Peter F. Hamilton – La Saga du Commonwealth

Milady, environ 4 x 700 pages.

Peter F. Hamilton - L'étoile de PandoreVO : The Commonwealth Saga (jusqu’ici, c’est logique). Pas mal du tout : Rien à dire, Hamilton a la technique pour produire de fabuleuses sagas. Ici, l’humanité en développement tombe sur une étoile où sont prisonniers une espèce peu reluisante. Intelligent, passionnant malgré quelques longueurs ici et là, du space opéra comme Le Tigre les aime.

Il était une fois…

Comme tout grande saga de SF, l’auteur pond des romans de taille indécente. Aussi l’éditeur en charge de la traduction française, attiré par l’appât du gain, splite chaque titre en deux. Le Tigre restera sur la publication originale, en racontant brièvement le scénario des deux titres.

L’étoile de Pandore : A la fin du 24ème siècle (ça me paraît un peu tôt mais bon), l’Homme a colonisé un joli paquet de planètes. Et cela grâce à une technologie découverte par deux hommes (Nigel et Ozzie le rasta) permettant, à l’aide de trous de ver, de se télétransporter. Du coup, les communications passant vite, l’Humanité est plus ou moins apaisée autour d’une entité, le Commowealth intersolaire…jusqu’à ce qu’on découvre une anomalie à un millier d’années-lumière, à savoir une étoile emprisonnée dans un camp de force. Le Commonwealth prépare une expédition pour savoir ce qu’il retourne…

Judas déchaîné : Bien évidemment le voyage vers la mystérieuse étoile a ouvert ladite boîte de Pandore. C’est la guerre totale, et les humains sont bien en mauvaise posture. Pendant ce temps, Ozzie continue son voyage auprès des Silfen. Comment lutter contre MatinLumièreMontagne lorsqu’en plus l’Arpenteur des Étoiles œuvre en sous main pour détruire la civilisation humaine ?

Critique de la Saga du Commonwealth

Attention, petit chef d’œuvre d’Hamilton qui décidément tient une forme olympique. Après l’Aube de la Nuit, voici la suite directe de Misspent Youth (qui se tenait plutôt dans un futur proche). « Seulement » quatre romans de plus de 700 pages, Le Tigre a passé une semaine d’exception en dévorant le monde fascinant de l’auteur anglais.

Le scénario, que j’ai essayé de simplifier, est d’une certaine complexité. En fait, le premier tome peut faire peur dans la mesure où Peter nous introduit auprès de plus d’une dizaine de personnages : un astrologue, deux scientifiques à l’origine de la technologie des trous de ver, quelques rebelles, des politiciens, une flic incorruptible (qui mène une enquête assez prenante), un pilote de la NASA qui s’est fait damer le pion en posant le pied sur Mars, etc. Ça fait beaucoup de monde à connaître, presque du Tolstoï ! – je plaisante.

Toutes leurs péripéties, enquêtes, recherches se croisent, et contribuent au fil des pages à créer un environnement certes très dense mais d’une cohérence qui fait mouche (si ça vous parle). Lorsque les différentes histoires se croisent ou se rejoignent, cela ferait presque bizarre de voir nos protagonistes dans le même lieu. Ce qui a particulièrement fait ronronner Le Tigre, c’est lorsque l’auteur décrit les espèces extra-terrestres : l’analyse xéno-sociologique des « autres » est très bien pensée et, paradoxalement, apporte une touche résolument humaniste à ce cycle.

Ne vous inquiétez pas, je vais balancer quelques points négatifs. D’une part, et c’est souvent le revers de la médaille de tels pavés, il y a forcément des passages sur lesquels le lecteur peut s’inquiéter d’un éventuel décrochement de mâchoire. Ajoutez à cela le nombre d’histoires parallèles, il faut être patient et laisser Peter F. Hamilton joindre les bouts. D’autre part, j’ai trouvé la fin légèrement décevante par rapport à l’envergure de la Saga. Un écrivain comme Reynolds fait, à mon sens, mieux.

Pour conclure, j’ai conscience qu’en 1.000 mots je n’arriverai pas à rendre compte du quart du dixième de ce qu’il y a à découvrir dans L’étoile de Pandore. Juste dire que, de grâce, essayez au moins de terminer le premier tome, le meilleur (notamment le dernier opus) arrive ensuite.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La quasi immortalité des êtres humains. Grâce au processus de « rejuvenation », ou rajeunissement, chaque personne peut se faire une petite cure et repartir comme en 40 ! Moyennant finances bien sûr, si bien que la plupart de la classe moyenne travaille toute une vie pour s’en payer une autre. Quant aux plus riches, ceux-ci peuvent s’offrir une vie entière de glandouille bien méritée. Grâce aux sauvegardes des données neurales de chacun, la « perte » de son corps s’accompagne d’une renaissance avec les derniers souvenirs enregistrés. Ainsi, l’immortalité n’est pas vraiment loin.

Plus généralement, Hamilton présente une humanité apaisée qui a confiance en ses institutions. Le Commonwealth, c’est une jolie machine politique aux mains de grandes familles dont la compétence ne paraît pas être discutée. Liberté étendue des citoyens, capitalisme non excessif, voilà un système libérale de bon aloi que ne renierait pas The Economist. Et puis, le « gap » entre le commun des mortels et les très privilégiés que nous suivons ça ne semble pas générer de grands troubles chez la populace.

Les civilisations E.T. : Hamilton est imaginatif, et décrit magnifiquement les pensées d’une civilisation éloignée de nos standards : que ce soit MatinLumièreMontagne et la manière dont il a su contrôler une planète entière (avant de s’en prendre au Commonwealth) ; ou des Silphen qui ressemblent à ce qu’on imaginerait d’une civilisation « parfaite » ; sans oublier les Intelligences Artificielles bien éloignées des préoccupations humaines, tout est renversant. Le Tigre aime se rappeler le superbe voyage d’Ozzie (à la recherche de solutions sur le conflit qui se déroule), personnage complet qui fait la rencontre d’entités inconnues que le lecteur se surprendra à prendre d’affection. Un adorable dépaysement.

…à rapprocher de :

L’Aube de la nuit, Misspent Youth, que du bon Hamilton. Surtout le premier.

La Trilogie du Vide, suite directe de cette saga, envoie du très lourd. Par égard pour le lecteur, ça se passe quelques centaines d’années après. Sinon la Saga aurait été monstrueuse en terme de nombre de mots.

La Grande Route du Nord (tome 1 et tome 2 sur le blog) est également une relative réussite, même si les ingrédients de l’auteur n’ont pas changé – l’efficacité reste presque au rendez-vous.

– Sur la description de fabuleuses civilisations E.T. (même les méchants), et leurs modes de pensées forcément décalés, il y a Reynolds et son Cycle des Inhibiteurs (notamment L’arche de la rédemption).

– Sur la description de fabuleuses civilisations E.T., mais des gentilles, Le Tigre ose la comparaison des Silphen avec les Wess’har de la saga de Karen Traviss.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette saga en ligne en commençant ici.

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