DodécaTora, Chap.BP : 12 oeuvres clin d’oeil pour le peau-père

Le Tigre Editions, pas de pages.

DodécaTora« Salut mec ! Putain, ça fait déjà des piges que Mon beau-père et moi est sorti sur les écrans, et le happy end final est un peu mensonger sur les bords. Le gros De Niro est resté insupportable, un vrai bouledogue impossible à apprivoiser. Tu n’aurais pas quelques romans à me conseiller pour qu’il arrête de me me chier dans les bottes ? Thks. Ben S. »

Que veut le beau-père ?

Encore un billet que vous devez imprimer et encadrer (dans un cadre en verre bien entendu) avec la mention « ne briser qu’en cas d’urgence ». La veille de Noël ou de l’anniv’ du sévère beau-père, vous êtes au point mort. Toutefois ce que les commerçants vous proposent sont d’un commun, cela en dévient désolant.

Or, se rabattre sur un bouquin est délicat (surtout si l’individu n’aime pas lire), à mon sens c’est presque plus duraille qu’offrir une paire de baskets. On vous attendrait presque au tournant, faut surtout pas se rater. Surtout si le récipiendaire déballe le cadeau devant trente membres de la famille et esquisse une mou de dégoût. Catastrophe impensable.

C’est ainsi que les caractéristiques retenus pour un chouette cadeau au beau-père seront les suivantes : un truc pas trop long, vaguement marrant (ou complètement), mais surtout quelque chose qui serait susceptible de l’impressionner favorablement. Voici donc une douzaine de romans à lui offrir. Non seulement vous pourriez devenir, à ses yeux, un être d’une rare finesse dont la culture n’aura d’égale que la gentillesse, mais si vous en avez le courage vous serez en mesure de créer un lien de complicité qui ne passera pas par la case « conjoint ».

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ San-Antonio – [n’importe lequel]

Il manquera toujours un Sana dans la bibliothèque du monsieur, et à vous de voir lesquels. San-Antonio, la Pinuche, le gros Béru, toute la bande saura arracher plus d’un sourire à n’importe quel lecteur normalement constitué. Pour ma part, j’ai une solide préférence pour les cinquante derniers titres, où l’intrigue policière laisse la place à un déferlement de bons mots plus ou moins égrillards.

2/ Robert Crumb – Nostalgia

Bobby, c’est un peu le chantre de la BD américaine que je qualifierais (sûrement à tort) d’underground et passablement touchante (sinon drôle). Et Nostalgia est une superbe pépite sur l’Amérique des seventies et l’évolution des goûts de l’illustrateur. Vous saurez faire comprendre au beaup’ que vous aimez la bonne bande dessinée publiée à une époque où vous n’étiez pas encore né.

3/ Jean Teulé – Le Montespan

Une fiction aux relents de vérité historique ne mange pas de pain. Surtout quand c’est l’histoire d’un pauvre gus amoureux fou de sa femme. Folie en effet, le Montespan va aller jusqu’à affronter le bon Roi de France en se foutant, de temps à autre, de sa gueule. D’une part vous sous-entendez que fifille à beau-papa mérite d’épouser n’importe quel prince, d’autre part que vous irez jusqu’à la mort pour la garder. Check.

4/ Jiro Taniguchi – Le journal de mon père

Oh la jolie bande dessinée d’extraction japonaise ! Comme c’est différent de comment j’imaginais un manga ! Vous l’aurez conquis avec ce pavé qui se lit, indicible bonheur, de gauche à droite. Valeurs familiales sauvées, puissance des souvenirs de jeunesse, du très beau dans l’ensemble. Vous en profiterez pour signaler, si cela était encore nécessaire, l’éclectisme qui vous habite. Quartier lointain est similaire, double cadeau en perspective.

5/ Gérard de Villiers – [Presque n’importe quel S.A.S.]

Ah, ce bon gégé dont on suspecte qu’il a bossé dans les services de renseignements de l’Hexagone. Cela n’étonnerait pas Le Tigre dans la mesure où ses romans de gar…euh d’espionnage sont excessivement bien documentés. Pour le choix du titre, ne vous faites pas chier : un roman qui se déroule dans une destination récemment visitée par beau-papa fera parfaitement l’affaire.

6/ Dupuis – La Seconde Guerre mondiale (encore du choix, je mets un lien au pif)

Si le beau-père est un peu celui de la franchise Taxi ou du films Les 3 frères, à savoir quelqu’un qui aime l’ordre et voue un respect légitime mais infini pour l’institution militaire, alors n’hésitez plus : les dessins (d’excellente facture et au réalisme éprouvé) ne sont là que pour illustrer de savants textes. Une valeur sûre.

7/ Jacques Tardi – C’était la guerre des tranchées

A contrario, si le vieil homme est un antimilitariste abonné depuis 40 ans au Canard enchaîné ? Remisez au fond de votre besace le précédent cadeau, car Tigre pense à tout. L’absurdité de la guerre, le gâchis humain et moral qui a saigné l’Europe, tout cela est servi par des illustrations sobres mais qui prennent aux tripes. Pour les plus malins, offrez les deux.

8/ Jim Thompson – 1275 âmes

Chantons ensemble sur un air de slogan des marines U.S. : « Le hard-boiled c’est bon c’est chaud, et en plus ça colle à la peau ». C’est un peu l’idée, ce type de polars noirs américains doit, en principe, plaire à tout beau-papa joli. Surtout quand le rythme est sec et nerveux. D’autres romans de cet acabit sont sur le glorieux site, n’hésitez pas à varier les plaisirs.

9/ John Howard Griffin – Dans la peau d’un Noir

Tiens, manquait quelques essais de qualité dans ce DDC. Griffin a pondu un titre édifiant quand, « transformé » en personne de couleur, il a passé quelques semaines en tant que black. Pas mal pour faire comprendre, subtilement, que vous êtes l’équivalent de ce pauvre noir à qui personne ne fait attention (genre « mets toi à ma place et sois plus gentil avec ton gendre »). Achtung : si le père de votre femme/mari est un gros ours brun (entendez, ça vote à droite toute), autant lui balancer votre gant blanc à la gueule en lui disant que vos témoins iront passer chez lui demain matin pour s’enquérir des règles du duel.

10/ Vuillemin – Les sales blagues de l’Echo

Non, Le Tigre ne plaisante pas (sachez que je ne déconne joyeusement que dans le douzième titre). Sérieusement, pour un contemporain de l‘Echo des Savanes, de Coluche, de Thierry Le Luron, y-a-t-il plus grande félicité que de poser son cul sur le trône et parcourir ces désopilantes plaisanteries en bande dessinée ? Je vous recommande la totale, vous voyez, la gross version qui pèse ses quelques kilos.

11/ Léon Tolstoï – Guerre et paix

Wikipedia dit que « L’immensité de l’œuvre la rend difficile à résumer de façon claire et concise ». Voilà votre dernier atout si le beau-papa-pas-si-gentil vous saoule plus que de raison. J’ignore combien de pages accuse le roman de l’écrivain russe, toutefois je sais que si vous faites comprendre au vieux que ce serait bien qu’il le lise jusqu’au bout, y’a sérieusement moyen d’être tranquille jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

12/ Magnus – L’internat féminin

Tigre aime terminer sur une grosse blague bien grasse, quelque chose qui vous grillerait en moins de deux s’il vous prenait l’envie de l’offrir….sauf que…sauf que…malgré la couverture érotissime et le titre sans appel, bah ce n’est pas si sexuel que ça. En fait Magnus est le digne représentant de la BD italienne des années 70 (et après) érotico-fantastique. Le mec qui ne se prend pas la tête et offre une alternative satisfaisante à Manara.

…mais aussi :

– Puisque je parlais, à un moment, du hard boiled, faut savoir qu’en BD ça passe comme une lettre à la poste : je pense notamment aux reprises de Westlake avec son héros Parker : Le Chasseur ; L’organisation ; Le Casse.

– Si le père par alliance est sportif (ou, mieux, gros fumeur), l’essai de Murakami sur les bienfaits du footing devrait faire l’affaire.

Aïe aïe aïe, j’ai trop d’idées et préfère arrêter là. Mais entre les Sana et les SAS, vous avez plus de 300 romans à potentiellement offrir. Ça devrait suffire.

10 réflexions au sujet de « DodécaTora, Chap.BP : 12 oeuvres clin d’oeil pour le peau-père »

  1. C’est plus un documentaire qu’un roman sur une bande de hippies. Si tu veux vraiment effrayer ton beau père, offre lui le Festin nu de Burroughs. Voire Mille morceaux de James Frey

  2. Merci Tigre pour cette sélection…

    D’autant que le père de ma panthère est aussi joyeux qu’un après midi de novembre, rit à chaque fois qu’il se brûle et il est difficile de lui faire un cadeau qu’il apprécit

    Cela dit, je vois bien le Tardi couplé avec le « Allons z’enfants » de Gibeau (à gauche toute!)… Ou bien le Montespan.
    Pourquoi pas le Crumb?
    Mais San A et SAS à éviter absolument…

    Félinement vôtre

    • Tiens, le connaît pas ce roman ! ça a l’air court pour du Wolfe, toutefois d’après le titre les protagonistes n’ont pas l’air de boire du jus de tomate si ? Je vais encore passer pour un junky avec ce cadeau.

  3. Les SAS et les Sana, c’est quand même un choix oriente. Si beau-papa considère que vous y prenez votre inspiration, je ne suis pas certain qu’il apprécie imaginer toutes les turpitudes que vous faites subir a sa fille ou même a d’autres que sa fille…

    • C’est pour cela qu’il faut les choisir avec soin. Dans les Sana, les derniers titres où il se maque avec Marie-Marie tendent à assagir le personnage. Preuve que vous êtes « rangé ». Pour SAS, je connais moins, mais suppute qu’il les enchaîne dans chaque aventure.

      • C’est sur que du coup, il vaut mieux éviter ceux ou Beru est le héros…
        Pour SAS, non seulement il les enchaine, mais en plus a la base il est déjà marie si je me souviens bien.
        Je déconseille quoi qu’il arrive le petit regard complice ou le clin d’œil égrillard qui signifierait un truc du genre « tu devrais essayer avec ta femme. J’ai teste et ta fille a beaucoup apprécié… »

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