Encycatpedia Vol.XXI : quel goût a un chat

Le Tigre Editions, pas de pages.

EncycatpediaLe Tigre ose tout, et c’est à ça qu’on reconnaît un félon..euh félin. Au risque de perdre quelques lecteurs, je vais aborder un sujet délicat – autant que la viande de chat. Déjà, pourquoi est-il possible de manger un tel met ? Tout est question d’acceptation et de curiosité. Ensuite, quel goût a cette viande ? Bœuf, veau, lapin, chien, poulet ? Cela dépend de la qualité du produit. A table les amis.

Peut-on manger du chat ?

Pour un sujet touchant à un fort sympathique (quoique..). animal qu’on n’imagine guère finir dans une assiette accompagné d’un bon Beaujolais (oxymoron), je vous prie d’excuser le style objectif (sinon scientifique) avec lequel je vais développer mon argumentation.

A mon sens, le problème principal relève de ce qu’on appelle les tabous alimentaires. Un tel tabou est une sorte d’interdit qu’un individu se pose pour refuser toute alimentation à base d’un certain produit. Certains sont végétaliens, une partie non négligeable refuse de bouffer du cochon, sans compter les connasses qui froncent du nez devant de la viande rouge mais tapent régulièrement dans de la pâte à tartiner à base de noisette – vous savez, celle qui est responsable de correctes déforestations en vue de planter des palmiers à huile ?

En ce qui concerne Le Tigre, les tabous alimentaires se limitent à deux. D’une part, je refuse de manger un autre individu de mon espèce – autre, car se nourrir de ses peaux mortes et crottes de nez n’est pas répréhensible. Si vous êtes un être humain, cela signifie que croquer un semblable devrait vous être interdit….en revanche, un autre primate (singe, BHL) pourrait faire l’affaire. D’autre part, je me refuse à manger une espèce en voie de disparition. Inutile de développer ce dernier point.

Concernant les barrières morales susceptibles de m’empêcher de manger du chat, je les ai tranquillement abolies. Non sans classe. On m’a souvent rétorqué quelques arguments fallacieux, que je vais rapidement résumer – en plus d’y répondre. Un chat, c’est :
1/ Un animal de compagnie. Certes, mais réfléchissez : les lapins ou les chevaux le sont aussi. Et c’est délicieux. Suivant.
2/ Un être intelligent. Voui, et comment est déterminée l’intelligence ? [à ce moment, la discussion devient tellement bordélique que le sujet principal est vite oublié] Suivant.
3/ Un joli minois. Regardons alors ensemble le film Babe, avec le mignon cochon, et mangeons ensuite un filet mignon. Suivant.
4/ De la maltraitance. A ce moment, j’invite mon contradicteur à visiter un abattoir.
5/ Pas dans notre culture culinaire. Grâce au Tigre, ça le redeviendra. A votre avis, dans la chanson de C’est la mère Michel, qu’a fait le gros Lustucru du chat de la vieille conne ?

Concernant les barrières légales, rien en France ne vous interdit de manger du chat. Mais si vous le préparez vous même, il conviendra de respecter les lois relatives à la mise à mort d’un animal hors établissement d’abattage – c’est dans le Code rural, si j’ai bonne mémoire : grossièrement, pas de souffrance inutile et une pétée de règles d’hygiènes assez contraignantes.

Ce qui retient la plupart des individus relève donc d’un manque d’acceptabilité sociale de la consommation d’un félin, ce qui est compréhensible. Le responsable est, à mon avis, le bruit que fait l’animal qu’on compte manger. Marchez une fois, pour essayer, sur la queue d’un chat. Ce que vous entendrez alors n’est pas loin du cri d’un bébé en pleurs. Rien à voir avec la gueulante d’une truie, le chat qu’on maltraite émet un son qui touchera tout humain normalement constitué – très malin comme animal. Aussi, pourquoi faire tant de mal à une bête qui nous émeut à ce point ?

Quelle est la saveur d’un chat ?

Ça y est, on attaque le fond du sujet. Au risque de vous décevoir, il m’est en effet arrivé de manger du chat. A trois reprises dans un endroit que je ne citerai pas – de toute façon, je n’ai jamais pu correctement prononcer 广西. Et c’était bien moins cher que du bœuf. A titre personnel, ça ressemblait à du lapin, mais en plus sec. Mangeable, hélas sans plus.

Lors de la dernière dégustation, et curieux comme je suis, j’ai demandé à accéder à l’arrière-boutique histoire de remercier (et taper la discute) au cuisinier du restaurant familial. Le serveur m’a alors présenté sa grand-mère avec qui j’ai pu m’entretenir une bonne heure – avec le petit-fils en guise de traducteur, la vioque parlait trop vite. Et ce que j’ai appris sur la saveur des chats est édifiant.

Premièrement, elle m’a confirmé ce que je craignais : faire des comparaisons avec ce que l’on connaît peut être vain dans la mesure où elle a entendu tout et son contraire. Ce n’est pas la première fois qu’un touriste lui a fait le rapprochement avec du lapin, même si le plus souvent c’est le porc qui est cité. Une fois, il y a eu même une brochette de d’obèses américains qui ont cru reconnaître la saveur du poulet – peu étonnant quand on voit comment est préparé la bouffe d’un KFC. Tout dépend de la précision de son palais, et à ce petit jeu de comparaison les avis diffèrent trop.

Deuxièmement, le goût dépend bien évidemment de la manière dont c’est cuisiné. A part notamment le mouton ou les rognons qui, par défaut, ont un goût fort prononcé, vous pouvez donner quasiment n’importe quelle saveur à la viande de chat. D’un tartare à qui ont fait un léger aller-retour sur la plaque à un ragoût surépicé qui a mariné des heures, impossible de savoir qu’on déguste la même épaule de minou. A la rigueur, la couleur reste la même (brun foncé), tout comme l’aspect général – morceaux relativement petits et compacts.

Troisièmement, cela dépend enfin de l’aspect du bestiau qui sera cuit. Normalement, la grand-mère utilisait des chats plutôt jeunes et peu nourris, c’est pourquoi j’avais trouvé le plat assez sec et la viande maigre. Un félin mince, ce n’est que du muscle qu’il faut cuire plus longtemps. Mais lorsqu’on engraisse un peu plus son futur déjeuner, ce qui mijote dans la casserole pourra fortement ressembler à la viande de pot-au-feu. Le résultat sera plus mou sous la dent, voire un peu écœurant à cause d’un aspect plus gélatineux.

A table !

Voili voilou, à l’instar du petit Jésus, le fauve vous encourage à manger du chat. Celui-ci, quelque part, est mon corps. J’attends surtout vos retours d’expérience pour le goût que cela a.

Pour faire une ultime comparaison, je peux vous confirmer que la viande de chien est meilleure. C’est bien la seule fois où cette stupide espèce surpasse les félins, et on voit bien où est la place naturelle des canins – entre l’entrée et le fromage.

Dans un autre billet, je vous donnerai une recette pour cuisiner de la viande de chat. En attendant, vous pouvez aller à la chasse et dépecer le minou – je ne compte pas vous apprendre comment, la manipulation est proche de celle d’un lapin.

13 réflexions au sujet de « Encycatpedia Vol.XXI : quel goût a un chat »

  1. Comme il n’y a plus de limites… Sensibilité, empathie, éthique envers un être vivant, je rentre dans votre mentalité et serai ravis de discuter avec vous de la viande humaine? Quelle goût a t-elle?

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      • Je propose la recette qui rendrait le matou fou quand on connait les goûts alimentaires de félins:
        Le chat aux olives
        Prendre un chat, un bocal d’olives dénoyautées (il serait dommage que le félin s’étouffe bêtement), du sel, du poivre, du citron, de l’ail, un peu de cumin et d’huile d’olive.
        Il faut couper ce qui se coupe, presser ce qui se presse …
        puis mettre dans un plat à mariner pendant quelques heures puis enfin mettre au micro-onde (la durée dépend de la cuisson voulue, bleu, saignant …).
        PS: penser à occire le chat avant sa mise au micro-onde.

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