« Salut Tikkeri, ça biche ? Toi qui sais bien mieux lire que chanter, ça te dirait de redorer le blason de la noble Scandinavie ? Faut juste que tu balances les noms de quelques auteurs du cru particulièrement connus pour leurs romans policiers, ça ira ? A plus. Signé : ABBA. PS : arrête de harceler nos chanteuses, espèce de vieux pervers ».
Douze écrivains venus du froid
Parlons d’abord géopolitique : nordicité n’est pas synonyme de scandinavité, qui théoriquement regroupe seulement la Suède et la Norvège. Aussi, lorsque Le Tigre évoque les Scandinaves, il pense également aux Danois, leurs cousins Groenlandais (histoire de les garder arrimés à l’UE), les Finlandais et même les Férigiens – 50 000 habitants à la dernière pesée. Quoiqu’il en soit, les éditeurs et lecteurs ont rapidement extrait de leur base de données de polars ceux écrits par les habitants de ces contrées.
Cette extraction est faite à juste titre, car après avoir lu des dizaines de polars de ce genre, voici ce que le fauve retrouve souvent (dans le désordre) :
– Un écrivain né dans les années 50 (d’après ma modeste expérience) ;
– Un même héros dans les bouquins qu’on prendra plaisir à voir évoluer ;
– Héros bourru, flic ou ex-flic et ayant un vice qui en fait presque un marginal ;
– Des scènes d’action limitées, la matière grise du protagoniste (qui ne pète pas la forme) étant plus efficace ;
– Critique acerbe de la société dont le verni s’écaille gravement, avec des méchants ayant un rapport avec le pouvoir ou l’argent ;
– Travail de qualité sur l’unité de lieu – dépaysement garanti, temps déprimant qui s’accorde avec les protagonistes ;
– Travail de qualité sur l’unité de temps – descriptions d’un pan de l’historique du pays immersives ;
– Des noms de protagonistes à coucher dehors.
Vous trouverez donc une douzaine auteurs venus du grand nord (rien à voir avec des Ch’tis) et qui ont su montrer leurs preuves. Je n’en ai pas lu énormément, et à mon sens il y en a un peu trop dans les étagères des librairies. Pour le choix ci-dessous, j’ai fureté dans ma bibliothèque, demandé à quelques sommités intellectuelles (mon chat) de m’aider, et regardé qui a gagné le Prix Clé de verre – récompensant les auteurs scandinaves de littérature policière.
Tora ! Tora ! Tora ! (x4)
1/ Stieg Larsson
Le voilà, le responsable. Décès prématuré ou saga Millenium au succès insolent, Tigre ne sait pas qui de l’œuf ou de la poule a ouvert les hostilités. Au demeurant, l’auteur suédois aux idées généreuses (antifasco/raciste/extrémiste) a contribuer à grandement populariser les écrivains nordiques – du moins dans l’Hexagone. Je mets volontiers cet auteur en premier choix dans la mesure où je n’ai lu (ni ne compte lire) aucun de ses romans.
2/ Henning Mankell
Mankell, c’est un peu la base, un Marie Higgins Clark suédois dont la bibliographie impressionne par sa taille et la récurrence du héros principal, Kurt Wallander. Le lecteur évoluera dans un univers cohérent, entre Ystad et d’autres bourgades franchement déprimantes où le bon commissaire, avec une méticulosité toute militaire, va mener ses enquêtes. Pour ce que j’ai lu, je m’étais un poil ennuyé (par exemple avec L’homme qui souriait).
3/ Arnaldur Indriðason
A peu près mêmes remarques qu’avec Mankell, en remplaçant Wallander par Erlendur Svensson et ses problèmes de famille (notamment sa toxico de fille). A la différence d’Henning, Le Tigre s’est bien régalé (ici, là ou encore par ici). C’est dingue comme l’Islande, petit pays s’il en est, parvient à pondre des artistes complets – Arnaldur, Sigur Ros, Bjork, etc.
4/ Jo Nesbo
La Norvège à l’honneur avec des romans plus corrosifs grâce à l’inspecteur Harry Hole, caricature de flic alcoolo et clopant comme un pompier cancéreux. Le truc sympa avec cet écrivain est qu’il fait voyager son personnage principal aux quatre coins du monde – à se demander ce qu’un pauvre flic d’Oslo a le droit de faire en Australie… Faudrait que j’en résume quelques uns sur QLTL d’ailleurs.
5/ Maj Sjöwall et Per Wahlöö
Un couple d’écrivains, ça ne court définitivement pas les rues (Nicci French, à la rigueur). Mus par la volonté de monter l’envers du décor suédois, les tourtereaux ont produit une dizaine de polars (un par an environ) dès le milieu des années 60. Le héros récurrent est ici Martin Beck, encore un flic. Si on ne m’en a dit que du bien de ces auteurs, c’est que ce doit être une valeur sûre.
6/ Camilla Läckberg
[elle a l’air plutôt mignonne, ce qui ne gâche rien] Étoile montante des années 2010, Camilla s’est fait connaître en France grâce à La princesse des glaces, qui a eu un succès conséquent. Ce roman a introduit deux héros que le lecteur pourra retrouver par la suite, souvent sur fond de mystères à l’échelle d’une petite communauté. Pas sûr que ça me plaise vraiment, mais je garde cette référence dans un coin de ma tête.
7/ Gunnar Staalesen
Presque des romans sociétaux avec le détective Varg, ancien flic qui a tapé un peu trop fort sur un suspect. D’après ce que j’ai compris, la plupart des intrigues naissent dans la ville norvégienne de Bergen (et peuvent s’étendre autour), cité qui serait presque l’héroïne des romans à mesure que le lecteur la voit évoluer. Pour ma part, je me suis arrêté à La femme dans le frigo, qui m’avait bien déçu.
8/ Karin Fossum
Encore un auteur Norvégien multirécompensé, encore un inspecteur récurrent (Konrad Sejer de son petit nom), encore des livres que je n’aurais jamais le temps de lire. Si Le Tigre a mis la petite Karin dans le présent DDC, c’est parce qu’elle a déjà plus d’une vingtaine de romans à son actif. C’est donc loin d’être une touriste littéraire.
9/ Åke Edwardson
Un Suédois (né dans les années 50) qui met en scène un commissaire de police à Göteborg…attendez voir…ce serait presque du Henning Mankell, d’ailleurs les critiques le comparent souvent à ce dernier – pas sûr qu’il en sorte grandi.
10/ Leena Lehtolainen
La Finlande, pour changer. La dame fait montre d’une intimidante bibliographie (peu traduite en FR), notamment un premier roman publié à 12 piges. Relisez les cartes postales de classe de neige que vous envoyez à vos parents, et imaginez que cela vaille la peine d’être publié. Moi non plus. Si vous vous demandez, je n’ai rien lu non plus d’elle, et sa présence répond à des impératifs de double quota : une femme (la parité n’étant pas atteinte) finnoise (Norvège et Suède très représentées).
11/ Håkan Nesser
[J’avant-termine par cet auteur qui a longtemps habité à Uppsala, ville étudiante où Le Tigre a sévi pendant de torrides weekends]. Au milieu des années 2010, Håkan N. avait une dizaine de romans à son actif, dont certains (des dires de mon libraire) tout à fait corrects. A l’image d’un Stieg Larsson, certaines de ses œuvres ont été adaptées à l’écran, et j’espère sincèrement qu’un producteur à Hollywood ne réitérera pas la catastrophe d’adaptation américaine que fut Millenium.
12/ Arto Paasilinna
La plaisanterie pour la fin, comme toujours. Comme beaucoup d’écrivains cités plus haut, il faut savoir qu’Arto aime verser dans différents styles – même si la comédie s’invite plus que de raison. Et, de temps à autre, ça prend la forme d’une délicieuse enquête, voire de quelques décès (bien mérités dans La douce empoisonneuse) dans un pays où le gap générationnel paraît prononcé. Je suis sûr que si on lui demandais, Arto nous pondrait séance tenante un roman policier de qualité.
Mais aussi :
Le félin s’aperçoit qu’il n’a pas grand chose à dire sur la plupart de ces écrivains, à ma décharge j’ai été rapidement gavé par leurs écrits – j’ai fait une overdose en 2006. En outre, lorsque je recherche un polar nordique, j’ai ses propres réflexes qui font que je ne regarde que du côté de certains éditeurs – Folio Policier, 10/18 par exemple. Sans compter que je ne les lis qu’en poche. Du coup, je dois rater pas mal de belles lectures. Tant pis.
Sinon, en cliquant dans la sous-catégorie Scandinavie (ici), il y a de forte chance pour les ouvrages proposés sur ce blog soient des policiers.
[à part ça, je suis bien content d’avoir (partiellement) évité toute remarque d’une triviale grivoiserie autour des belles scandinaves]
Tu n’as jamais lu Jonas Jonasson ? Ça prend pas la tête c’est bien écrit et c’est rigolo. J’ai lu ses 2 le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et l’analphabéte qui savait compter
Toi, tu ne lis pas assez mon blog ^^ : http://www.quandletigrelit.fr/jonas-jonasson-le-vieux-qui-ne-voulait-pas-feter-son-anniversaire/