VO : Parable. Lorsque l’immense scénariste Stan Lee s’associe au non moins exceptionnel Jean Giraud (ici sous le nom de plume Moebius), forcément il est légitime de s’attendre à une explosion littéraire. Et l’adaptation des aventures du surfeur d’argent dans un monde qui perd ses repères est très bonne certes. Mais le lecteur exigeant aurait pu espérer une claque scénaristique un peu plus vive.
Il était une fois…
Sur notre bonne vieille Terre apparaît un beau jour un impressionnant vaisseau. Il en sort un gros étron qui répond au nom de Galactus. Ce dernier a bien promis de ne jamais attaquer les Humains, c’est pourquoi il « propose » à la populace admirative (et craintive) de tout simplement le vénérer. Et les Terriens, cons comme ils sont, s’exécutent. Seul Silver Surfer, ancien héraut (je vous expliquerai) de Galactus, est en mesure d’arrêter le carnage qui se prépare.
Critique de Silver Surfer : Parabole
Avant d’attaquer le résumé de l’œuvre, il faut savoir que l’histoire à proprement parler n’occupe que 50 pages toutes mouillées, soit à peine deux tiers de l’ouvrage. Le reste est un témoignage (plutôt intéressant) de Giraud sur l’approche et la philosophie de Parabole, et comment il en a chié pour rendre son travail.
Pour faire simple, Galactus tente de prendre par derrière l’Humanité en l’amenant à s’autodétruire plutôt que la conquérir franchement. Et le Surfeur, ancien aide de camp du super-vilain, semble être le seul à pouvoir s’opposer à ce bordel – bah oui, y’a plus d’autres superhéros dans cet univers. Du côté des humains « normaux », il y a un homme bien décidé à assoir son pouvoir déclinant : il s’agit de Colton, prophète de mes deux dont la sœurette (une belle blondasse comak) semble un peu moins con que la moyenne – ça ne l’empêchera pas de crever. Happy end oblige, Galactus s’aperçoit que le monde entier ne le vénère plus, aussi décide-t-il (encore une fois) de tenir parole et part comme un pet sur une toile cirée.
Quelques esprits contrits trouveront que les ficelles narratives sont aussi maousses qu’un baobab centenaire, et que les dialogues sont définitivement trop plats et évidents pour que l’apport « philosophique » soit complet. Cependant, pour un comics sorti à la fin des années 80 et à destination des Amériques, ça aurait pu être nettement pire. En outre, Moebius au dessin, ça n’a (presque) pas de prix. Le héros (et surtout l’antagoniste) en imposent, quelques planches envoient, visuellement, du rêve. De même, la patte du dessinateur a ravivé de glorieux souvenirs, Le Tigre avait impression tenace d’être en terre familière – le héros en clochard et dans un univers décadent, c’est du John Difool pur jus.
Tout ça pour vous avouer que Le Tigre, tel un gosse à qui une belle grosse guimauve est donnée, a pleinement apprécié ce comics…en fait, j’étais un poil embêté quant au classement sur cet objet littéraire : est-ce une BD typiquement américaine ou, plutôt, un roman graphique ? Moebius me semble s’être, de bonne grâce et avec talent, s’être plié aux canons des comics – dont acte.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Puisque Moebius s’est allègrement épanché sur les coulisses de la création de cette BD, autant s’inspirer de ce qu’il dit. De toute façon, il n’est plus là (et c’est bien dommage) pour protester.
La solitude et l’incompréhension de ses contemporains sont prégnantes, et il n’est pas exclu de ressentir de la tristesse face à un homme sensé qui pisse dans un violon géant. Le Surfeur, du haut de sa sagesse, sait le petit jeu auquel joue le mangeur de mondes. Sauf que le protagoniste principal prêche dans le vide, sa voix n’est que peu de chose face à la bonne parole du nouveau Dieu et aux furieuses éructations du prophète – et, paradoxalement, face aux membres de l’ONU alors que Colton est le seul à savoir de quoi il retourne vraiment.
A mon humble avis, la parabole du titre est celle de la relation compliquée entre l’Homme et ses dieux. Et, dans cet opus, la religion est une belle petite salope qui fait des dégâts. Dès que le vilain descend sur Terre et annonce à la cantonade que le péché n’existe pas et que c’est la fête du slip, son pouvoir apparent offre à la population une raison supplémentaire de faire n’importe quoi – on se demande d’ailleurs pourquoi le Président des EUA est encore en place. En rajoutant le faux prophète et les esprits trop contents d’avoir quelque chose de facile (et qui les arrange) auquel croire, l’anarchie est la nouvelle mode. Tout ceci à l’encontre de ce que déclame le héraut de Galactus, selon qui le divin ne peut être qu’amour et raison garder.
…à rapprocher de :
– De Stan Lee, pfffiou, ayant un poste de direction chez Marvel, inutile de rappeler toutes ses contributions… En revanche, faut pas confondre Stan Lee et Jim Lee, ce dernier s’étant particulièrement illustré dans Batman : Silence (DC Comics, pas Marvel).
– De Moebius, la référence qui vient à top of the head est Blueberry. Bien sûr. Pour ma part, je me suis surtout régalé avec L’incal. Voire L’homme est-il bon ?, court recueil qui se laisse dévorer.
– Concernant le Surfeur d’argent, Le Tigre a nettement préféré Requiem, de Straczynski et Ribic. Une pure beauté qui a bien failli m’arracher une larme. Le tome 1 de Slott & Allred sorti en 2014 (en lien) est également bon.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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Quoi Jean Marc Ayrault est un silver surfer !!?? Je ne pensais même pas qu’il savais se servir d’un ordinateur.
Je n’ai peut-être pas saisi toutes les subtilités de ce comi(que ?)c.
C’est plus compliqué. Privé d’aéroport près de Nantes, Galactus a inventé un surf à son Ayrault pour qu’il puisse décoller sans piste d’atterrissage. Sauf que le héros (le même hein) a été mis d’office à la retraite. Et il n’utilise son surf que dans l’eau, sur les plages de l’île de Ré avec d’autres zhéraults retraités.
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