Yasunari Kawabata – Le Lac

Le Livre de Poche, 125 pages.

Yasunari Kawabata - Le LacVO : Mizuumi. Pas si court roman de l’illustre écrivain japonais, voilà deux protagonistes qui partent d’un même point avant de chacun mener leur petit bout de chemin. Une femme qui est mariée à un homme assez âgé, un jeune homme à qui peu de choses réussissent : souvent triste, parfois beau, mais sans plus. Dommage.

Il était une fois…

Il est arrivé à Gimpei Momoï une bien curieuse aventure : croisant une inconnue (Miyako de son chouette nom), celle-ci lui a balancé à la gueule son sac à main. Puis a filé à l’anglaise. Dans ledit sac, une somme plus que rondelette. Pour notre héros sans attaches et vivant dans le souvenir de celles qu’il a aimées, c’est une autre preuve de ce qu’il pense de lui en tant que repoussoir (notamment à cause de ses pieds difformes). Suivant tour à tour la jeune dépossédée ou Gimpei, Kawabata nous convie dans les méandres de l’amour contrarié.

Critique du Lac

Pas évident du tout, faire une critique sur un livre dont on ne se souvient guère, et qu’une rapide relecture n’aide pas vraiment. Déjà, en lisant le quatrième de couverture ou quelques commentaires, Le Tigre a eu l’impression de rechercher sur internet quelle maladie il pourrait avoir d’après ses symptômes. Le truc à ne pas faire, parce que ma vision de ce court titre n’est pas allée aussi loin ou aussi haute.

D’une part, le titre. Le lac. Et bah faut attendre qu’une copieuse moitié du roman passe avant de lire un rapide sous-entendu sur le fameux lac. Parce que si le narrateur, Gimpei, préfère ses eaux calmes à la puissante houle de la mer qui l’effraie (allégorie sur les femmes ?), on n’entend parler de ce foutu plan d’eau bien plus tard. Alors certes ces passages se laissent largement lire, mais ce n’est pas vraiment ce que l’éditeur nous vend.

D’autre part, le style. Pour être (relativement bien sûr) familier de l’écrivain nobellisé, Le Tigre a été incontestablement déçu par un scénario qui, en plus de s’étirer et être morne, reste passablement confus. Le problème, et je n’y peux rien, est le jeu de saute-moutons de Yasunari entre la femme et son environnement (qui m’a plus d’une fois échappé) et les pérégrinations du héros, avec quelques flashbacks savamment déposés. Si on ajoute les noms, complexes car orientaux, des individus croisés, bah la concentration du Tigre est éprouvée à des niveaux rarement atteints.

Au final, il faut reconnaître à l’auteur (servi par une traduction sans défauts il me semble) d’avoir produit quelque chose de plaisant et simple, tout en faisant preuve d’une touchante puissance rencontrée dans certains paragraphes. Sauf que la mayonnaise n’a globalement pas pris dans mon esprit étriqué. Shit happens.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Un thème, en fait : l’amour presque impossible. La jeune femme, avec son compagnon bien plus vieux, constituent un couple à côté de la plaque. Quant à Gimpei, objet réel du roman, le pauvre hère n’a pas eu de relations stables et heureuses. Que ce soit avec sa cousine (souvenirs d’enfance autour du lac avec un chien chasseur de souris) ou une de ses anciennes élève, on comprend rapidement que ça va tourner en eau de boudin. La fin n’aide pas notre héros : si on passe le lâcher de libellules (ai rien compris), la rencontre avec une quarantenaire dans le bar m’a bien marqué, disons que c’est le genre de pages qui laisse un tout dernier sentiment assez bon.

Hélas, Le Tigre n’a pas plus que cela été abasourdi par l’omniprésence de la mort, si ce n’est sur quelques soucis de la part du héros avec d’anciennes petites amies qui prenaient une vilaine tournure indéniablement morbide.

…à rapprocher de :

– De Kawabata, dans les courts textes, Le Tigre a beaucoup mangé : La Danseuse d’Izu (je conseille), Tristesse et Beauté, Le maître ou le tournoi de go (très bon celui-là),…

– Mais le must du must reste Les belles endormies. Point barre.

– A considérer, comme la préface tend à le signaler, que ce titre est une sorte de testament avant le suicide (qui vient quand même deux décennies plus tard) de l’auteur, alors du côté de Mishima, son essai Le soleil et l’acier est bien plus parlant. Dérangeant et sombre.

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