Southeast Jones - Il sera une fois...Une quinzaine de nouvelles, de tailles variées, qui invitent le lecteur à se poser des questions sur le devenir de l’Humanité. Grand space opera, textes plus intimistes, il y a régulièrement de quoi s’ébouriffer le cervelet – et faire des films de SF enfin valables. Quelques pépites font de ce recueil plus que passable un ouvrage qui peut se relire pendant les longues soirées d’hiver.

Il était une fois…

Pour une fois, l’éditeur a versé dans la simplicité et la clarté. Il serait dommage de ne pas reproduire une partie du quatrième de couverture :

« Il sera une fois vous invite à rêver demain : de l’humain au surhumain, de notre insignifiante petite planète aux confins de l’univers et au-delà, Southeast Jones vous convie à découvrir ses visions d’avenir au travers de quinze contes étranges, drôles ou inquiétants. »

Critique d’Il sera une fois…

Deux petites choses à connaître avant de poursuivre la lecture de ce pertinent billet. D’une part, le félin connaît bien Southeast Jones qui a pris le risque, sans hésitation, de m’envoyer son ouvrage. D’autre part, cette connaissance s’étend à certains textes, présents dans ce recueil, dont Le Tigre avait déjà souffert la lecture. C’est donc avec un plaisir non simulé que j’ai pu les relire, comme on remet le couvert avec une ex perdue de vue – notamment l’excellent Les enfants de nos enfants, fable douce amère qui emplit le cœur.

Le titre du recueil, finement trouvé, est sans appel : il s’agit d’histoires se situant dans un avenir plus ou moins éloigné, l’être humain restant globalement au centre de la narration. A partir de là, l’auteur belge ratisse large avec de nombreux sujets, que l’on soit dans un univers connu où un évènement particulier aura des conséquences irréversibles (Question de foi, Le C.R.I.M. était presque parfait) ou sur des planètes lointaines avec des êtres aussi éloignés de l’homo sapiens que Madoff de l’intégrité. Souvent, et conformément à l’exercice littéraire de rédaction de courts textes, l’auteur nous plonge illico dans l’étranger (Noël lointain) de façon immersive et termine par une surprise finale qui invite, à nouveau, à la réflexion (exemple de Barbares, première nouvelle, de loin la meilleure).

Malgré quelques textes sans grande envergure qui ont à peine touché la couille gauche (celle qui descend le plus) de votre serviteur (Divergence d’opinion, Rétrocession ou Trip), il faut reconnaître que Southeast Jones a tenté, non sans succès, à émerveiller son lectorat avec des problématiques puissantes – l’immortalité, l’avenir de notre espèce, sa bêtise inhérente. Lesquelles font de ces morceaux de littérature des friandises intellectuelles qui méritent d’être laissées à portée de main pour les déguster progressivement.

Vous l’aurez compris, le félin n’est ici pas très objectif. S.J. est une connaissance qui, à un âge vénérable, a sauté le pas pour faire publier une partie de ses productions et n’hésitera pas à me briser les griffes s’il me venait à l’idée de prétendre que son recueil fleure le moisi. Sauf qu’avec son style aéré, décomplexé (j’allais dire roublard) et plutôt riche surtout lorsqu’il s’agit d’inventer les termes du futur, Mister Jones est un écrivain qui gagne à être connu et dont au moins trois textes vous raviront.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

[La préface aurait pu constituer la structure de la présente critique, difficile de l’ignorer.]

Génération oblige (désolé pour l’auteur), l’œuvre est imprégnée d’une science-fiction dite « à la papa » – cette expression à la con est de moi. C’est-à-dire la SF de l’âge d’or, celle des années 60 où tout n’est que décomplexitude (cet horrible terme est également de moi), scènes grandioses (presque too much) et humour facile. Aussi le réalisme scientifique se carapate plus d’une fois derrière des termes pompeux, l’idée étant de s’affranchir de la hard science pour imaginer un au-delà temporel où les vraies questions peuvent être posées – mais avec les références morales et culturelles d’aujourd’hui, ce qui ne manque pas de cocasserie.

Malgré la variété des futurs envisagés par ce bon Southeast, le félin a cru déceler un petit (mais ô combien important) point commun à ces textes : l’optimisme. Quoiqu’il advienne, l’Homme évolue (de son propre chef ou par une force extérieure) et son extinction est rarement à l’ordre du jour – concernant Emancipation, je ne suis pas certain. Certes il faut voir à quoi ressembleront nos descendants et dans quelles conditions ils vivront, mais du moment que nous essaimons dans les étoiles, l’espoir reste intact. Le risque qui apparaît est, paradoxalement, en rapport avec la religion : dans des temps extrêmement lointains, l’Humanité modifiée se rapprocherait de la déité et, face à l’absence de frontières à franchir, perdrait son élan vital et se laisserait couler dans une paresseuse contemplation – Le Tigre ne s’avancera pas sur le potentiel état d’esprit de ce groupe d’individus.

En même temps, Il sera une fois… reprend la formule bien connue des contes. Southeast Jones endosse les oripeaux du conteur (tel le protagoniste de Rétrocession), à la différence qu’il nous entretient d’histoires à venir. Dans tous les cas, de tels textes ont vocation à faire le lien entre le présent et un autre temps en plus de nous instruire. Nous expliquer comment nous allons/avons tous crever/é irait à l’encontre de l’esprit du titre.

…à rapprocher de :

Comme je le disais, S.J. a sévi au sein d’une maison d’édition ultra-indépendante (une association qui se fait plaisir) à plusieurs reprises : Fin(s) du monde ; Sales Bêtes ! ; L’homme de demain : Les contes roses (vol.1), etc.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Schuiten & Peeters - Les murailles de SamarisSur-titre : Les Cités obscures. Dans un univers fantastique aux relents de steampunk et d’Art nouveau, des villes semblent animées d’une existence propre et font perdre à certains habitants tous leurs repères. Outre le scénario halluciné, c’est avant tout les illustrations qui font la force d’un tome visuellement exigeant qui aurait sa place dans un recueil d’architecture.

Il était une fois…

Franz Bauer, habitant talentueux de la riche ville de Xhystos, est envoyé par les dirigeants de cette dernière vers la lointaine cité de Samaris – cité dont on n’a aucune nouvelle des derniers émissaires. La mission promet de durer plusieurs mois, notamment en raison des moyens de transport pour atteindre Samaris (par les airs – un altiplan -, le rail et d’autres engins assez étonnants). Une fois dans la ville à l’architecture flamboyante, Franz sent que quelque chose n’est pas normal. Que cache donc ce foutu endroit ?

Critique des Murailles de Samaris

Voici le premier opus d’une immmmense saga dont le félin adore, de temps à autre, relire quelques passages. Rien que l’aspect visuel est une claque continue qui confine à la persistance rétinienne – l’illustrateur est d’ailleurs crédité avant le scénariste. Les personnages sont certes soignés, mais c’est avant tout le décor qui fait le succès de cette série. Car la formation architecturale de François Schuiten (son papa était un architecte renommé) transpire des planches pour le plus grand plaisir du lecteur.

Schuiten & Peeters - Les murailles de Samaris extrait1Il en est notamment de Samaris, ville à l’architecture bâtarde et fascinante. Les bâtiments sont hauts et majestueux dans un style Art nouveau avec quelques éléments baroques (richesse des moulures ou couleur jaunâtre, presque écœurante). Si ces bâtisses laissent croire que les héros évoluent à la fin du XIXème siècle (voire en pleine Belle époque), la technologie a ce petit quelque chose de steampunk, mais sans vapeur ni pollution. Plutôt des objets sortis de l’esprit d’un Léonard de Vinci taillés dans une échelle plus fasciste : les protagonistes sont écrasés par ces bâtiments intimidants, lesquels, ensemble, peuvent être considérés comme un individu doué d’une volonté propre.

Concernant le scénario, le félin se concentrera sur la première histoire dans la mesure où, sur les trois histoires suivantes des Mystères de Pâhry, seule une m’a vraiment plu. Il est en outre difficile de rester au niveau des Murailles de Samaris, fiction qui démarre telle une aventure, se poursuit en enquête qui se transforme en récit kafkaïen qui en laissera plus d’un songeur – le malheureux héros ne s’appelle pas Franz pour rien. Il est délicat de vous en dire plus, surtout que Peeters, le scénariste, parvient à en dire énormément en une trentaine de pages – perte de l’être cher, perte des repères, perte de soi, etc.

En revanche, je n’ai pas été en mesure d’apprécier pleinement les autres contes. Les thèmes ont beau être proches, la narration et le vertige équivalents, néanmoins l’absence de couleurs et des cases plus verbeuses ont eu raison de ma patience – exception faite de L’étrange cas du Docteur Abraham, dizaine de pages colorées sur un homme sujet à d’horribles migraines dans un Paris fantasmagorique.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Face à un tel monstre de la bande dessinée, le félin va gentiment rester dans les clous (surtout lorsqu’il s’agit de traiter du premier tome) :

Schuiten & Peeters - Les murailles de Samaris extrait2Comme je le disais, les auteurs ont eu à cœur de faire de la ville et de son architecture un personnage à part entière. Samaris est une cité sans âge qui doit apparaître dans toute sa magnificence et use d’artifices pour cela (trompe l’œil, mouvements de plateaux, etc.), à l’instar d’une vieille dame digne utilisant maquillages et effets de lumière. La ville est personnifiée, et son architecture est son bras armé : c’est particulièrement le cas de Pâhry, ville mystérieuse qui est le penchant fantastique de la capitale française et dont les immeubles naissent sans intervention humaine.

Les subterfuges et illusions des villes-héroïnes sont toujours dirigées à l’encontre des habitants (ou simples voyageurs). Soit l’être humain est au centre des machinations d’une cité uniquement orientée vers ce dernier, soit l’individu n’est qu’un « objet » soumis aux caprices d’une force qui le dépasse. Dans tous les cas, la violence exercée accompagne la victime, lentement mais sûrement, vers le chemin de la folie. Labyrinthe donnant l’impression de tourner en rond, dédales à la Kafka qui renvoient aux comportements des habitants,…tout invite à la rétrospection et à la remise en cause de ce qui constitue la réalité. Hélas, ces « voyages » sont trop déroutants pour les protagonistes qui finissent par perdre la boule.

…à rapprocher de :

– Tigre tâchera de traiter des autres opus des Cités obscures, promis.

– Il y a une autre série de bandes dessinées dont le rendu architectural est un cadeau pour la rétine, c’est Rork d’Andréas. Premier tome (en lien) et deuxième tome (ici) sur le blog, évidemment.

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Norman Spinrad - Le Printemps russe, Tome 1VO : Russian Spring. Dans un passé uchronique, l’Europe et la Russie reprennent du poil de la bête tandis que les States végètent. En suivant la famille d’un ingénieur de talent tiraillé entre sa patrie d’origine et son désir de participer à la conquête de l’espace, c’est une certaine histoire du monde que l’auteur francophile livre. Un peu caricaturale certes, mais point désagréable.

Il était une fois…

Tandis que les États-Unis s’enfoncent, depuis les années 80, dans une récession doublée d’une paranoïa limite raciste, l’U.R.S.S. de Gorbatchev se porte comme un charme. Tellement qu’elle va dès les années 90 rejoindre la Communauté Européenne, laquelle n’est pas loin de devenir la première puissance mondiale. Côté USA, y’a Jerry Reed, ingénieur qui voit bien qu’il n’a aucun avenir à la NASA. Côté Union soviétique, la pétillante Sonia Gagarine décide de travailler pour l’Étoile Rouge, bras économique du communisme light triomphant. Ces deux personnages vont immanquablement se croiser. Et faire des étincelles.

Critique du premier volume du Printemps russe

La préface est instructive dans la mesure où celle-ci annonce un des défauts potentiels de l’œuvre : Spinrad a voulu verser dans l’anticipation politique dans un futur trop proche. Et il s’est planté sur l’avenir du bloc communiste sur toute la ligne. Du coup, la science-fiction laisse la place à une forme d’uchronie plutôt bancale qui se concentre plus sur le destin d’une poignée d’individus que sur les grands mouvements historiques qui auraient pu advenir.

Une micro-uchronie à l’échelle d’une famille donc, avec un style d’une simplicité désarmante qui se veut largement descriptif. Tel personnage pense ceci, un autre se balade par là et l’auteur décrit sa visite avec quelques détails bien sentis, le tout avec des dialogues directs et francs que le lecteur avalera avant de passer à une autre scène – il sera souvent question de la sublime ville de Paris et d’un mode de vie européen passablement fantasmés (France = champagne + cul). Le tout par un écrivain récemment installé en France, pays dont il est indubitablement tombé amoureux. Le Tigre sait que ce roman a de nombreux défauts, pourtant l’imagination (délicieusement à côté de la plaque) de l’écrivain a quelque chose de désuet qui est terriblement séduisant.

Parlons un peu du scénario. L’automne américain, d’abord, qui présente Jerry Reed et Sonia Gagarine (rien à voir avec l’astronaute, mais elle en joue). Le premier reçoit une offre de l’agence spatiale européenne, néanmoins l’accepter ferait de lui un paria en Amérique. Qu’à cela ne tienne, sa carrière et ce à quoi il aspire sont en jeu…faut dire que la rencontre avec Sonia, baiseuse libérée de première, l’a aidé à prendre sa décision. La jeune Russe, embauchée comme traductrice à Bruxelles, montera vite en grade pour représenter le plus gros consortium contrôlé par le gouvernement russe. Le printemps russe, ensuite, développe cette histoire d’amour tiraillée entre la famille (les Reed ont deux enfants assez différents) et contexte géopolitique délicat dû à l’entrée de l’U.R.S.S. dans la C.E.E. (triple lol) sous couvert d’accords spatiaux et de radicalisation des U.S.A. qui nationalisent les avoirs européens.

En 400 pages (soit plus de 30 ans), Norman Spinrad part de deux jeunes protagonistes jusqu’à s’intéresser à leurs enfants Franja et Robert (il préfère Bobby), lequel a le cul entre deux chaises : sa vision de l’Amérique, encore pure, se heurte au comportement affligeant de ses gouvernants. A-t-il envie d’étudier en Californie et, surtout, est-ce que ses parents lui laisseront cette opportunité ? Le félin était suffisamment immergé dans ces problématiques personnelles qu’il a oublié de s’interroger sur la cohérence de l’uchronie. Combien de pays dans l’Europe unie ? Que foutent la Chine et l’Inde pendant que le Vieux Continent installe des hôtels spatiaux et s’apprête à établir des bases sur d’autres planètes ? Pourquoi certaines technologies n’évoluent pas (communications, armement, etc.) ? On s’en bat les glaouis apparemment.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui m’a interpellé est le contraste qui s’établit si vite entre les deux blocs occidentaux. Le fauve n’évoque pas l’Europe de l’Ouest qui ouvre sans broncher ses cuiss…euh ses portes pour intégrer Moscou dans son giron – à moins que ce ne soit l’inverse. Le plus surprenant est la violente charge de Spinrad contre un pays dont il imagine les pires travers. Voici donc venu l’automne américain, cauchemar d’un pays enfermé sur lui-même qui ne survit que grâce à son complexe militaro-industriel et quelques opérations en Amérique du Sud – entre deux réévaluations du dollar. Travailler à l’étranger est suspect (Jerry en fera les frais), l’éducation est remaniée (programmes salement réécrits, les universités ont perdu leur lustre d’antan) et la populace entretenue dans une haine perpétuelle contre les bouffeurs de haricots (le Mexique sur le point de perdre la Basse Californie) et les Europines – sans parler des vilains Rouges. Rien à voir avec l’Amérique des années 50/60 que cherche à enseigner Jerry Reed à son fils, nation ouverte pour qui la course à l’espace n’avait pas un but strictement militaire.

La politisation est une constante d’un roman qui s’attache à rendre compte des luttes de pouvoir et leur impact sur une famille atypique – mère russe, père américain avec passeport européen. Le parcours professionnel de Reed est régulièrement soumis à des considérations politiciennes qu’il abhorre. Ne pas être nommé directeur de tel programme en raison de sa nationalité, laisser la place à un Russe conformément aux accords sur le programme eurorusse, ça épuise. Quant à Sonia, sa position fait qu’elle ira jusqu’à être « invitée » à plus ou moins rapporter à ses supérieurs des conversations avec son époux. L’antagonisme Américano-popov sera à son comble lorsqu’il sera question des études du jeune Robert Reed, au point de faire péter l’unité d’une famille.

Dernier petit point : il est évident que Spinrad a donné un peu de sa personnalité aux Reed (père et fils). Les deux hommes suivent un parcours similaire consistant à s’éloigner de leurs proches pour se confronter à l’étranger – une contrée honnie dans leur patrie. Dans les deux cas, il semble que le protagoniste, après découverte du charme du pays visité (laquelle passe par quelques agréables expériences sexuelles), revisite ses a priori et prenne une décision difficile. Avec Spinrad, s’installer à l’étranger est potentiellement une trahison, mais nul n’est prophète en son pays, et puisque les voyages forment son homme…et bla bla bla.

…à rapprocher de :

– Le second volume (en lien), bof. Au moins c’est terminé.

– De Spinrad, le félin a surtout pris son pied avec Rêve de fer – attention, uchronie second degré.

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Toshifumi Sakurai – Ladyboy vs Yakuzas, Vol.3Sous-titre : L’île du désespoir. Un peu de répit pour le ladyboy cloitré dans une cabane en bois, à l’abri des méchants ? Rien n’est moins sûr, Kôzô n’est pas au bout de ses souffrances. Tome transitoire dans la même veine que les précédents, toutefois on ne peut s’empêcher d’être déçu par rapport à ce que nous a habitué le bon Sakurai.

Il était une fois…

A l’issue du deuxième tome, Kôzô se retrouvait retranché dans une cabane en compagnie du fidèle Lion, impressionnant mastodonte qui a juré de protéger le ladyboy. La situation est d’autant plus complexe que le père de notre héros est toujours retenu en otage par les yakuzas de plus en plus excités…

Critique du troisième volume de Ladyboy vs Yakuzas

C’était trop beau pour être vrai. Deux tomes exceptionnels, et le début de ce troisième qui démarre également en grande pompe – scène de torture du père du protagoniste assez agréable visuellement. Le fauve se demandait quand le mangaka prendrait une petite pause scénaristique, et bah il semble que les deux derniers tiers de cet opus y répondent. Non pas que ce soit mal, mais étant habitué à des rebondissements en cascade, il faut convenir que ça fait bizarre quand la narration se calme.

En effet, ce tome se construit presque comme un huis clos : Kôzô et Lion (l’énorme masse de muscle de 3 mètres de haut ayant un cœur inversement gros que son cerveau) ont trouvé refuge dans une bicoque assiégée par les lubriques méchants. Un siège, en effet, avec défenses à fourbir d’un côté contre engins de siège fabriqués à la va-vite et attaques en rang d’oignons – rien de très crédible, mais l’ambiance néo bon enfant est intacte. Si la situation du ladyboy devient au fil des pages de plus en plus critique, il parvient à s’en sortir grâce à un artifice assez choquant – lequel mérite un spoil dans la partie suivante.

Si le félin a été désagréablement surpris par l’unité de lieu et d’action, il ne fut point contrarié par l’aspect toujours plus gore du manga. Les morts s’accumulent de manière vertigineuse, c’est à se demander s’il restera suffisamment d’antagonistes pour le dernier tome. Ces décès sont traités avec la même légèreté, hélas contrebalancée par un onirisme inattendu – notamment certains ex-taulards décédés qui hantent le héros ou la mort chargée symboliquement d’un des personnages.

Mon avis définitif en une phrase ? Tome chiant eu égard à ce que j’ai pu lire avant, nul doute que les deux derniers albums vont achever de trouer le cul du lecteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le sacrifice est à l’honneur ! Ainsi que la réciprocité dans cet acte. Quoi de plus beau qu’un ami donne ce qu’il a de plus cher (ou ce qu’il nous reste) avant de lui retourner la pareille ? [attention SPOIL] D’une part, Lion luttera jusqu’à sa (presque) mort pour protéger un Kôzô accablé de toute part. Tel un animal déchaîné, l’imposante erreur de la nature se démènera tel un diable pour retarder l’horrible destin de son compagnon. Lequel, d’autre part, n’aura qu’une solution pour venir en aide à son ami : le sortir de l’île pour qu’il soit soigné. C’est-à-dire le débraguetter et enfourner sa bite pour se faire « violer », condition nécessaire à son exfiltration. Une vie contre un pucelage, c’est-y pas beau ? Cette image d’Épinal est renforcée par la « montée » d’un Lion mourant, via des hélicoptères, vers une douce mort prenant la forme d’une maman nue souriante – sorte de retour au vagin maternel, cette fois-ci accueillant (faut savoir que Lion, enfant non désiré, avait violé sa daronne) [Fin SPOIL].

Étant donné que ce tome consacre la moitié de l’histoire (prévue en cinq opus), le félin en profite pour livrer une impression générale sur la saga : il s’agit ni plus ni moins de survival. Un endroit clôt, une cible, une centaine de vilains prêts à la tuer/violer, c’est comme une histoire de zombie – mais avec des pervers sexuels qui en veulent à la chatte de l’héroïne plutôt qu’à son cerveau. Le/la protagoniste fait avec les moyens du bord (arcs en bois, refuge dans les arbres), découvre des alliés inattendus et se révèle bien plus aguerri que la normale. Tout ça sous l’oeil attentif d’un bourreau, deus ex machina de pacotille. De temps à autre, l’auteur fait la lumière sur tel ou tel personnage en livrant, par flashbacks, quelques uns de ses faits d’armes. Le tout avec un style et un ton rigolard qui relèguent au fond des chiottes la bienséance la plus élémentaire, pour un résultat original qui ne laissera personne indifférent – en bien ou en mal.

…à rapprocher de :

– Bien évidemment, faut commencer par le premier tome (en lien, quelques visuels étant dispo). Puis, naturellement, avec le deuxième (en lien). Le quatrième est couci-couça. A suivre.

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Annette Lévy-Willard - Chroniques de Los AngelesMoments de vie d’une Française installée à Los Angeles entre les évènements terribles du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak, chroniques détachées à la fois accessibles et instructives, il y a de quoi passer un bon moment. Sauf si vous vous attendez à une analyse sociologique poussée ou si le ton franco-bobo vous pousse sur le haricot.

De quoi parle Chroniques de Los Angeles, et comment ?

Il était une fois un homme normal qui a eu une opportunité de boulot aux States. A L.A., s’il vous plaît. Le voilà donc qui part avec ses deux enfants et son épouse. Laquelle n’est rien d’autre qu’Annette Lévy-Willard, travaillant chez le journal Libération, fermement décidée à raconter ce qui se passe chez l’Oncle Sam.

Avec cette essayiste/écrivaine, le félin s’attendait à des anecdotes représentatives (et savoureuses) associées à une condescendance toute française – tendance gauche parisienne du 16e arrondissement, la pire des races. Sauf que le résultat fut nettement moins pire qu’escompté. Je dirai même que c’est potable, bien que l’humour mordant vanté par l’éditeur ne l’est point. Cynique, oui, mais rien de révolutionnaire ou susceptible de faire taper les griffes sur mes cuisses.

Avant d’aborder le fond du sujet, quelques autres remarques sur le style. D’abord, Annette L.W. a réussi quelque chose que peu parviennent à réaliser :  respecter une ligne chronologique tout en pondant des parties thématiques. Un chapitre, un sujet plus ou moins précis sur la vie dans la cité des Anges – travail, célébrités, gosses qui font n’importe nawak, politique, etc. Ensuite, il y a un savant mélange de fiction personnelle (certainement exagérée) et de tentative d’analyse. Ainsi, le lecteur a entre les mains des chroniques assez personnelles mais suffisamment éclairantes et instructives pour satisfaire le curieux tigre.

Et le résultat global est plaisant. Tigre supputait que les approximations d’Annette et son parti pris elle allait constituer un agacement, toutefois l’aspect « franco-chauvin » de l’auteure n’est point trop prégnant – même si le trait est parfois forcé. Le fauve s’est même autorisé à penser qu’être journaliste à Libé fait de vous quelqu’un de cool. Les enfants font n’importe quoi, les soirées se terminent salement, elle est témoin de choses assez bizarres d’un point de vue français, pour Lévy-Willard ne bronche pas. Ça l’amuse presque. La philosophie du contemplateur…à moins qu’Annette se donne un style alors que, pendant son réel séjour, elle avait plutôt gueulé comme un putois qu’on sodomise avec une borne kilométrique.

Ce que Le Tigre a retenu

Le félin passera rapidement sur les menues pratiques qui ne concernent pas uniquement la Californie, en vrac : le recours systématique à un avocat, la législation stricte sur l’alcool (et les fausses cartes ID qui pullulent), le puritanisme confirmé de nos voisins outre-atlantiques, l’omniprésence de la bagnole (sans le permis, tu ne sers à rien), etc.

Ce qui reste fandard est la propension des touristes franchouillards à « tourner L.A. ». C’est-à-dire débarquer près de Hollywood, les étoiles dans les yeux, et filer tout de suite vers ce qui claque et brille. Puis comparer ce que l’on découvre avec son propre petit paradigme, voire se moquer gentiment avant de subir un sévère contre coup. Car le Californien se lève avant 6 heures, vit à cent à l’heure et gère un nombre incroyable de contraintes (être en forme, réussir dans le boulot, assurer son rôle de parents, respecter ses engagements d’être sociable). Résultat ? Le touriste français, après quelques jours de visites intenses, finit son séjour vautré autour de la piscine de ses hôtes. Et râle. Bref, il ne vaut pas mieux qu’un Américain.

Début des années 2000 oblige, le lecteur aura naturellement droit aux interminables débats autour de la guerre du Golfe (la seconde hein, celle où le Galouzeau de Villepin aurait fait bander le Conseil de Sécurité). Entre les va-t-en-guerre Républicains en rang d’oignons derrière W. Bush et les amis européens qui n’en peuvent plus de cracher sur la politique U.S., Lévy-Willard a le cul entre deux chaises. Et, par esprit de contradiction, elle défendra telle ou telle partie selon son interlocuteur. L’esprit du troll gentil qui fait tout de même montre de diplomatie et développe les arguments de chaque partie.

Tout ceci est fort divertissant, toutefois il semble manquer quelque chose. Cette petite dose de curiosité et d’ouverture d’esprit qui fait défaut à tant d’expatriés (oui, le mot est lâché). L’envie de découvrir une ville loin de ses sentiers lumineux et qui, par déformation, semble bien superficielle. L’auteur n’exprime aucun désir de creuser au-delà des apparences, son essai ne relève rien de glauque, d’underground ou, plus simplement, quelques éléments sur la pauvre populace (les petites mains) qui vivotent autour de ce luxe tapageur. Moins de cinq années à Los Angeles ne paraissent pas suffisants.

…à rapprocher de :

Pour l’instant, le fauve n’a que peu de comparaisons à vous offrir. Il y réfléchira davantage, promis.

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CoaX - Nymphomaniaque…et autres récits. Une bonne vingtaine de récits épars mettant en scène une sexualité qui se veut débridée, la logique et la trame de Nymphomaniaque ne sont hélas pas évidentes à saisir. Le dessin aurait pu sauver la chose (la féminité y est outrageante), néanmoins celui-ci est souvent fouillis, le panard du lecteur étant diminué. Dommage.

Il était une fois…

L’éditeur résume plutôt bien le premier épisode, à savoir :

« Lorsqu’on possède un corps de rêve, qu’on est une sacrée belle gonzesse mais que, surtout, on est nymphomane, que se faire prendre quatre heures de suite ne suffit plus, jusqu’où peut-on aller ?… »
[très loin apparemment]

Critique de Nymphomaniaque

CoaX est le nom de scène d’Alvato Muñoz (avec un autre compère semble-t-il), un Espagnol qui a régulièrement publié dans Kiss Comix, magasine coquin disparu depuis. Et voici quelques unes de ses créations ici compilées pour le plus grand bonheur des amateurs – ce dont Le Tigre n’est pas, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Le titre renvoie à la première histoire qui pèse bien ses 40 pages (les autres ne dépassant pas dix planches) et traite, évidemment, d’une nymphomane qui vit mal son addiction au sexe. Alors qu’elle se met progressivement en danger (de manière soft certes), notre héroïne est repérée par un producteur qui a une idée d’un nouveau genre téléréalité – mal lui en prend. Quant aux saynètes qui suivent, Le Tigre est bien incapable de vous résumer ce dont il est question. Si le sexe (le cul, pardon) est omniprésent et les péripéties dignes de certains vaudevilles, il faut savoir que ça part souvent dans tous les sens – toutefois, ni S.F., ni histoires sombres ou autres dégueulasseries.

CoaX - Nymphomaniaque Extrait1Parlons des illustrations. La mauvaise nouvelle est le mépris qu’affiche CoaX pour les préliminaires et l’ordre : pas le temps de faire connaissance/monter la juste pression, ça défouraille en moins de deux (avec ou sans capote) et ça gueule très vite – vocabulaire pas très fin à la clé. En outre, les cases sont trop irrégulières pour que les mouvements de l’œil cartésien félin prennent un rythme satisfaisant, il en est de la variation de la taille des cases à mesure que le dénouement de l’acte charnel approche. La bonne nouvelle est le trait de l’auteur, précis et varié, qui n’a pas son pareil pour représenter des femmes complètes à la croupe enchanteresse (trop peut être : taille fille, gros derche et seins énormes) et à la sublime expression de plaisir. Les mâles restent satisfaisants dans leur rendu également !

En conclusion, le fauve a bien conscience qu’il s’agit d’une compilation où la cohérence n’était nullement recherché par l’auteur – ou l’éditeur. Toutefois cette orgie de scénarios mâtinée d’illustrations foisonnantes n’apportent aucune sérénité dans la lecture. Nous avons tourné, avec la tigresse (dont la douce curiosité est proverbiale), les pages sans grand entrain, et le plaisir ne fut que trop rarement au rendez-vous. C’est pourquoi je vous conseille, non pas de faire l’impasse, mais de procéder à une lecture-picorage selon votre humeur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Si on cherche à déceler une structure narrative dans ces histoires, le pattern suivant est presque constant :
1/ Présentation très sommaire de deux ou trois protagonistes dans un environnement ou une configuration toujours propice à la luxure (piscine, chambre, nightclub, harem, arrière-boutique, etc.)
2/ Les sens en éveil, certains se mettent à rapidement copuler comme des lapins (souvent en couple, peu de sexe de groupe), avec moult gros plans et bruits. Ces bruitages…par Bouddha… Deux tiers des planches au moins.
3/ La petite surprise du chef après les ébats (rarement interrompus), que ce soit un(e) cocu(e) qui découvre son triste sort, un tiers qui pointe son nez juste après l’orgasme (quand nos amis sont rhabillés), ou toute remarque humoristique.
Comme je l’évoquais, ce format, parfaitement adapté à une publication au compte-goutte dans un maga/fan-zine, passe moins bien après 100 pages de ce régime.

CoaX se délecte avant tout se délecter de dessiner de belles situations qui éveillent l’imagination, et s’en tire avec les honneurs. Mais pour ce qui est de l’intérêt narratif…j’exagère puisqu’il y a certainement beaucoup à dire sur la vision de la chose de l’auteur ibérique. Déjà, le sexe est libre et les femmes sont extrêmement demandeuses, ces dernières ayant un degré de pouvoir et d’initiative bien supérieur à celui des mâles bien membrés. Loin d’être connes (à la différence de certains personnages masculins), nos héroïnes semblent n’éprouver que peu de honte à se comporter tels des mecs (disposer de leurs partenaires), absence de sentiment comprise. Ensuite, les ébats sont bon enfant, la violence inexistante et le plaisir visible sur les visages. Enfin, tous sont beaux, bien portants et jeunes – et apparemment leurs parents sont en éternelles vacances.

Du sexe joyeux, sain et sans grande prise de tête – un hommage à la vie, loin des turpitudes autres que sentimentales qui habitent (et hachattent…hu hu) la jeunesse.

…à rapprocher de :

– Le cul libéré par un Espagnol, avec des illustrations colorées et plus « basiques », c’est Cercle Intime d’Atilio Gambedotti. Tome 1 (en lien) et tome 2 (ici ici !) sur le blog.

– Je vais me faire des ennemis, mais à la rigueur faudrait mieux entreprendre de lire Happy Sex de Zep. Juste pour l’aspect « happy » hein, ça n’a rien à voir sinon.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette coquine BD en ligne ici.

Mickaël Auffray - Ce coquin de FélixUne petite dizaine de chouettes textes enlevés et rigolards, mélangeant fantastique et douce folie, voilà de quoi s’aérer l’esprit. L’auteur en profite toutefois pour donner à quelques-unes de ses nouvelles une profondeur qui interpelle et permet de mieux réfléchir sur la condition précaire de l’homo modernus. Mickaël Auffray a de la suite dans les idées.

Il était une fois…

Un pébroque beau parleur mais hargneux ; une secte d’animaux invitant le narrateur à changer de vie ; un nain gentiment vicelard qui fait le bonheur d’un village ; un chat d’appartement qui se transforme en tigre ; un homme désespérément bavard ; etc. [le félin délivre le trailer de ces brèves nouvelles dans le désordre le plus gourmand]

Critique de Ce coquin de Félix

Avant de gentiment démarrer les hostilités, il convient de savoir que l’auteur est venu frapper à la tanière de votre serviteur afin de porter à son attention (celle du Tigre hein) l’existence de cet ouvrage consacrant son statut de primo-écrivain au sein d’une maison d’édition indépendante – désolé pour la phrase tarabiscotée. Les opportunités de lecture sont faites ainsi, et je me rends compte qu’on vient souvent me conseiller de la meilleure littérature par rapport à ce que je choisirais, au hasard, dans une librairie.

Revenons à Ce coquin de Félix. Il s’agit de la première nouvelle, qui est, à mon sens, la meilleure. Drôle, fine, avec cette légère atmosphère de contes de campagne, l’auteur attaque fort. Les textes lui succédant sont de la même veine cocasse et mordante, avec un trait qui est poussé un peu plus loin que la réalité afin d’exposer davantage les protagonistes. Ces personnages n’ont rien d’héroïque, mais ne sont ni méchants ni bêtes pour autant : ce sont souvent de braves types à qui l’extraordinaire survient (un parapluie qui se met à causer avant de vous agresser, un toucan promouvant…le Toucanisme, un chat se transformant en impitoyable félin)

Il ressort des histoires de Mickaël quelque chose de résolument sympathique, libéré et qui ne se prend pas trop au sérieux. Souvent l’absurde point le bout de son nez, et le lecteur exigeant pourra hélas être ennuyé par des dialogues que je qualifierais de nothombesques – oui, des joutes verbales telles qu’en raffole Amélie N. et qui finissent par horripiler, par exemple dans Clair obscur). Heureusement, la maîtrise du vocabulaire est relativement complète pour un jeune auteur, la sélection de ses mots n’a rien à envier à d’autres écrivains qui squattent les gondoles des librairies francophones.

La conclusion féline ? Neuf nouvelles, moins de 100 pages, l’efficacité est au rendez-vous et fait de Ce coquin de Félix le parfait compagnon pour s’évader par tranches de dix minutes. D’ailleurs, dommage que la nouvelle-phare n’ait pas été casée, en toute discrétion, au milieu du recueil. J’attendais une montée en puissance, et n’ai eu qu’une croisière pareillement rythmée (ce qui est déjà pas mal).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Alors, que retenir de cette œuvre ? Je ne dirais pas qu’il existe une morale unique, mais plutôt le constat de vivre dans un monde qui, à bien des égards, nous échappe. Les individus au centre des péripéties concoctées par l’auteur ne sont pas des puissants, manquent d’argent et d’amour. Ceux-ci subissent les contingences modernes et ne semblent guère habités par la révolte. Ce n’est grâce qu’à de surnaturelles rencontres qu’un début d’éveil leur sera proposé, et c’est en sorte un triste constat sur l’inaptitude du monde réel à nous enchanter. C’est même par la voie d’un animal parleur que la vérité, terrible, est évoquée :

Tu es trop faible pour modifier les règles du jeu, trop lâche pour ne pas t’y plier et trop fatigué pour les combattre.

Finalement, ces pseudo-héros ne le deviennent qu’à la suite d’extraordinaires péripéties. Ces personnes solitaires et uniques vont se révéler (sinon se sublimer) en croisant l’inattendu et en y répondant fort à-propos. Que ce soit un inénarrable bavard qui survit, sans s’en rendre compte, à force de tchatche (Si vous croisez ce type) ou un homme qui perd voiture et espoir de boulot et reçoit la visite d’une secte animale, etc. Tous les protagonistes font montre d’une certaine forme d’indépendance qui confine au comportement félin. En effet, Mickaël A. cache difficilement son amour des chats, et lorsqu’un tigre intervient dans une nouvelle, l’écrivain acquiert immédiatement les faveurs du taulier du présent blog.

Difficile de ne pas voir, dans ces piètres protagonistes, une image que l’auteur tente de renvoyer de lui – sans doute je m’avance. Ce qui explique pourquoi leur cas revêt autant de tristesse que d’admiration, pour un résultat qui n’est rien d’autre qu’une profonde tendresse. A ce sujet, le dernier texte, sorte de méta-écriture qui résume finement la problématique d’écrivain, confirme l’impression générale de la lecture : Mickaël Auffray n’est là que pour pousser notre réflexion tout en nous distrayant. Sans ambition aucune, lucide quant au pouvoir déclinant des mots dans notre civilisation.

…à rapprocher de :

– En fait, M. Auffray m’a contacté parce qu’il avait vu passer un billet du félin sur Sébastien Chagny, que vous trouverez ici (A chaque jour suffit sa haine).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Robert Heinlein - Une porte sur l'étéVO : The Door into Summer. Un ingénieur d’automates révolutionnaires se fait spoiler ses découvertes par ses proches et choisit de fuir dans le futur. Comment recouvrer ce qui a été volé et s’assurer une place dorée au soleil aux côtés de ceux qu’on aime ? Pour un roman écrit en 1956, c’est plus que valable (et ce n’est pas trop long à dévorer).

Il était une fois…

[Il faut savoir que le quatrième de couv’ et, plus généralement, la présentation de l’éditeur sont FAUSSES. Pire, c’est susceptible de constituer un spoil. Tenez-en vous donc à la version tigresque, la seule qui prévient quand elle livre un élément clé de l’intrigue].
États-Unis, années 70. Daniel Boone Davis s’est correctement fait exproprier (légalement, il l’a dans le cul) ses inventions suite aux manigances opérées par la femme qu’il pensait fidèle et son meilleur ami. Désespéré et amer, il a recours à la cure du Long Sommeil qui l’amène en 2001. Pourra-t-il améliorer sa situation, voire changer une partie du passé ?

Critique d’Une porte sur l’été

Pour un roman écrit à la fin des années 50, deux remarques s’imposent. Déjà, le style de l’écrivain américain a peu vieilli, notamment les considérations juridiques faisant que le héros est irrémédiablement baisé par ses partenaires – il en est parfois différemment de l’aspect SF. Ensuite, il est surprenant de lire la double vision du futur qu’a Heinlein, que ce soient les années 70 où les robots sont prépondérants (avec une I.A. sommaire mais efficace, ça devait être un beau fantasme de l’époque) ou le début du XXIème siècle. Lequel ne connaît ni réseau global ni ordinateur, mais où d’autres tendances (concentration de la population ou aide à l’infographie par exemple) ont été correctement supputées.

Passons à l’histoire, qui démarre rapidement et plante de beaux protagonistes. Davis, ingénieur de génie, n’a guère la fibre commerciale. C’est sa copine Belle et son associé Miles qui s’en occupent. Ces loustics souhaitent vendre la boîte et se faire plus de flouze, et par quelques astuces parviennent à évincer le héros de sa propre entreprise. Ce dernier désire se venger en se « faisant » endormir par une procédure de cryogénie pour se réveiller 30 ans plus tard. Hélas, la veille de son « voyage », Davis est drogué par Belle qui achève de lui piquer ses derniers biens. En plus d’empêcher Pete, le chat nonchalant de Davis, de faire le Long Sommeil à ses côtés. Première moitié de l’œuvre placée sous le signe de la rancœur donc.

Une fois transporté dans les années 2000, Davis est un peu à la traîne et ne voit pas comment rebondir dans ce monde qui a tant changé. [Attention SPOIL] Jusqu’à ce qu’un de ses collègues lâche le morceau : y’a un scientifique (Twitchell de son p’tit nom) qui aurait pu envoyer des gens dans le passé. Après avoir provoqué le vieil homme, Davis parvient à retourner 30 piges en arrière pour réparer deux-trois choses afin que son avenir soit radieux – en particulier avec Ricky, gosse de dix ans avec qui il se sent le plus proche. Pas évident de penser à tous les détails, heureusement ses actions se goupillent correctement. [Fin SPOIL]

Ainsi, ce roman n’est pas tant un ouvrage de S.F. qu’une expérience de pensée sur les paradoxes temporels et une belle fable sur la recherche du bonheur par un individu opiniâtre qui se fait mille nœuds dans le cerveau à chaque heure. Le lecteur exigeant ne relèvera pas ici et là les approximations scientifiques bancales pour notre époque, celles-ci étant effacées face à la portée universelle du message délivré par Robert Heinlein. Un titre assez classique (sinon ronflant) dans les premiers chapitres, dont l’intérêt explose au fur et à mesure. Pas mal.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le titre renvoie à Pete, le chat de Davis qui demande à ce que soient ouvertes toutes les portes de la maison de son maître dans l’espoir qu’une s’ouvre sur un été resplendissant. Il en est de même du protagoniste qui actionnera plusieurs portes (fuite en avant, confiance en certaines personnes, nouvelles inventions, voyage dans le temps) en vue de trouver son été, période heureuse où il n’a à s’inquiéter de rien. Il est alors question d’une certaine persévérance : si une maison (sa propre vie) semble perdue au milieu de la déprime et du désespoir hivernal, il existe forcément quelque part un endroit donnant sur la félicité.

A la fin du roman, Davis se demande tout de même si ses actions violant la temporalité n’ont pas créé des univers parallèles. Point de physique quantique ou de chat de Shrödinger. En revanche, un autre chat (Petronius aka Pete) occupe une place prépondérante. En tant que félinophile, comprenez que j’ai été ravi par la connaissance intime de l’auteur de la philosophie de ces bêtes indépendantes dont la domestication n’est jamais acquise. De passionnantes discussions ont lieu entre les deux compères (deux célibataires rejetés de toute part), la présence du chat contribuant de surcroît à créer une atmosphère plus poétique où la sagesse est reine. Petit bémol : Pete semble trop attaché à son Davis et ne le défend que trop bien, doit y avoir des restes de gênes canins traînant dans son ADN.

…à rapprocher de :

– De Herbert, le félin n’a hélas pu terminer Sixième colonne. Je devrais sans doute retenter la chose.

La fin de l’éternité, de l’immense Asimov, offre également de belles idées sur le voyage dans le temps.

– Histoire de pardon, de temps qui passe, c’est Pushing Ice (Janus en VF) d’Alastair Reynolds.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Nicolas Sarkozy - La France pour la vieLorsqu’un ancien Président de la République publie un roman « vérité » sur son parcours, son expérience au pouvoir et sa vision pour la France, il est d’usage que la populace lise avec religiosité un ouvrage dont la finalité semble autant être un mea culpa sur certains égarements d’antan qu’une invitation à renouveler une expérience politique qui se veut nécessaire en raison de l’état du pays [putain, j’ai réussi à faire une intro monophrasée]

De quoi parle La France pour la vie, et comment ?

Avant d’attaquer le morcif du vil Sarko, le félin doit faire preuve d’honnêteté : je n’ai PAS acheté cette chose qui traînait dans mon lieu de vacances, jamais l’idée m’aurait traversée l’esprit de lire un tel essai alors que tant de chouettes romans se baladent dans la nature. Pas en raison de son auteur, plutôt une saine aversion pour le politicien qui publie une énième bouse pour tenter de remonter dans le manège du pouvoir dont il ne semble pas assez avoir profité.

Inutile de vous présenter l’essayiste, ancien magistrat suprême de notre belle République et candidat malheureux à sa réélection. Publié au début de l’an de grâce 2016, plus d’un an avant une élection où il compte bien se (re)présenter, La France pour la vie a tout l’air de vouloir remplir deux-trois objectifs. D’abord, raconter, à sa sauce, l’inoubliable expérience en tant que responsable de l’Héxagone, tout en donnant sa vision quant à certains couacs de sa mandature (le Fouquet’s, le yacht d’un magnat breton, un très spontané casse-toi pauvre con). Ensuite, déplorer la situation actuelle de notre belle nation qui mérite tellement mieux. Enfin, ce qu’il convient de mener comme actions afin que la France ne soit plus à la ramasse (ne pas saupoudrer les actions, l’importance du travail, etc.).

Passons à l’aspect littéraire de cet essai. Hum. Soit. Les phrases sont sèches, le ton empathique et on retrouve la rhétorique propre de l’homme politique qui pose lui-même les questions afin d’y répondre avec une confondante franchise. La structure du bouquin est solide en apparence, les chapitres obéissent à une logique chronologique très accessible. Toutefois, dès la moitié de l’œuvre (disons vers le chapitre sur la culture), les dires de Nicolas prennent davantage la forme d’un fourre-tout thématique sans architecture cohérente – surtout qu’aucun récapitulatif ni conclusion n’est à l’ordre du jour. Ce que j’en pense ? Au-delà d’une lecture aisée et fluide, le félin n’a pas eu le même frisson qu’en lisant un roman, voire un vrai essai politique. Je soupçonne l’auteur de ne pas avoir eu recours à un nègre, c’est dire.

En effet, le fauve n’a pris aucun plaisir à lire cette purge où l’humour est absent et la solennité poussive. Sachez que je ne suis ni de droite, ni de gauche et n’adhère à aucune doctrine politique en général – il n’y a que les moules qui adhèrent. Il faut reconnaître une naïveté et une honnêteté relativement crédibles (presque touchantes) qui donnent envie de croire aux écrits de l’auteur. Hélas, chaque page me rappelait être en présence d’un programme politique un peu fadasse, du genre qui encombre nos boîtes aux lettres avant chaque élection.

Ce que Le Tigre a retenu

Même si l’Ex se fait certainement mousser, il faut lui reconnaître quelques réussites ici et là dans la conduite du pays. Notamment pendant la crise géorgienne où il a pris ses couilles à deux mains pour filer vers la Russie afin de calmer ce chaud lapin de Poutine. Certains peuvent estimer qu’il a souvent brassé de l’air ou court-circuité ses partenaires européens dans la conduite de certaines affaires internationales, néanmoins il était le seul à réagir aussi vite – quant au bien-fondé de ses décisions, c’est une autre histoire. En revanche, ses positions européennes…pffffuiii

Deuxièmement, Sarkoléon se justifie plus souvent qu’à son tour sur le pourquoi du comment il n’a pu mener à bien son glorieux projet. La responsable number one ? La crise de 2008, cette petite salope inattendue qui l’a contraint à prendre de difficiles décisions (à l’encontre de ce les autres gouvernements faisaient alors). Ainsi, le Président a cru que les réformes qu’il jugeait « inférieures » (le mariage pour tous par exemple) n’étaient pas opportunes car incomprises des Français en ces temps troubles. C’est con, les crises. Généralement, ça empêche de tenir ses promesses. Citez-moi un mandat qui n’a pas connu des déconvenues externes (terrorisme, hausse du pétrole, etc.).

Troisièmement, le naturel revient vite au galop chez cet animal politique. Y’a des mots qui pointent rapidement le bout de leur nez et ne sont pas sans rappeler les envolées lyriques d’autrefois. Celles de la campagne présidentielle de 2012. La vilaine bien-pensance, la nécessité de l’autorité, voilà la base d’un champ lexical qui tend à faire de Nico un homme providentiel. Lequel, du haut de son expérience, aurait acquis la liberté d’esprit et le détachement nécessaire en vue d’entamer un mandat d’une rare sérénité. Le mec posé, en somme. Mais qui n’ose pas encore annoncer la couleur – à peine quelques considérations basiques sur l’éducation, le travail, l’autorité et la place de la France dans le monde, pour un mash-up d’idées vides de sens.

En fait, tout est dans le titre. La France POUR LA VIE. Pour sa vie. C’est ça qui m’a fait tilter. Sans pression, le gars lie son destin à celui de mon pays. Il ne supporte pas de voir son pays s’enfoncer dans la médiocrité (il y a contribué, mais paraît l’ignorer). Il n’a visiblement pas digéré d’être évincé du pouvoir. Et quelque chose se consume en lui, il ne saurait pas rester les bras croisés alors que le sursaut ne peut venir que de sa personne (les autres sont soit trop jeunes, soit épuisés ou ayant achevé de démontrer leur incompétence). Nicolas S. doit absolument reprendre les rênes du pouvoir, et c’est à contre cœur qu’il présente ce constat – il parvient presque à nous convaincre. Admirez l’égo. Celui d’Antigone est de la pisse de chat à côté. On touche au domaine médical.

Je ne vous ai pas parlé de ce que l’essayiste bafouille quant aux casseroles judiciaires qui lui collent aux fesses ? Parce que ça m’horripile. A part l’affaire Clearstream ou Bettencourt à la rigueur, le reste sent salement le pipeau.

…à rapprocher de :

Rien. A part ce petit billet en lien que je devrais mettre à jour.

Aaron & Latour - Southern Bastards, Tome 1VO : idem. Sous-titre : Ici repose un homme. Dans le Sud profond des States, un homme revient enterrer ses souvenirs. Mais la ville qu’il a quittée il y a longtemps l’imprègne de nouveau, et le voilà source d’une violence qu’il pensait abhorrer. Illustrations brutes et scénario qui va droit au but, voilà une solide entrée en matière.

Il était une fois…

Earl Tubb a une dernière mission à faire à Craw County : vider et déménager la baraque d’un parent récemment décédé et se barrer le plus vite de cette ville minable d’Alabama. En prenant un premier verre dans un bar, Tubb croise une vieille connaissance (qui n’a plus l’air bien fraîche) et lui vient en aide, quelques instants plus tard, en fracassant la gueule d’un mec. Earl a mis le doigt dans l’engrenage qu’est une ville corrompue où la population semble avoir perdu le sens des réalités.

Critique du premier tome de Southern Bastards

Jason Aaron fait (encore) montre d’une belle efficacité avec ce tome brut, bien amené et montant en gamme question tragédie. Un : prenez un gars assez âgé, bourru et au crochet droit vivace. Deux : foutez-le dans un endroit qu’il a quitté il y a 40 piges et où il a quelques comptes personnels à régler. Trois : faites en sorte qu’il reste malgré les habitants désireux qu’il se casse avec son camion de déménagement. Puis attendez le feu d’artifice.

Aaron & Latour - Southern Bastards, Tome 1 Extrait 1Pas vraiment un feu d’artifice, juste quelques escarmouches et des mises en garde allant crescendo. Car Earl pose trop de questions, notamment sur le décès de Dusty, qui incommodent gravement la populace. Au fil des pages, le lecteur découvrira le rôle prééminent joué par Euless, dit le « Coach », entraîneur tout-puissant de l’équipe de football de la ville (pas du soccer hein) à qui les forces de l’ordre semblent avoir prêté allégeance. Et les raisons de la détestation, par le héros, d’un endroit où sévissait son père, ancien shérif aux méthodes musclées et détesté de tous. Là, normalement, le protagoniste n’a aucune raison de rester. Sauf qu’il ne supporte pas la bêtise ambiante, et le gourdin du paternel renaissant d’un arbre foudroyé (lequel surplombait la tombe de papa Tubb) va opérer comme un électrochoc.

En rajoutant un gosse pas très futé mais attachant qui se fait dézinguer la gueule, des habitants pleutres face à des priorités sportives absurdes (pas de vagues avant le prochain match), nous ne sommes pas loin d’avoir un comics qui fleure bon le hard boiled – histoire policière sombre, réaliste avec un héros loin d’être parfait. Quant aux illustrations de Latour, force est de reconnaître que ça colle parfaitement aux thèmes du scénariste. Les hommes sont à l’honneur, il est rare de voir une case sans un visage sublimé par des traits veules et marqués (même chez les femmes). Si bien que l’environnement est parfois peu travaillé, toutefois le texte est suffisamment profond pour que l’immersion soit maximale – et ce grâce à un ton majoritairement rouge-brun, menaçant.

Southern Bastards porte bien son nom, aucun adulte ne paraît pouvoir trouver la voie de la rédemption. La narration est vive, les flashbacks brefs et allant à l’essentiel, en une centaine de pages l’ambiance est largement posée. Finement, Aaron termine sur deux grosses questions qui feront qu’acheter le deuxième tome prendra le lecteur comme une envie de pisser : quel avenir immédiat pour Earl en mauvaise posture, et quel rôle pour le tout dernier personnage introduit (non sans surprise) ?

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Aaron & Latour - Southern Bastards, Tome 1 Extrait 2Le félin a cru comprendre (les préfaces des auteurs aident en ce sens) que Latour et Aaron viennent du Sud des States. Leur présente œuvre est à la fois :
1/ Une déclaration d’amour à une région où la vie est rude et les mœurs moins policés, c’est-à-dire que tout se règle entre hommes sans interférence des autorités. Si chacun poursuit le même but, tout ne peut que bien marcher. Des gens fidèles, donc, au sein d’États sudistes qui ont également apporté à l’Oncle Sam son tribut de soldats pour le défendre.
2/ Une preuve de profond rejet pour ses habitants qui ont dévoyé leurs idéaux de liberté pour des chimères, des gens bas de plafond carburant à l’ignorance, l’alcool et l’obéissance aveugle. Bref, des Rednecks aussi finauds et modestes qu’une volée de supporters descendant les Champs-Élysées à la suite d’une coupe du monde remportée par leur équipe nationale.
[pour tout vous avouer, ce premier tome est sans pitié pour la ville de Craw Country où seul un individu extérieur arrive à faire bouger les choses]

Le titre, Ici repose un homme, soulève la problématique d’une famille qu’on tient à fuir. En l’espèce, le père d’Earl, personnage autoritaire et peu amène, était suffisamment détesté par son fils pour que ce dernier aille s’engager au Vietnam. A quel point est-il infernal de vivre avec ce genre de paternel pour partir dans un autre enfer ? Pourquoi vouloir à tout prix abattre l’arbre qui a poussé autour de sa tombe ? Faut-il à nouveau tuer le père ? Est-ce ce sentiment diffus de savoir qu’on va ressembler trait pour trait à son vieux ? Peut-on parler de conduite suicidaire ?

Hélas, l’image désastreuse que renvoie le cercle familial fait souvent office de miroir. Le protagoniste, même si ses intentions sont nobles, ne paraît pas être meilleur que les autres. D’ailleurs, le jeune Earl n’était pas tendre non plus avec ses « amis » de l’époque, en particulier un jeune camarade qu’il a laissé se faire brimer. Le même souffre-douleur, qui, après des décennies de vengeance macérée, régente la ville en tant que coach avec des méthodes mafieuses (mais sans le raffinement ni l’organisation).

…à rapprocher de :

– On peut se rendre compte du talent de Jason Aaron dans le premier tome de Thor (avec Ribic) ou La Splendeur du Pingouin (avec un tas de coauteurs).

– Puisque je parlais de hard boiled, le shérif corrompu, la vilenie standardisée, c’est par exemple 1275 âmes de Jim Thompson.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.