DodécaTora, Chap.IS : 12 livres à emporter sur une île déserte

Le Tigre Editions, pas de pages.

DodécaTora« Salut Titi. Écoute, je suis présentement bloqué dans un endroit un peu chiant. Je ne parle pas du salon du livre, mais c’est comme si. Étant donné que je risque d’y poireauter quelque années, j’aimerais que tu me conseilles quelques bouquins pour supporter Vendredi. C’est vital. Bises. Robinson C. PS : tu n’aurais pas une ou deux catins à me fournir en plus ? Parce que Vendredi… « 

Ceci n’est pas un billet sur les romans les plus longs

Voici un sujet mille fois traité, non, dix mille fois ! Le félin a l’impression, avec cet article, de verser dans un mainstream digne d’un journaleux de La Croix. Je vais tenter de me démarquer de ce petit con en rappelant les paramètres à prendre en compte pour choisir les titres à emporter dans la salle d’attente du médec…sur une île déserte plutôt.

Déjà, et quoiqu’on dise, la taille compte. Le léger d’esprit qui sélectionne Indignez-vous ! parce qu’il adoooore Hessel commet une double faute : non seulement il le connaîtra par cœur au bout de trois jours, mais sa stimulation intellectuelle sera quasiment nulle. A quoi bon relire un essai avec lequel vous êtes en plein accord ? C’est pourquoi il n’y aura que peu de BDs dans ce DDC, le ratio taille/temps passé étant trop élevé.

Ensuite, vous verrez qu’après 4 mois tout seul le besoin de varier les plaisirs littéraires se fait sentir. Le couillon qui, à la question « tu emporterais quoi ? », répond « l’intégrale de Victor Hugo » commet un irréparable impair. Voui, Hugo c’est du bon, mais reparles-en moi après six mois de sa prose. Je mets ma patte antérieure gauche à couper que ça te saoulera plus qu’autre chose et que tu feras des rêves débiles fringué en Cosette à dépoussiérer le palmier qui te sert de pissotière.

Enfin, faut prendre des livres qui donnent envie de les relire. De la littérature qui offre de nombreuses grilles d’analyses possibles, voire des renvois qui offrent une lecture dynamique et atypique. C’est le cas des trucs vaguement religieux permettant de choper une page au hasard, au gré de son envie.

A toutes fins utiles, je vous précise que les choix qui suivent sont les MIENS. Proposez les vôtres, pas de problème. Chier sur les miens, pas content je serai.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Collectif – La Bible

Je suis désolé de commencer par un titre d’une telle trivialité, mais dans mes nombreuses escapades c’est le titre que je prenais par défaut. Il y a toujours quelque chose à découvrir, surtout concernant l’ancien testament. Toutefois, ne vous attardez pas sur l’histoire d’Onan, ça risque de vous décevoir eu égard votre situation.

2/ Madeleine et Georges de Scudery – Artamène ou le Grand Cyrus

Écrit au beau milieu du 17ème siècle, ce roman fleuve accuse plus de 13 000 pages. Putain, y’en a qui ne doutaient de rien à l’époque, ça ne m’étonne pas qu’on ne la trouve pas dans les librairies de France et de Navarre. Ce doit être la plus longue œuvre écrite en Français, et d’après ce que j’ai compris y’a de solides références sur l’époque. Avec Artamène & Co vous serez calé sur une bonne partie de la Renaissance. Apparemment le titre est dispo sur le web, toutefois ne comptez pas sur moi pour vous en faire un résumé.

3/ Léon Tolstoï – Guerre et Paix

Après le 17ème siècle, enivrez-vous donc des délices de la campagne napoléonienne vue du côté russkof. Le fauve en parle avec d’autant plus d’aisance que jamais je ne compte lire un tel pavé. Du moins pas avant d’atteindre 60 berges. Dans le même genre, si on accepte les sagas sur l’île, je prendrai volontiers celle des Rougon-Macquart du gros Zola en personne.

4/ Xavier Maniguet – Survivre : comment vaincre en milieu hostile

Bon, à un moment, c’est bien beau de se palucher la nouille avec des belles lettres, toutefois faut bien rester en vie non ? Des tas de titres de survie ont été publiés, mais après avoir demandé à un pote aventurier, le titre de Xavier M. semble être le classique sur lequel se repose tout Robinson en herbe. Obligatoire donc.

5/ Charles Baudelaire – Les Fleurs du mal

A titre personnel, voilà bien un bouquin que j’emporterais. Déjà, je ne suis que peu porté sur la poésie. La faute à l’éducation nationale qui m’a contraint d’apprendre par cœur quelques textes avant même de tenter de me les faire aimer. Ensuite, je me dis qu’avec le bon Charles, y’a moyen de découvrir une foultitude de sous-entendus et autres astuces à chaque lecture. Enfin, pouvoir déclamer n’importe lequel de ces vers, de tête, c’est la classe. Et qui dit classe, dit drague plus facile.

6/ Peter F. Hamilton – L’aube de la nuit

Cela manque de SF en effet, voici de quoi être content. Tigre vous parle d’une saga monumentale qui peut se relire tellement il y a d’intrigues et de protagonistes. En rajoutant le recueil de nouvelles A Second Chance at Eden, le naufragé sera tranquille pendant quelque temps.

7/ Guillaume Appolinaire – Les Onze mille verges ou les amours d’un hospodar

Bon, à un moment donné, manger et boire à satiété et se remplir le cerveau de belle littérature n’assurera pas le remplissage d’une case de votre pyramide de Maslov. Le temps passant, votre imagination en terme de sexualité s’effritera, et sans internet ni animaux à la ronde il sera délicat de satisfaire quelques besoins charnels. Si Le Tigre a choisi ce titre, c’est que Guillaume traite de nombreux aspects de la sexualité : porno, géronto, pédo, vampirisme, name it ! Pour toute les bourses en fait (hu hu).

8/ L. Ron Hubbard – Mission Terre

Je ne sais pas pour vous, mais un gus qu’est récemment parvenu à fonder une sect..(euh pardon Monsieur Cruise) une religion, ça force quelque part le respect. Rien à voir avec cette lopette de Raël qui fait trop mythomaniaque de supermarché à côté hein, là on parle d’un auteur de SF qui, en l’espace de quelques années, a tout simplement pondu dix lourds tomes pour un total de plus d’un million de mots. Connaissant de loin les préceptes de la Scientologie, ça peut être fandard de le lire tranquillement sur le sable.

9/ Marcel Proust – A la recherche du temps perdu

Encore un roman d’une taille indécente il est vrai. Ne croyez pas que je les sélectionne rien que pour meubler, il n’en est rien. La saga du père Prout (A la recherche du vent perdu, dixit San-Antonio), c’est un peu le genre de titres que jamais je ne parviendrai à lire depuis que j’ai sévèrement buté sur le premier opus (malgré la renommée dont celui-ci jouit). Ce serait donc bien un livre que j’emporterai, à défaut de pouvoir lire autre chose.

10/ N’importe quel livre de cuisine bien fourni

Juste pour avoir la rage. Et accessoirement faire de beaux rêves. Et être capable de préparer n’importe quel truc qui vous tombe sous la main.

11/ Daniel Defoe – Robinson Crusoé

Vous attendiez cette référence, avouez. Avec 400 pages, il y a fort à parier que vous aurez trop vite terminé ce titre. Cependant, j’imagine que la situation (être perdu en attendant qu’un internaute vous repère via une mise à jour de Google Earth) fait que le bouquin de Defoe peut être lu et relu des dizaines de fois. Ce sera toujours bon pour le moral, étant donné que le héros reste près de 30 ans sur cette foutue île.

12/ Bernard-Riri Lévy – Qui a tué Daniel Pearl ?

Tigre termine toujours sur une connerie, et là ce n’est pas moi qui ai commencé (pour une fois). C’est le seul titre de ce philosophe (chacun jugera) que j’ai dégoté qui dépasse les 500 pages. Prévenez-moi si y’a plus long. Car la taille compte toujours, surtout quand vous êtes à court de feuilles de palmier pour vous torcher.

…mais aussi :

– En fait, n’importe quel bouquin religieux pourrait faire l’affaire. Mais alors prenez-les tous, car le Coran seul (par exemple), c’est bien trop court. Et puis faut maximiser ses chances, au cas où une religion en particulier prend le contrôle du monde pendant que vous cramez comme un con au beau milieu de l’océan pacifique.

– Les essais politiques et économiques, au cas où : Marx, Adam Smith, prenez les tous et imaginez des confrontations entre les auteurs.

– Comme on me l’a suggéré, L’hippopotame et le Philosophe de Théodore Monod peut se relire à l’infini tellement on y apprend des choses.

– Une solution intermédiaire, que je n’ai pas développée ici (un autre jour, qui sait), serait de demander, plutôt que des romans, 12 000 pages blanches et des milliers de stylo bic. Puis mettez-vous au boulot. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

12 réflexions au sujet de « DodécaTora, Chap.IS : 12 livres à emporter sur une île déserte »

  1. J’arrive un peu en retard mais je vais quand même apporter ma contribution car, quitte à être perdu sur une île déserte, autant lire un type qui a passé sa vie dans le désert!? Dans ce cas, mettez toujours « L’hippopotame et le philosophe » de Théodore Monod au fond de votre barda: 52 (trop) courtes chroniques! En somme, un livre que l’on peut dévorer, laisser, reprendre, abandonner, retrouver. En plus on apprend des choses sur la vie, l’écologie et la nature, la culture africaine, sur le monde en général. Puis on digère tout ça. Et en prenant du recul on a une folle envie de relire le chapitre « Voyage autour d’un buisson » parce qu’on n’est jamais certain d’avoir comprit le double sens, on ne sait d’ailleurs jamais vraiment si il y en a un! En tout cas, cette critique au ton acerbe et à la plume élégante de notre monde occidental (déjà en 1941) nous fera nous dire que, finalement, on est pas trop mal sur cette île!

    • C’est chez un éditeur que je n’ai pas l’habitude de lire, je retiens. Et on n’arrive JAMAIS en retard sur ce blog, mes billets ont vocation à être actualisés, améliorés, enrichis, bref c’est intemporel. Merci pour l’idée. Contacte moi en mp en juillet que je me le procure.

  2. Ping : Amélie Nothomb – Les Combustibles | Quand Le Tigre Lit

  3. Grrr
    « el tigre », souvenirs souvenirs, snif.

    Je mettrais dans ma besace
    Un bon dictionnaire.
    Ce qui permettra d’entreprendre une solide initiation des chèvres sauvages à la conversation, ou du moins passer un certain temps à essayer.

    Pour les tranquilles d’esprit ou qui aiment l’ironie.
    Goldin « Lord of the Flies ».
    Tournier « Vendredi , ou les limbes du pacifique. »
    Reste a savoir si ils seraient judicieux ou dangereux.

    • Connaissons point le Tournier, ça m’a l’air correctement perché. Pour le dictionnaire, ce n’est pas bête du tout, ça éviterait d’oublier quelques termes peu usités. Concernant les chèvres, à titre personnel je me passerai des préliminaires de la conversation, inutile de faire comme si.

      • Tournier oulà! J’avais tenté quand j’avais pas le choix pour le programme de philo et c’était effectivement pas simple. Avec le recul c’est sans problème. Comme quoi aucun abandon n’est définitif. Pour revenir sur la question la plus sérieuse ici, des préliminaires pour les chèvres? Je comprend rien à vos histoires! 😀

      • Elle est pas bêeelle ma chêeevre ?

        sinon préférez la version adulte « Vendredi ou les limbes du pacifique », plus stimulant que la version jeunesse, « Vendredi ou la vie sauvage ».

  4. Dans la mesure où je ne lisais que ça dans le même temps j’ai du mettre une grosse douzaine de jours (j’avoue un petit découragement à la fin de la première partie). Mais finalement pas besoin d’avoir 60 piges 😀

  5. Finalement je m’en faisais tout un monde aussi et finalement Guerre et Paix quand on s’y met c’est assez plaisant même s’il est vrai qu’à l’heure actuelle on n’a plus l’habitude d’aussi longues descriptions.

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