Robin Cook – Erreur fatale

Le Livre de Poche, 633 pages.

Robin Cook - Erreur fataleVO : Crisis. Le Tigre n’a pas l’habitude du thriller médical. Qui mieux qu’un chirurgien peut écrire un polar dans ce domaine ? Premier roman (sur deux achetés) de Cook, la longueur est justifiée par la procédure pénale ici longuement expliquée, mais surtout par des éclaircissements médicaux complets/plexes. Captivant en général, quelques rebondissements, une valeur sûre.

Il était une fois…

Craig Bowan est un excellent médecin. Après des années d’études, de frustrations dans un cabinet à traiter à la chaîne ses patients de medicare, le voilà qui enfin monte son cabinet de médecine à la carte. L’argent va commencer à entrer, il sort avec sa jeune et très belle secrétaire, se remet au sport,…tout va bien. Jusqu’à ce qu’à la suite du décès d’une patiente le veuf l’attaque en justice pour faute médicale. La femme (pas la secrétaire hein)  de Bowman fait appel à son frère (à la femme hein), médecin légiste à NYC, pour l’aider. Stapelton, le frère, n’est pas au bout de ses surprises.

Critique d’Erreur fatale

Il faut le dire d’emblée, le début est à la limite de l’ennuyeux. Limite allègrement franchie parfois. Heureusement qu’on se laisse assez vite entraîner dans l’histoire, pour une fin et un épilogue qui peuvent sembler bâclés mais justifient les 600 pages de lecture. Beau retournement final. Quant à l’histoire parallèle avec le mariage de Jack, c’est un peu poussif même si ça joute parfois au suspense.

Les protagonistes sont nombreux, on les suit tous, et il n’est pas évident de déterminer que le principal n’est pas le pauvre docteur attaqué en justice, mais le médecin légiste présent pour le secourir. Chacun a ses problématiques, leurs égos parfois surdimensionnées, et les rapports entre tout ce petit monde sont admirablement gérés par Cook. Sans jeu de mots, l’auteur maîtrise les ingrédients de sa petite cuisine littéraire.

Le style : ça coule de source, tellement bien qu’on peut parfois se permettre de lire ce roman en diagonale. D’autant plus que Cook n’hésite pas à prendre le lecteur par la main pour poser le contexte. Lecture plaisante au final, même si les longueurs, et surtout certains personnages un peu trop manichéens (je pense au docteur imbu de lui-même, qui s’apitoie ensuite sur son sort) peuvent agacer au plus haut point.

Petit coup de gueule : Crisis, on traduit par erreur fatale ? Le titre français est certes plus parlant, mais ce n’est pas pour rien que Cook parle de crises. Crise du système de santé, crise familiale, etc.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme c’est long et abondamment décrit, au moins les thèmes ne manquent pas :

Le boulot que représente les études de médecine. Des années de jeunesse « gâchées » à bûcher, avaler des tonnes de connaissances, la pression ambiante des études où on est rapidement plongé dans l’horreur, la compétition entre internes pour avoir les meilleures notes,…pour des peanuts au final pour celui qui aide les gens modestes Cook laisse entendre. Il n’empêche que ça sent réellement le vécu tellement le livre parle au lecteur sur ce point.

Le procès de la médecine-concierge, qui est plus un symptôme que la raison des mauvaises conditions d’accès aux soins aux EUA. Pour ceux qui ne savent pas, la MC c’est payer un abonnement (assez cher) à l’année pour avoir accès, à tout moment et sans délais outrageants, à son médecin. Comment en arriver là ? C’est ce Cook parvient à bien expliquer. Les compagnies d’assurance, toujours à la recherche d’économies, font faire aux médecins encore plus de consultations. Ces derniers n’exercent plus en toute efficacité, et préfèrent envoyer les malades passer toute une batterie de tests bien coûteuse au lieu de prendre le temps d’écouter. Le Tigre grossit le trait, et est ouvert à tout commentaire.

La clientèle difficile. La victime était un PP, à savoir un patient à problèmes. Celui qui écoute son corps, bien hypocondriaque sur les bords, à appeler à n’importe quelle heure. Sans justifier le comportement du médecin exaspéré, il faut reconnaître que ce type de personnes (qu’un simple placebo calmerait) est particulièrement insupportable pour le praticien. L’hypocondriaque vu côté médecin, c’est assez rare.

…à rapprocher de :

– Le Tigre a lu un autre roman de Cook dont le titre est État critique. Aussi bon.

– Si vous voulez en savoir plus sur la médecine concierge, regardez quelques épisodes de Royal Pain, petite série sans prétention (rien à voir avec Dr House).

– Les arcanes du monde judiciaire, bien explicitées, mais pas aussi bien que dans les romans de Sheldon Siegel : Circonstances aggravantes et Preuves accablantes, seuls traduits en français.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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