Roberto Bolano – Les détectives sauvages

Folio, 944 pages.

Roberto Bolano - Les détectives sauvagesBolano est un auteur sud-américain incontournable, toutefois je n’ai pu aller au-delà du tiers de ce titre. Le Tigre, encore une fois, a été trop gourmand. Grand, généreux, émouvant, parfois drôle, les qualités du roman sont indéniables, hélas insuffisamment pour rendre compte d’une époque que je ne maîtrise que trop mal.

Il était une fois…

Voici la présentation du quatrième de couverture : « Le jeune Juan García Madero abandonne ses études de droit pour déambuler dans les bas-fonds de Mexico. Avant de partir, moderne Don Quichotte, en compagnie de la prostituée Lupe, en quête de Cesàrea Tinajero, poétesse mythique dont la trace se perd dans le désert… La littérature et la vie sont-elles deux choses différentes ? ».

Plus trivialement, Les détectives sauvages est une presque biographie de Bolano s’articulant autour de trois parties : Mexicains perdus à Mexico, avec les premières expériences du jeune narrateur, suivi d’une partie (la plus longue) dont le nom est celui du titre, enfin Les déserts de Sonora, mais Le Tigre n’a pu aller jusque là.

Critique des Détectives sauvages

Pourquoi ai-je acheté ce bouquin déjà ? 600 pages, un auteur que je n’avais jamais lu, tout risque a été pourtant balayé par ces menues considérations au sujet de l’auteur et de son pavé : « ce roman polyphonique, d’une richesse et d’une drôlerie rares, marque le début d’une nouvelle ère dans la littérature latino-américaine » et autres « La critique internationale l’a comparé aux grandes œuvres de Cortázar, de Borges et de Kerouac ».

Borges, Kerouac, rien que ça ! Autant vous dire que j’en attendais beaucoup, c’était parti pour être quelque chose lu en une semaine montre en main. Toutefois…300ème page lue, encore 600 qui attendaient leur tour, et bah celles-ci attendent encore. Et Le Tigre s’en veut, honnêtement, de n’avoir su continué ce titre ! Car il faut reconnaître à Roberto B. un certain talent de conteur, sans compter la poésie qui transpire de son ouvrage.

Le scénario est imposant, et nous commençons par la vie d’un jeune Mexicain, Juan Garcia Madero, qui fera la rencontre d’un groupuscule de poète dirigé par le grand Arturo Belano, objet en fait des témoignages recueillis à la suite de ce roman. A partir de ces histoires racontées par différents protagonistes, se dresse l’ébauche d’un portrait, mais avant tout d’une génération.

Pour le peu que j’ai lu, c’était il est vrai fort bien écrit. Un pavé de qualité, avec un début réjouissant sur les pérégrinations d’un jeune homme (quelques scènes de cul ont particulièrement ému Le Tigre) parti à l’aventure. Plus sérieusement, après trois bonnes heures de lecture, la vie de poètes mexicains des années 70 m’a lentement mais sûrement ennuyé.

En effet, autant que sur le plan de la culture, la philosophiquement que sur l’apport historique des Détectives sauvages, le rapport « données intéressantes / nombre de pages » m’a semblé bien trop faible. Bolano est certes un grand écrivain, mais le lecteur curieux risque d’être déçu en le découvrant par ce lourd roman.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La narration multiple. Le petit plus de ce roman, c’est que nous abordons la biographie de quelques personnages principaux au travers de témoignages de proches. On ne sait à quoi ni à qui ceux-ci sont destinés d’ailleurs. L’écriture reste fluide et paradoxalement plutôt homogène (jusqu’à la 300ème page bien sûr), c’est un travail correct fourni par l’auteur. However, en étant soumis à autant de points de vue, j’ai été plus d’une fois largué à partir de la deuxième partie, raison supplémentaire pour agrandir mon Mur des Renonciations…

Les poètes et autres rêveurs sud-américains des seventies. Ça discourt des heures, jusqu’au bout de la nuit, ça se met dans d’improbables situations (la querelle avec le mac m’a arraché plus d’un sourire), l’insouciance et l’exigence intellectuelle exacerbée, c’est tout un monde qu’on suit de très près. Bolano a très bien rendu compte des petits travers d’une jeunesse qui se pense poète et révolutionnaire, miroir déformé de sa jeunesse dans des mouvements similaires.

…à rapprocher de :

– Le Tigre promets de lire un autre Bolano, ça arrivera un jour ou l’autre sur QLTL.

– Dans la catégorie « littérature latino-américaine », j’ai préféré Vargas Llosa (Tours et détours de la vilaine fille, ou Éloge de la marâtre en cherchant plus court).

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous voulez aller au-delà de la moitié de ce roman, vous pouvez le trouver via Amazon ici.

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