seraient-elles une pique sur les principes de la stricte éducation victorienne poussée à son comble ?

Ce titre est le parfait exemple de jusqu’où un auteur peut aller dans le comique sans gonfler le lecteur. Comme dans Wilt, Tom Sharpe a produit ce que je nomme « la farce constante ». Il ne s’arrête pas, chaque péripétie est l’occasion de sortir les gros sabots et vouloir faire rire le lecteur. Sauf que si vous avez avalé deux romans de cet acabit la semaine précédente, un dernier pour la route ne passera pas. J’en ai conclu que Sharpe devait se lire à dose homéopathique, c’est-à-dire attendre un mois entre deux titres, au risque d’être passablement gavé.

…à rapprocher de :

– Comme je le disais, Tigre s’est plus marré avec cet auteur dans Mêlée ouverte au Zoulouland suivi de Outrage public à la pudeur.

– En revanche, le dernier titre de Tom Sharpe fait montre d’un essoufrment tout manifeste. C’est le regretté Gang des mégères inapprivoisées. Dispensable.

– Le personnage cultivé et pas du tout porté sur le sexe, c’est un peu Ignatus dans La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. De la farce de haut vol qui n’a rien à voir avec Sharpe.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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