VO : Never Die Alone. Immersion totale dans la pègre black du NYC des seventies, on n’a jamais été aussi proche de l’autobiographie avec Donald Goines. Magouilles, délinquance, le tout avec un réalisme éloquent. Ne pas mourir seul, c’est hélas ce qui est à arrivé à l’écrivain, tué avec sa femme dans des conditions plus que douteuses.
Il était une fois…
Dans le New-York des années 70, la criminalité va bon train. Un écrivain polonais de confession juive croise la route d’un dealer et de ses tueurs à gage, jusqu’à l’intervention d’autres trafiquants et quelques complices peu scrupuleux. Bassesses et délinquances dans le quasi ghetto, bienvenu dans un monde qu’on a du mal à imaginer.
Critique de Ne mourez jamais seul
Le Tigre a été, une fois de plus, ravi par cet ouvrage de Goines, unique auteur (pour l’instant) capable de rendre compte de la délinquance black aux États-Unis des années 70. Dans ce domaine, l’écrivain peut se lire en toute confiance, et pour moins de 200 pages le boulot est de très bonne qualité.
Dans Ne mourez jamais seul, nous suivrons la journée type (ou presque…) de quelques individus peu recommandables. L’histoire du dealer, particulièrement, est au centre du roman avec les vicissitudes d’un individu du genre. Là où le lecteur sera ravi, c’est dans la maîtrise totale du vocabulaire (sinon des considérations les plus intimes) de ce genre de protagoniste. Ce qui en fait un ouvrage plus que prenant et se lisant à vitesse grand V.
Et oui, à peine 200 pages, c’est à la limite trop court. Sur le style, outre les chapitres nerveux et courts, on est en présence d’un phrasé plus sec et violent que les ouvrages généralement sortis par Donald G. En conclusion, si Le Tigre a été moins transporté (voire « percuté ») par rapport à L’accro, il est difficile de ne pas applaudir l’exercice du délinquant-écrivain.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’économie underground de NYC par un connaisseur. Je profite de ce post pour brièvement rappeler la scandaleuse biographie de l’auteur : adolescent turbulent, jeune soldat en Corée, voleur et dealeur de retour au pays, mac à ses heures, finalement assassiné avec sa copine dans de sordides conditions, le père Goines a en sus passé plus d’une année en prison. Vous l’aurez saisi, Donald est le mieux placé pour ainsi décrire ce qui se passe dans la têtes des protagonistes. Et c’est loin d’être sinécure, en effet la peur y est omniprésente. Bref, l’espérance de vie est bien faible. Notamment chez un dealer.
La vie d’un dealer. Le lecteur saura quasiment tout du quotidien d’un vendeur de paradis artificiels, et ce par le menu. Sous couvert d’une journée dans la peau d’un de ces individus, c’est presque l’économie et l’environnement du vendeur qui devient compréhensible. Cette empathie est largement renforcée par le vocabulaire propre à cette « caste » utilisé par l’auteur, on a l’impression d’être dans un publi-reportage digne d’un magazine à grand tirage. Sauf que c’est sans détours ni précautions orales particulières. Du brut, rien que ça.
…à rapprocher de :
– De Goines, il faut mieux se concentrer sur le sublime L’accro.
– Dans la peau d’un autre gangster, mais en plus jeune, visitez donc Encore un jour au Paradis. Tout aussi dramatique.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Eddie Little – Encore un jour au paradis | Quand Le Tigre Lit
Ping : Johann Zarca – Le boss de Boulogne | Quand Le Tigre Lit
Ping : Donald Goines – L’accro | Quand Le Tigre Lit