Didier van Cauwelaert – Rencontre sous X

Le Livre de Poche, 248 pages.

Didier Van Cauwelaert - Rencontre sous XLoin d’être mauvais ce petit roman. Acheté complètement pas hasard, le titre étant sans doute pour quelque chose. Belle histoire (quoique passablement improbable) entre un footballer et une hardeuse, le lecteur va découvrir un amour naissant entre deux êtres bruts et déracinés. Style entraînant, descriptions marrantes, presque une valeur sûre.

Il était une fois…

Roy est un Sud-africain à la carrière footballistique plus que prometteuse. Allant avec un pote sur un tournage de film porno, il fait opportunément la connaissance de Talia, avec qui il tournera une scène en tant que quéquette de substitution. Talia, c’est la rising star du X, une sublime slave aux allures de princesse. Après avoir baisé devant une caméra, ils vont repartir de zéro et se découvrir.

Critique de Rencontre sous X

Ce qui est bon avec Didier Van Cauwelaert (DVC pour les intimes), ce sont ces œuvres de taille variable mais qui se lisent comme d’autant succulents quality street. Si je balance ce genre de bonbons, c’est que ceux-ci feront une entrée assez kawaï dans le fil du roman. Rencontre sous X ne fait pas exception.

Le scénario est relativement original, le lecteur émotif sur les bords pourrait même y déceler du suspense. Que va-t-il se passer entre nos deux stars (chacun son domaine), quels liens peut-il y avoir entre une actrice porno et un footeux de talent ? Le tout est mignon comme tout, si on laisse de côté quelques égarements de l’écrivain, par exemple le mystérieux sms en cyrillique que le jeune Roy reçoit. N’importe quoi. La fin en général m’a laissé un goût doux-amer, disons qu’on mériterait mieux.

Quant au style, maîtrise apparente de DVC sur toute la ligne, même s’il n’a pas réussi à faire frétiller la queue du Tigre sur les scènes de cul de la frétillante Talia. Les deux univers sont rendus avec une certaine fidélité, même si je suppute quelques traits caricaturaux (cf. infra) ici et là. Mais rien qui ne donnera au lecteur l’envie de crier un gros « Fake ! » entre deux chapitres.

Pour conclure, à partir d’une configuration bien merdique (deux êtres qui d’abord copulent devant des dizaines de personnes) dans deux mondes peu connus pour être peuplés de bisounours sous ecstasy, Didier a pondu quelque chose de fort plaisant qui se lira à vitesse grand V. Nombreux chapitres aidant.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le Tigre va, une fois encore, se caresser la moustache en proposant deux thèmes évidents. Ainsi, va falloir que je les saisisse correctement :

Premièrement, la pornographie. L’auteur maîtrise le vocabulaire, décrivant de matière convaincante les séances d’enregistrement digne d’une usine d’abattage de viande froide. Les fans, les petits plus du métier, voire quelques enjeux également abordés. A ce titre, la jeune Talia fait preuve d’un culot assez bienvenu : en recevant un hot d’or (en présence d’un prêtre, tant qu’à mélanger les genres), la miss prend la parole et prononce un discours acerbe sur le manque de vigilance de l’industrie porno par rapport aux risques du SIDA. C’est également une manière de se saborder, comme annoncer à Roy qu’elle est prête à lâcher le métier.

Deuxièmement, le football. DVC s’est moins épanché sur cette activité, le lecteur survolera le monde richissime du ballon rond. Le président du club et ses bonnes bouteilles de pinard ; les obligations de la jeune recrue (Roy n’est pas vraiment docile) ; les énormes intérêts financiers derrière tout joueur ; ou encore l’incommensurable pression médiatique. Pas de tout repos les métiers de nos deux héros, même si l’alliance de ces professions peut faire mousser les deux protagonistes.

…à rapprocher de :

– Du père Didier, Le Tigre vous dirige aimablement vers L’évangile de Jimmy (excellent), Hors de moi (presque un classique du genre), Un aller simple ou Un objet en souffrance (fort correct).

– Des épisodes érotiques mieux décrits, c’est Vers chez les blancs du bon Djian. Comme pour un film porno, Le Tigre cherche où peut bien se cacher le scénario.

– Le porno, par des amateurs, c’est Irvine Welsh et son Porno.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

6 réflexions au sujet de « Didier van Cauwelaert – Rencontre sous X »

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