Arnaud Le Guilcher – Pas mieux

Pocket, 317 pages.

Arnaud Le Guilcher - Pas mieuxAprès un excellent premier roman, Le Tigre se devait de poursuivre la saga. Encore du très bon malgré un début un peu « diesel » (qui met du temps à chauffer) et une fin hautement improbable. Au menu : retour de la chérie avec un gosse, chaines de ponzi, fétichisme sexuel, avocats véreux et NYC en folie. Le style, jouissif, pardonne le reste.

Il était une fois…

Quinze années après le désastreux final des péripéties de notre héros (dont on ne sait toujours pas le nom), voilà que son existence va reprendre du poil de la bête : sa femme rapplique, avec un ado…son fils ! Le train de vie changeant, le père va devoir trouver de quoi subvenir aux besoins de sa famille, quitte à monter des combines avec son ami. Mais le fiston a des ressources cachées…

Critique de Pas mieux

Un roman qui se lit en une heure et demi à tout casser, d’excellents passages, un peu d’émotion, Pas mieux est un plaisir de chaque instant pour le lecteur qui en a marre de lire du San-Antonio. En outre, il faut mieux lire le premier opus (cf. infra) pour maîtriser tous les protagonistes et leurs menues tares. Chose sympathique, la fin annonce (encore) une suite, les zygomatiques sont prévenus.

Sur le scénario, quelques nouvelles têtes : un chien alcoolique ; le neveu de la vieille japonaise, jeune geek à la sexualité particulière ; mais surtout le fils du narrateur, gothique d’une quinzaine d’années que le héros appellera Commmoi (« commtoi » étant la réponse de l’intéressé lorsqu’on lui demande son prénom). Or ce jeune homme torturé est plein de surprises (je n’en dirai pas plus) et entraînera la petite troupe dans des aventures fantasques. Sur le retour mystérieux d’Emma (la mère) et son étrange comportement, la vérité éclora progressivement.

Sur le style, c’est du Le Guilcher tout craché : des métaphores et comparaisons de qualité, des termes qui font mouche plus d’une fois. C’est souvent drôle, avec parfois des phrases qui méritent réflexion. Je ne peux résister à vous sortir deux exemples marrants parmi tant d’autres :

Commmoi » était la branche Al-Qaïda de mon arbre généalogique.

Les notices d’Ikéa, même un grizzli en phase terminale d’Alzeimer comprend.

Toutefois, on peut reprocher à l’écrivain d’être, sur le dernier tiers du roman, parti dans toutes les directions : le NYC excessif avec ses cas sociaux (le restaurant où on ne sert que des espèces protégées, la drogue tout azimut), les stars planquées, la mise en place de savantes combines financières, la maladie d’un proche,…c’est un peu too much en fait. Mais bon, en moins de 300 pages le plaisir reste entier. Même si j’ai préféré la surprise littéraire du premier roman d’Arnaud.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La relation père-fils. Le jeune tout de noir vêtu est terriblement déçu en apercevant son daron qu’il idéalisait, et c’est réciproque. Prêts à en venir aux mains dans les premiers chapitres, le héros parvient peu à peu à apprivoiser le « hibou » jusqu’à se comporter comme un vrai chef de famille. Mais c’était loin d’être gagné. Comme le dit à peu près le narrateur, « la colle pour rabibocher les liens n’est pas disponible dans un Wall-Mart ».

Les arnaques financières. Pour renflouer le pressing qui prend l’eau (au sens propre comme figuré) et assurer niveau dollars par rapport à sa famille subitement élargie, le narrateur se voit proposer par Richard (un ami d’une rare fainéantise pourtant) un système calqué sur les conneries de Madoff. Si les débuts sont plutôt modestes, nos amis traitent vite avec des millions de dollars. Ils étoffent leur équipe (avec des membres du staff d’Obama qui s’est fait dégager par Palin en 2014, sic), font appel à des stars bien sous tout rapport et se plient aux demandes plus pressantes de la SEC (l’AMF version U.S.). Ce qu’il adviendra de leurs affaires n’est pas vraiment crédible, une pirouette digne du scénario global.

…à rapprocher de :

– Lire d’abord, comme indiqué, En moins bien avec le même narrateur. Pile entre deux semble être la suite du présent roman.

– Si vous aimez ce style, vous devez alors connaître Les vacances de Bérurier, de Frédéric Dard (sous le pseudo de San-Antonio).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

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