Todd Strasser – La Vague

Pocket, 221 pages.

Todd Strasser - La VagueSous-titre : Cela commence par un jeu et finit en dictature. VO : The Wave (Die Welle, c’est le téléfilm originel des années 80, ne confondez pas). Ou comment montrer à une bande de boutonneux en pleine croissance la manière de créer les conditions d’un état totalitaire dans lequel tous sauteront à pied joint. Un roman aisé à lire qui mériterait de devenir un petit classique.

Il était une fois…

Ben Ross, professeur aux States, donne son cours sur la Seconde Guerre mondiale. Et, encore une fois, ses élèves s’étonnent de la facilité avec laquelle une populace peut à ce point suivre aveuglement son leader. C’est alors que Benny a l’idée de mener une petite expérience à l’échelle de sa classe. Il instaure un système progressivement autoritaire axé sur la discipline (de groupe surtout). Et ça marche, non seulement les gosses sont plus attentifs, mais en plus ils kiffent grave se prendre pour l’élite. Tellement d’ailleurs que ça fait flipper le prof qui préfère rapidement mettre un terme à l’expérience….

Critique de La Vague

Avant de lire ce roman, il convient de savoir deux-trois choses dessus. D’une part, La Vague a été écrite (et est tirée) d’après un téléfilm du début des années 80 réalisé par Norman Lear. Or, ce téléfilm s’inspire plus ou moins librement de l’expérience américaine de Ron Jones dans les années 60, rendue publique au milieu des années 70. Avec ce que ça comporte comme difficulté de recouper ce qui est vrai du fantasme.

Bref, tout ça pour vous dire qu’il est facile de s’emmêler les pinceaux et de savoir de quoi on parle vraiment, ce bouquin étant une histoire d’après une histoire d’après une histoire (arf). Sans compter que, comme une buse, Le Tigre a lu ce roman avec les images du film allemand de 2008 (cf. infra). Heureusement, l’idée générale est plus que facile à saisir, et le résultat est cette terrible question : si j’avais été à la place des étudiants embrigadés, qu’aurait été ma réaction ?

Car ce qu’il se passe dans le lycée de Ben Ross est impressionnant : de plus en plus d’élèves assistent à ses cours, et il parvient à rassembler à ses côtés des fans qui rendraient envieuse n’importe quelle secte. Et, lorsque le prof veut arrêter les frais, ce n’est pas aussi simple que cela. En conclusion, ça doit se lire. Mais, à ce prix (et temps passé), autant regarder le film allemand de 2008 de Dennis Gansel, surtout que Todd Strasser a aidé à écrire le scénario. A bon entendeur…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Trivialement, ce roman présente, par le menu, comment il est possible, de nos jours, de rallier sous un même drapeau un groupe de personnes qui se pensent intellectuellement aguerries. Ben Ross expose  ses idées assez benoitement au début, et il augmente tranquillou la cadence d’autoritarisme – et de fascisme. Jusqu’à parvenir à des slogans du style «  »le pouvoir par la discipline ! Le pouvoir par la communauté ! Le pouvoir par l’action ! ». Pas très fin au premier abord, mais les objectifs affichés avant d’en arriver là sont plus que louables. Par exemple on commence par porter tous le même uniforme (pour soi-disant éviter toute discrimination), et dans La Vague ça monte vite à la tête.

Énième apport supplémentaire du roman (donc du téléfilm), il y a une petite histoire d’amour, forcément contrariée. En effet, deux protagonistes qui sortent ensemble n’ont pas la même vision de ce qu’il arrive. D’un côté, David est à donf’ et suivrait le prof jusqu’au bout (c’en est triste), épanoui par ce nouvel ordre dans la classe. De l’autre côté, sa copine, Laurie, qui au passage s’occupe du canard du lycée, regarde d’un œil inquiet sur ce qu’il se passe. Jusqu’à lutter frontalement contre la « vague », trop grosse pour qu’une seule personne puisse l’arrêter à la force de ses mots.

…à rapprocher de :

– Au risque de dire une énormité, y’a Nothomb qui aborde ce sujet (de loin, certes) dans Acide sulfurique. Très moyen.

– En matière de film, y’en a partout partout sur ce thème. Notamment sur l’expérience de Stanford, avec L’Expérience, d’Oliver Hirschbiegel.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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