Eric Powell – Chimichanga

Delcourt, 96 pages.

Eric Powell - ChimichangaVO : idem. Petite sucrerie conseillée par un ami, ça se lit non sans un certain plaisir et on en vient vite à regretter que ce soit si vite terminé (surtout eu égard au prix de la chose). Cirque ambulant avec une fille à barbe pêchue, monstre sympathique mais inquiétant qui fait office de garde corps, vilaines firmes à la recherche du profit, simple mais efficace.

Il était une fois…

Lula, fillette à barbe du cirque ambulant Wrinkle prend (par mégarde) sous son aile un œuf qui se transforme en Chimichanga, énorme bête pas facile à apprivoiser. Le gros truc fait un peu de raffut au sein de la nouvelle troupe, disons que peu voient en lui la gentillesse dont il sait pourtant faire montre. Et lorsque Lula est kidnappée par des individus appâtés par le gain, seul le « Chimi » semble être apte à la sauver.

Critique de Chimichanga

Eric Powell, c’est le faiseur de petits contes de fées, la rising star de son milieu, le mec qui sort des trucs bien foutus et agréablement décalés. Avec Chimichanga, Le Tigre a été confronté à trop courte histoire d’une surprenante beauté. Celle d’une jeune fille un peu rondelette et affublée d’une pigmentation tigresque, à savoir une barbe qui possède une curieuse propriété qui va attiser de bien triviales convoitises.

Le scénario m’a ravi, mister Powell amenant tranquillou les menues intrigues dignes d’un dessin animé de chez Dreamworks. L’héroïne, accompagnée d’un gros vilain pas si méchant que cela (mais les adultes ne sont pas de cet avis, forcément), va faire la rencontre d’une quasi sorcière qui veut juste un peu de sa barbe. A partir de là, un médicament semble créé (celui qui empêche d’avoir des gaz) et une grosse firme entre en jeu.

Sur le dessin, si ce n’est pas tout à fait ma came j’avoue avoir été relativement séduit : l’auteur, également illustrateur, a produit des planches que je qualifierai de « gourmandes » : personnages dont le trait est grossi, couleurs douçâtres que ce soit dans le clair ou le glauque, trait assez épais et arrondi, c’est enfantin et efficace. Si l’architecture est peu présente, l’ambiance reste superbement rendue. Le Tigre, qui préfère les fines lignes avec des perspectives renversantes, n’a pas détesté. Très bon signe.

Chimitrucmuche, c’est un titre qui peut se lire de 7 à 77 ans, un mélange assez fin qui fait que le plus jeune adorera, comme les plus « intellos » qui retrouveront quelques critiques bien senties du monde contemporain tendant à écraser les rêves des petites gens. Les bonus des dernières pages, comme souvent, sont l’occasion d’admirer quelques croquis de certains protagonistes, en sus de deux courtes histoires afférentes. A offrir, indubitablement.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié. Lula et son gros pote, c’est l’amitié naissante avec des liens qui se tissent à une vitesse que seul un conte de fées permet. Deux protagonistes différents, entre une fille pas comme les autres (bien que dans un environnement tolérant avec des compagnons haut en couleur) et une bête d’une rare puissance. Amitié car caractères compatibles, Lula faisant preuve d’un fort caractère face à un Chimitruc à la psyché proche d’un gentil clébard. Et comme le premier être qu’il voit est la petite, laissez juste faire la nature…

La patte de la « world company ». Apprenant que la fillette est une matière première indispensable à un médoc tout ce qu’il y a de plus parfait (entendez : qui soigne un mal bien commun et  rend accroc), le laboratoire présente tous les travers d’une grosse boîte arrogante : nuée d’avocats qui se jettent sur chaque obstacle comme la vérole sur le bas clergé ; corruptions hilarantes ; réification du corps humain, voire de l’individu, bref tout ce qui se dresse face à cette entreprise est impitoyablement écrasé.

…à rapprocher de :

– De Powell, il paraît qu’il faut absolument lire la saga The Goon. Vais devoir m’y mettre alors…

– Si vous voulez le même style, avec un dessin un poil plus « classique » et en plus long, il y a Château l’Attente (tome 1 ici) de Linda Medley. Pas si girly que cela.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.

2 réflexions au sujet de « Eric Powell – Chimichanga »

  1. Ping : Chimichanga (Powell) | Bar a BD

  2. Ping : Linda Medley – Château l’Attente T1 | Quand Le Tigre Lit

Laisser un commentaire