Oliver Sacks – L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau

Points, 312 pages.

Oliver Sacks - L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeauVO : The Man Who Mistook His Wife for a Hat. Conseillé par un ami psy, Le Tigre a adoré découvrir ces anecdotes médicales sur le territoire, encore méconnu, du cerveau humain. Anecdotes terrifiantes car réelles. Le profane comme le neuropsychologue (et psychiatre) trouvera son compte.

De quoi parle L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, et comment ?

Olivier Sacks, célèbre neurologue anglais, est un auteur assez conséquent dont vous faire la biographie intégrale serait inutile. Il convient juste de signaler que le monsieur (né dans les années 30, donc il en a vu) est connu pour mettre à portée du profane certains dérèglements observés dans son métier tout en restant scientifiquement rigoureux.

Ici, 24 chapitres, autant de « cas » psychologiques que le bon docteur nous narre avec une simplicité accessible. Accessibilité certes, mais derrière chaque histoire il y a les explications, du moins les hypothèses, neurologiques (que ce soit psycho /bio/…) qui  sont souvent incompréhensibles. Sans que cela gâche la lecture.

Le Tigre a parfois ri (c’est grave docteur ?) ; mais a surtout compati pour le patient, qui n’a souvent pas totalement conscience de son état, et ses proches qui font face à une épreuve à laquelle personne n’aurait pu être préparé. Configurations du cerveau extraordinaires qui entraînent des effets qui ne le sont pas moins: croire qu’une de ses jambes n’est pas la sienne ; impression d’être constamment « hors » de son corps,…

En fait, n’importe qui devrait aimer (globalement) lire cet ouvrage, surtout que lire les chapitres dans le mauvais ordre ou en zapper ne portera aucun préjudice (pas de suites réellement logiques pour le profane).

Ce que Le Tigre a retenu

Je vais vous faire grâce de résumer les 24 patients, j’en retiendrai quelques uns (avec mes mots à moi, attention) :

Je ne peux passer du patient à l’origine du titre. Le pauvre homme reconnaît les formes, mais impossible de déceler les visages et mettre un nom dessus (même le sien). Alors une fois, voyant la chevelure de sa femme (forme arrondie au dessus d’une tête), hop il croit que c’est son chapeau. A part ça, pour reconnaître les objets du quotidien, il y associe une odeur, leur place habituelle,…

Le très original cas de Jimmy, dont la mémoire s’est bizarrement stoppée à la fin de la seconde guerre mondiale, lors de sa démobilisation. Depuis (on est dans les années 70 dans le cadre de ce récit il me semble), Jimmy pense qu’il a à peine la vingtaine et ses souvenirs d’avant ce « trauma » datent selon lui d’hier. Il ne retient rien depuis la fin de la guerre, sauf ce qui date de moins de quinze minutes.

Un dernier pour la route : le cas des jumeaux autistes. Je me souviens spécialement de ce chapitre où l’auteur tente de nouer un dialogue avec ces deux personnes jugées attardées. Les frangins ont des capacités de calcul (notamment en rapport avec les nombres premiers) phénoménales. Alors Sacks s’assied à côté d’eux (avec une table des grands nombres premiers en guise d’antisèches) et tente de participer à leur « discussion ». Chacun lâche un nombre premier, toujours plus grand, les jumeaux savourent les choix du neurologue, jusqu’à ce que ce dernier n’aie plus de nombres assez élevés.

…à rapprocher de :

– Si Le Tigre a fini par les jeunes autistes, c’est pour bien sûr faire le lien avec Le bizarre incident du chien pendant la nuit, de Haddon. Avec quelques maths.

– Le cerveau qui déconne dans les grandes largeurs, on pense à Improbable, d’Adam Fawer.

– L’histoire de Jimmy, poussée à son comble : imaginez une personne qui chaque jour se réveille 24h plus jeune, avec les souvenirs cohérents avec ce nouvel âge. C’est ce qui arrive à une des protagonistes de la saga de Simmons, Les Cantos d’Hypérion.

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4 réflexions au sujet de « Oliver Sacks – L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau »

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  4. Je constate que nous avons été marqué par les mêmes cas. L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau est assurément un livre à lire. Je découvrirai volontiers l’ouvrage d’Haddon ! Merci pour l’info !

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