Joe Hill – The Cape 1969

Milady, 110 pages.

Joe Hill - The Cape 1969VO : idem. Lorsqu’un soldat américain, en plein conflit vietnamien, se voit pousser des ailes, il y a de quoi ne pas savoir comment juger une telle histoire. Mignonne fable aux enseignements nombreux ou vaste fumisterie, mon cœur balance. Roman graphique sans prétention, c’est certes agréable, mais il n’y a pas de quoi fouetter un gentil chat.

Il était une fois…

A la fin des années 60, certains aiment à croire que la guerre au Vietnam va peut-être toucher à sa fin. Même le capitaine Chase, pilote d’hélicoptère qui survole le pays dévasté. Hélas, son hélico se fait canarder, et il se tire miraculeusement du crash avec un soldat. Je ne sais pas s’il faut parler de miracle dans la mesure où les deux Amerloques sont vite rattrapés par la patrouille vietcong. L’éphémère partenaire est abattu sur le champ, et le capt’ain emprisonné. A partir de là, Chase va vivre une bien étrange expérience…

Critique de The Cape 1969

Pour votre gouverne, Joe Hill n’est rien d’autre que le fiston de Stephen King. Et le rejeton semble avoir du talent, du moins je vous le confirmerai après avoir lu un de ses titres. Joe a notamment écrit une nouvelle dont s’est inspiré le scénariste Jason Ciramella pour la présente histoire.

Revenons au protagoniste principal, Chase. Il est dans un bien mauvaise posture, situation qui n’est pas prête de s’arranger dès lors qu’il doit, pour survivre, faire une course dans la gadoue avec un vieil homme sec aux tatouages mystérieux – le même rapidement croisé après le crash. Ce dernier individu a quelque chose de particulier puisqu’il a certains pouvoirs, celui qu’on découvre consiste à s’envoler comme si la gravité était une légende.

C’est à cet instant que l’histoire prend une tournure déroutante car versant dans un fantastique plutôt surprenant : Chase, parce que le vieux magicien lui roule une galoche avant de clamser, acquiert son pouvoir consistant à voler dans les airs. Rien que ça putain ! Et notre héros, dont la famille (quelques flashbacks à ce sujet) l’attend non sans fébrilité, souhaite utiliser ce don pour assouvir une vengeance contre le boss du camp viet cong. Sauf que le dénouement arrive avant même que Le Tigre s’en rende compte, et voilà la dernière page retournée. Déception totale.

Néanmoins, les illustrations de Zach Howard ont quelque chose qui rend ce roman graphique plaisant, la lecture est facilité par des traits sobres qui parviennent à rendre les personnages attachants. Au surplus, les teintes ocres et rouges dominantes (et le texte minimal) tendent à faire de cet opus un ouvrage qui peut être lu par le plus grand nombre – taille oblige. Hélas, ça ne rattrape qu’à peine une histoire bien trop courte, presque légère et dont la fin m’a paru bâclée – à moins que je n’ai rien pigé aux leçons transmises par The Cape 1969, année érotique.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La manière dont le scénariste aborde la guerre du Vietnam a le mérite d’être originale : le méchant de la compagnie qui a recueilli le capitaine Chase est un sino-américain avec un enfant qui participe activement au conflit. Manière pas vraiment subtile de présenter l’embrigadement des jeunes ou d’une famille toute entière dans une guerre totale, mais surtout montrer comment un individu tombé amoureux du pays envahi peut se retourner contre sa patrie : l’antagoniste, dont le fils est de double ascendance et a subi les moqueries, se voit mieux accueilli par les Viets que par l’Oncle Sam qu’il a fini par abhorrer – raisons très brièvement abordées cependant.

Le fantastique de cette œuvre est différent des comics « traditionnels » étant donné que Chase, qui récupère son pouvoir par erreur, ne paraît pas l’utiliser à meilleur escient. Pour faire simple, il gâche connement sa faculté de voler en provoquant en duel hélicoptère de l’ennemi, ce qui l’amène à une mort certaine. De la part d’un époux et d’un père, voici une brillante illustration de ce que la vengeance aveugle, dans ces moments foutrement bellicistes, peut apporter de malsain. Donnez à un homme en colère et traumatisé un superpouvoir presque primaire (voler, c’est le rêve de tous non ?), il n’est pas sûr qu’il en fasse quelque chose de positif.

…à rapprocher de :

– Ce titre ne fait que présenter The Cape, autre comics qui reprend des éléments du présent scénario dans un univers plus contemporain. Pas sûr d’avoir envie de le lire.

– Le magicien qui vole ressemble fortement au gus dans Tintin au Tibet – mais je dois me faire des idées.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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