Allez, il est temps de résumer du bon auteur français qui jadis a vendu au Tigre beaucoup de rêve. Hors de moi, c’est un peu la base de Van Cauwelaert : un scénario peu commun, une facilité de lecture appréciable, et quelques déceptions. En effet des longueurs là où il n’en faudrait pas, et un épilogue qu’on aurait souhaité mieux amené.
Il était une fois…
Un homme reprend connaissance dans un hôpital. Sa femme ne se pointe toujours pas pour lui rendre visite, aussi rentre-t-il chez lui. Et là, grosse katastrofe : quelqu’un qui porte son nom habite chez lui, est avec sa femme, a son boulot. Comment prouver qu’on est soi-même, et l’est-on réellement ?
Critique d’Hors de moi
Du bon « fast food reading », « on the beach » style même : rapide et arrachant quelques palpitations (si si), avec une dose de suspense qui fait que ces 200 pages seront très vite lues. Nombre de chapitres et de pages, vocabulaire, protagonistes, tout est fait pour passer un moment plaisant, avec ce qu’il convient de fantastique. Mais pas trop pour effaroucher le lecteur hein.
L’histoire est originale, tellement d’ailleurs qu’il me semble qu’un film a été tiré de ce scénario. Martin Harris existerait en double, et va tout faire pour savoir ce qu’il lui arrive, jusqu’à un retournement finement imaginé.
Tout n’est pas rose bien sûr, on pourrait reprocher à l’écrivain de s’être débarrasser du fin mot de l’histoire comme une vilaine patate chaude. A croire qu’il y avait un cahier des charges (négatives ici) à respecter. N’est hélas pas auteur de science-fiction qui veut, néanmoins en moins de 300 pages il me semble difficile de construire un texte de SF/anticipation sociale suffisamment immersif.
En outre, et pour conclure, ce roman a la tare d’être trop « français », en considérant que cela puisse être un défaut : début qui met du temps à trouver un rythme, manque d’action en général, bref ce n’est pas très « punchy ». Le Tigre ne pinaille pas eu égard la production littéraire de l’auteur.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Délicat de développer des thèmes sans se livrer, sans vergogne, à un spoil que l’internaute ne mérite pas.
Le sujet principal est bien sûr la perte d’identité doublée d’une solide paranoïa. Didier V.C. (ah non ça va pas comme abréviation) présente un individu dont les bases même de sa vie sont remises en cause. Situation cauchemardesque, qui n’a déjà pas rêvé d’arriver chez soi et voir qu’on est plus reconnu par ses proches ? Dans ce roman ça arrive, bien sûr la configuration initiale, à savoir le réveil depuis une salle d’hôpital, met la puce à l’oreille sur le fait qu’il y a quelque chose qui cloche gravement.
Ensuite (et enfin même, n’ayons pas peur des mots), il faut rapidement parler de la gestion hasardeuse du rythme d’un bouquin. R.A.S. sur le scénario, on reconnaît un bon écrivain à ce genre de créations imaginaires. Sauf que certains « accessoires » nécessaires à un merveilleux roman font défaut : se faire porter sans avoir le temps de se dire que c’est un peu chiant ; être progressivement mis en contact avec le dénouement (voire nous laisser le temps de le découvrir), et pas en une paire de pages. C’est grâce à ce type d’œuvres qu’on peut voir à quel point ces éléments sont primordiaux.
…à rapprocher de :
– Situation ubuesque, perte de repères, on pense à La moustache, d’Emmanuel Carrère.
– Le meilleur de l’auteur, avec plus de « fantastique », c’est bel et bien L’évangile de Jimmy. Pour l’instant. Sinon, Rencontre sous X reste bon, et Un objet en souffrance tient la route.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez ce roman en ligne ici.
Ping : Didier van Cauwelaert – Rencontre sous X | Quand Le Tigre Lit
Ping : Didier van Cauwelaert – L’évangile de Jimmy | Quand le tigre lit