Kem Nunn – Tijuana Straits

10/18, 380 pages.

VO : idem. Kem Nunn - Tijuana Straits10/18 planche (jeu de mots attention !) sur le petit nouveau (moins ancien du moins) de Kem Nunn. Le Tigre a été bluffé : longueur du roman parfaite, histoire crédible et triste, mais surtout maturité accomplie de l’auteur qui nous offre un sombre conte. Rêve latino-américain brisé sur fond de pollution des corps et des esprits, le meilleur de Nunn.

Il était une fois…

Tijuana, Mexicali, frontière latino-américaine. Deux histoires qui vont se télescoper. Magdalena d’abord, qui travaille pour une avocate mexicaine et tente de traîner en justice une société américaine qui pollue la région. A cause de ça, des personnes sont extrêmement malades, à l’image d’Armando, qui cherche à tuer la jeune mexicaine parce qu’elle a accueilli sa femme dans une institution pour jeunes mères.

Sam Fahey, ensuite, éleveur de lombrics dans sa petite ferme héritée d’un père abject, qui va trouver sur la plage Magdalena, enfuie à la suite d’une tentative d’assassinat. Le destin de nos deux amis est sur le point de basculer…. Le Tigre aime finir sur un cliché.

Critique de Tijuana Straits

Les deux derniers romans de Nunn m’ont laissé une impression bizarre : le premier est court et dense, pas très développé peut être. Le second, trop long (jusqu’à me perdre parfois). Pour Tijuana Straits, j’ai été agréablement surpris : moins de 400 pages, pour une histoire touchante et terriblement amère.

Le fil du roman tourne autour de la frontière entre le Mexique et les EUA : usines (les fameuses maquiladoras) distillant leur poison dans l’environnement ; ouvriers abrutis par les produits chimiques qu’ils côtoient ; et une jeune et belle femme souhaitant y mettre un terme. De l’autre côté, un ancien surfeur qui vivote de vermiculture (j’ai beaucoup appris sur la gestion du compost d’ailleurs) et tombe sur cette Magdalena qui a besoin d’aide. Ce qui ravive de terribles souvenirs.

Le gros « bon point » de cette œuvre, c’est que Nunn semble avoir une vitesse de croisière rédactionnelle assez efficace : profondeur des personnages et des descriptions correctement dosées, j’ai vite été dans le bain. Quant aux passages sur Armando ou la famille de Fahey, ceux-ci sont poignants et permettent surtout de « démanichéiniser » (oh là pas joli ce barbarisme) les personnages.

Pour une fois, la fin (même avec ses moments bien convenus) peut surprendre, sauf à considérer qu’il s’agit toujours de repentance. Une bonne évolution de Nunn dans l’ensemble, aussi ne pas lire les anciens romans ne serait pas sacrilège.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Petit mot rapide sur le surf. Kem Nunn en est dingue, cela semble bien avéré. Première bande, troisième bande (on parle d’endroits dans le rivage), gestion minutieuse de la météo, localisation précise à partir de repères terrestres, petits noms que les amoureux du sport se donnent,… Les bons surfeurs ne sont pas que des riders, aussi d’excellents marins en général, à l’aise dans toutes les disciplines ayant trait à la mer. Vision idyllique de la planche, livrée qu’à travers les souvenirs du héros hélas.

La trahison mâtinée de culpabilité. Le petit Sam Fahey porte un secret pas glorieux, même si au premier abord il ne semble y être pour rien. Son père a agi comme un vrai sagouin. Non content de rater ce qu’il entreprend, il a copieusement trahi ceux qui lui ont porté leur confiance. Et ça paraît, selon l’adage « le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre », rejaillir sur Sam. C’est le poids de ce passé qui en partie explique le recours à l’alcool et aux médicaments, voire quelques drogues bien plus dures.

…à rapprocher de :

– Pour le surf, ça vaut le coup de lire les premier et second (plus long) romans de Kem chez Folio Policier.

– Le surf à l’honneur, c’est surtout Respire, de Tim Winton. Attention, pépite littéraire.

– L’enfer de la frontière californienne entre le Mexique et les States, c’est aussi Satan dans le désert, du sieur Teran. Bien plus sombre, achtung !

– La présentation du héros est celle d’un homme sous méthamphétamines, et ce pour poursuivre quelques chiens sauvages. Pour avoir une idée du produit, rendez-vous sur cet essai.

– L’ambiance des mexicanos totalement barrés et souhaitant qu’on chante leurs exploits en chansons, sans compter les autels dressés en leur honneur, c’est un peu le cas du héros de la série Breaking Bad (quasiment malgré lui).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

3 réflexions au sujet de « Kem Nunn – Tijuana Straits »

  1. Cher Tigre,
    J’ai lu Tijuana Straits la semaine dernière et m’étais dit qu’il fallait absolument que je te le passe. J’ai bien fait de vérifier si tu n’avais pas déjà posté dessus.
    Lecteurs du Tigre, je ne peux que vous conseiller à mon tour ce roman !

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