Neil Gaiman – American Gods

J'ai Lu Fantastique, 603 pages.

Neil Gaiman - American GodsVO : idem. Classique de Gaiman (pas vraiment un chef-d’œuvre comme tend à nous le vendre la couverture) qui reprend, à son compte, le rêve américain en dressant un tableau sombre et poétique du pays. Des dieux s’affrontent pour avoir la mainmise sur le territoire, au milieu de tout ça un pauvre mortel qui n’a rien demandé à personne. Pas mal.

Il était une fois…

Ombre est un Amerloque tout ce qu’il y a de moyen, le décès de son épouse en plus. Le bordel commence lorsque dans le vol qui l’emmène à l’enterrement il rencontre Voyageur, personnage mystérieux qui lui demande d’être son garde du corps. Est-ce un ancien dieu plus ou moins déchu, un doux dingue ou un fabuleux arnaqueur ? Qu’est-ce qu’être son garde du corps ? Poussé par la curiosité notre héros accepte, et va vite être au centre d’une guerre qui fait rage entre héros mythologiques de l’ancien monde (provenant d’Europe) et nouvelles idoles de l’Amérique (internet, les transports modernes, le consumérisme, etc.).

Critique d’American Gods

Ce fut, après Neverwhere qui ne m’avait pas plus enchanté que cela, une des premières découvertes de Neil Gaiman. Ouvrage assez long (près de 600 pages) et peu aéré, le lecteur devra s’accrocher surtout en milieu de parcours.

En effet, si le scénario est relativement réussi, avec aux États-Unis les dieux de l’ancien temps et les nouveaux (cinéma, internet,…) qui se tapent correctement sur la gueule, Le Tigre avait quelque peu baillé vers la 350ème page où le tout semblait avancer à un rythme de sénateur. Heureusement que la fin offre un petit retournement relativement imprévu, avec un protagoniste (j’évite de spoiler autant que faire se peu) qui tirait toutes les ficelles depuis le début et à dont la tuerie entre dieux l’arrange bien.

Comme toujours chez Gaiman, un pauvre gus sans pouvoirs (quoique…) est embrigadé dans ce bordel, offrant un témoignage abordable et assez marrant à certains moments. Car certaines divinités (Odin comme escroc, Saba une vulgaire pute) ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes et leur vocabulaire (souvent ordurier) s’en ressent largement. On en profite également pour revisiter la théologie mondiale avec des individus (le Baron Samedi par exemple) qui donnent envie d’en savoir plus sur certaines croyances.

Pour conclure, un bon classique de l’écrivain, récompensé de nombreuses fois. A juste titre certes, mais si vous ne connaissez pas Gaiman, préférez De bons présages (coécrit avec Pratchett) ou Anansi Boys, qui possèdent une charge humoristique plus élevée.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les dieux et comment ils vivent. Comme dans les Sandman du même auteur, le principe est qu’un immortel a un « potentiel déité » proportionnel au nombre d’humains qui le vénèrent. Alors quand par exemple Anubis ou La Reine de Saba n’engrangent plus beaucoup d’initiés qui les invoquent dans leurs prières, ils doivent presque mettre en œuvre leurs propres scènes de louanges : le père Anubis est un misérable croque-mort continuant ses rites de passage ; Saba une prostituée de luxe demandant à ses clients de l’adorer avant de les « avaler » par le vagin. Bien pensé.

Les anciennes et nouvelles « religions ». Ce roman est aussi une modeste étude sociologique sur les occupations de l’Américain contemporain. Si les premiers colons ont débarqué avec leurs croyances (et leurs gros sabots, mettant à mal les dieux amérindiens) et divinités qui souvent les ont accompagnés, force est de reconnaître qu’à part quelques furieux évangélistes le temps passé par le citoyen U.S. s’est rapidement déporté vers des loisirs plus funs. Ainsi sont apparus les dieux de l’informatique, du cinéma ou de la consommation, personnages suffisants et parfois obèses qui croulent sous les offrandes d’un peuple plutôt excessif.

…à rapprocher de :

– Avec d’autres créatures encore plus sombres, dans un Londres onirique, il y a le très connu Neverwhere. Sinon, Anansi boys ou De bons présages se défendent plus qu’honorablement.

– Le Tigre évoquait les Sandman, notamment Brief lives ou Domaine du rêve. Des BDs, attention.

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2 réflexions au sujet de « Neil Gaiman – American Gods »

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