Pierre Clostermann – Le Grand Cirque 2000

J'ai Lu, 665 pages.

Pierre Clostermann - Le Grand Cirque 2000Sous-titre : mémoire d’un pilote de chasse FFL dans la RAF (tant qu’à faire, pourquoi ne pas rajouter ses médailles ?). Un homme au parcours exceptionnel, des missions terribles et édifiantes, hélas ce n’est pas vraiment mon style : long, parfois lourd, quelques considérations politiques auxquelles je n’adhère pas totalement, Tigre n’a pu hélas finir Le Grand Cirque.

De quoi parle Le Grand Cirque 2000, et comment ?

Le grand cirque, c’est l’expression donnée au joli fatras qui se déroule au-dessus des soldats au sol quand ils voient passer une pétée d’avions qui se foutent sur la gueule. 2000 parce que le bouquin a fait l’objet d’une réédition avec quelques menus ajouts diligentés par Pierre Clostermann en personne, encore très alerte à cette époque.

Clostermann, selon l’éditeur, est : « né en 1921. Troisième As de l’aviation alliée, il se voit attribuer le titre de premier chasseur de France par le général de Gaulle. Promu au rang de grand officier de la Légion d’honneur à trente ans, élu député à huit reprises, il est aussi un écrivain de talent. Spécialiste.. » stop, on arrête là, ce n’est pas, pour ce roman, un grand auteur. Juste quelqu’un qui a eu l’intelligence de noter ses aventures sur un carnet et la patience (l’envie surtout) d’en faire un gros pavé.

Le Tigre fut sacrément enthousiaste au début : un jeune pêchu, qui en a dans la caboche et dans le slip, n’en peut plus de voir la France s’abaisser avec l’ennemi et décide de partir d’Amérique du Sud pour rejoindre les Forces Françaises Libres. Ses capacités de pilote seront rapidement reconnues (le héros étant plutôt impatient) et il faudra pas long pour qu’il se fasse plaiz’, un Spitfire entre les pognes, à raison de plus de deux sorties quotidiennes. Le quotidien d’un pilote de l’époque, l’immersion est presque parfaite.

Toutefois, dès les premières pages je sentais que le personnage allait y aller de considérations plus « politiques ». Ça n’a pas manqué, et c’est fort dommage : quelques piques contre les politiques (Monnet « l’Européen » par exemple), des confrères (Saint-Exupéry), voire des remarques très personnelles qui n’ont pas leur place dans l’essai. Pierrot est gaulliste jusqu’au bout des ongles, et j’ai eu l’impression que ça se remarquait. Sur 7 chapitres, je n’ai pas dépassé le quatrième. Sachant que le dernier porte sur ce qu’il a accompli entre la seconde guerre mondiale et aujourd’hui, Le Tigre ne regrette rien.

Comme le dit le héros, tous les récits de combat tendent à se ressembler au bout d’un moment. D’où une certaine lassitude. Bref, si je ne mets pas la pire des notations, c’est avant tout pour des raisons de considération vis-à-vis d’un grand homme.

Ce que Le Tigre a retenu

D’abord, il faut avouer que l’art de la guerre aérienne, à l’époque, était une sacrée vocation. Ce n’est point uniquement de la haute voltige et chopper plus facilement dans les bars, car il faut : être bon en maths ; bénéficier une mémoire de dingue (codes secrets à apprendre, cap à gérer) ; avoir le cœur bien accroché ; et surtout la rigueur toute militaire qui est plus que justifiée. Les mecs sont exceptionnels, point barre.

Ensuite, le tribut payé par ces guerriers éthérés (oh c’est zoli ça). Sur une classe de jeunes pilotes, beaucoup (pour ne pas dire une belle majorité) tombera au combat. Il n’y a pas que ça, certains petits à-cotés sont très flippants. Les brûlures quand on se sort d’un crash, ou la fatigue exacerbée (exemple du commandant Mouchotte qui finit par y passer). Même notre héros est à deux doigts de la dépression et est « éloigné », le temps de prendre du repos. A force de carburer aux amphétamines, c’est presque intriguant qu’il n’a pas évoqué d’autres effets secondaires.

Le respect de l’adversaire. Ah, je ne vous avais pas dit, mais y’a pas mal de photos d’époque qui peuplent le roman. Quelques pilotes allemands sont présents, en sus M. Clostermann n’hésite pas à parler de ses adversaires. Faut dire que la Luftwaffe était relativement peu nazifiée (la croix de fer sur l’empennage est d’ailleurs restée après le conflit), et j’imagine que quand on se bat à de tels niveaux il doit y avoir une sorte d’empathie supplémentaire qui se développe (entretenue par le sentiment d’être un combattant à part).

Dernier point qui m’a marqué, c’est la manière de compter les Focke-Wulf ou Messerschmitt détruits. Il ne suffit pas de dire « je l’ai touché, il est en flammes ! », la meilleure preuve est la caméra embarquée (qui s’active de concert avec la mitraillette) qui ne laisse plus de place au doute. Sachant la production de chasseurs et bombardiers (les fameux stukas, notamment le Junkers) annuelle, savoir exactement combien on en avait zigouillé était primordial. Les Américains n’avaient pas cette rigueur, et leurs statistiques reposaient sur des témoignages peu exploitables.

…à rapprocher de :

– Question BD, la bande d’aviateurs frenchies qui ont aidé les Soviétiques (la division « Normandie ») se rencontre dans Étoile rouge, Brugeat et Toulhoat. Sympa, sans plus, mieux vaut découvrir le roman graphique à la base de l’uchronie.

– Du côté oriental, en BD encore (ça ne fait pas sérieux, je sais), j’ai eu souvent les images de Banzaï ! en tête (de Dupuis).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

3 réflexions au sujet de « Pierre Clostermann – Le Grand Cirque 2000 »

  1. Bonsoir le Tigre,

    Une info qui me tient au cœur au sujet de M. Pierre Clostermann c’est qu’il avait adressé une lettre personnelle aux pilotes Argentins lors de la Guerre des Malouines pour leur dire toute son admiration pour eux, leur courage, leur bravoure et leur adresse. Cf. lien ci-joint sur le site de la Force Aérienne Argentine:
    http://www.fuerzaaerea.mil.ar/conflicto/reconocimientos.html.

    Bonne dimanche !

    Cdt,

    Damián

    • Merci pour l’information, dommage que je ne parle que rarement (sobre du moins) espagnol. Une conception particulière de la guerre, très humaniste (si ces deux termes peuvent aller ensemble) grâce entre autre à la distance entre les aviateurs ennemis.

  2. Ping : Brugeas & Toulhoat – Etoile rouge | Quand Le Tigre Lit

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