François Szabowski – Une larme de porto contre les pensées tristes

Aux forges de Vulcain, 82 pages.

François Szabowski - Une larme de porto contre les pensées tristesEncore un ouvrage de François Szabowski lu, et il faut avouer que l’écrivain sait faire de tout en plus d’avoir de la suite dans les idées. Il y a de tout dans ce recueil de nouvelles, tant du très bon que de courts textes qui m’ont laissé pantois. Dans l’ensemble quelques chapitres auraient mérité d’être étoffés tant leur idée principale est excitante (d’un point de vue littéraire bien sûr).

Il était une fois…

Plus d’une vingtaine de nouvelles qui ne dépassent pas 3 à 4 pages (si on les collait dans un livre de poche bien aéré), soit moins de 80 pages qui peuvent se lire en moins d’une heure. Quant au titre, les fameuses larmes de porto renvoient à une préface (cf. dernier thème) qui amènera plus d’un lecteur à retourner lire quelques passages.

Critique d’Une larme de porto contre les pensées tristes

Ce court livre numérique a été envoyé au Tigre par les Forges de Vulcain (l’éditeur) sous la forme d’une clé usb comprenant quatre romans, dont celui-ci. Pour Le Tigre qui commence à bien connaître le sieur Szabowski, on repère ici et là quelques thèmes chers à l’auteur : Les mémoires de Casanova décrit la mauvais foi caractéristique tandis que Premier amour présente un jeune qui comprend tout de travers, tel le héros des aventures d’un copiste (cf. Infra).

Sur plus de vingt nouvelles, il est quelques pépites disséminées qui en feront ricaner plus d’un. Rire jaune souvent avec François S., l’aspect acide et corrosif de son humour (avec des protagonistes soit naïfs soit diaboliques) ne m’ont pas laissé indifférent. La soirée chez Ivan ? Marrante et étonnante. Le Dindon ? Cocasse et profondément amorale (j’y ai vu une acerbe critique de l’utilitarisme capitalistique).

Après les roses envoyées, quelques épines : l’ennui ne s’installe pas puisque le recueil m’a paru légèrement trop court. Si on lit le tout avec une certaine fluidité, Le Tigre aurait préféré des meilleurs passages plus « charpentés », quitte à laisser de côté les moins bons. Ça aurait ainsi été moins fatiguant de passer d’un écrit à l’autre. Remarque certes éminemment subjective, car selon l’humeur il y a un texte adéquat.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’hommage à toutes les littératures. C’est presque un travail d’écriture que nous livre l’auteur, et j’ai cru remarquer qu’il se faisait intensément plaisir (et le lecteur par la même occasion) à certains moments. Le Tigre pense notamment à la nouvelle L’Écrivain, texte d’excellente facture qui regorge de trois phrases alambiquées et pompeuses qui ne sont pas sans rappeler quelques jaillissements d’auteurs contemporains. Jugez plutôt d’après cet extrait, à mi-chemin entre la fantasy et le roman historique too much :

[…] que survint, par un matin de printemps, comme seules les rives de l’Indus en accouchent, un carrosse de trente coudées tiré par quinze alezans ceints d’une foule chatoyante d’esclaves madrés à la peau luisante d’opale, sur lequel Theodora, alors fille puînée de l’Infâme – ainsi que les scribes, depuis Roderic, avaient eu coutume de décrire Asopée le prince de Karagöz – fit son entrée dans la Ville […]

Blague à part, heureusement que la postface n’est pas une préface, car on y apprend l’origine de ce travail d’écriture. [Attention SPOIL] Contrairement au Tigre, François ne se souvient que rarement de ses lectures. C’est pourquoi il s’empresse de faire une note écrite dessus dès le livre refermé. Sauf pendant quelques mois où cela lui fut impossible. D’où Les larmes de porto, textes qui exprimes ses très subjectifs souvenirs de l’œuvre (il fait le lien entre cette dernière et le chapitre d’ailleurs). Larmes de mémoire qui selon lui ne sont pas un hommage, mais pour Le Tigre c’est un des plus beau qu’on puisse donner à un roman. [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– Szabowski est à l’honneur chez cet éditeur, avec notamment Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent (les fameuses aventures d’un copiste qui méritent d’être lues rien que pour les titres des chapitres) et Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur,(pas mal du tout). Ou Silhouette minuscule (glauque et correct) coécrit avec Anna Streese et présent sur la clé usb. Pareillement, Il faut croire en ses chances est à ne pas rater.

– La fine imagination de l’auteur se retrouve dans le recueil de désopilants proverbes dans La famille est une peine de prison à perpétuité (illustrations d’Elena Vieillard).

– Dans ce même média original , il y a en outre Avec l’assentiment du reptile, de Grégory Mion, qui est une petite tuerie, et Le Spectateur, de Jérôme Monti (très bon également).

– Le Tigre a souvent pensé, en lisant ces nouvelles éclectiques, aux Exercices de style, de Raymond Queneau.

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