VO : Castle Waiting. Sur le conseil d’une connaissance, Le Tigre s’est procuré Château l’Attente, tome 1. Titre bizarre, et histoire qui ne l’est pas moins. Près de 500 pages plus loin, il faut avouer qu’il y a du travail sérieux qui a été fourni : c’est un ouvrage bien sous tout rapport, sans réelle envergure mais plaisant. Comme on dit, rapport qualité / prix convenable.
Il était une fois…
Tout commence par une version revisitée de La Belle au bois dormant. Histoire assez courte, puisque le Château l’Attente est vite abandonné. Celui-ci devient progressivement un refuge pour les hommes et (surtout) femmes différents, rejetés par leur entourage ou encore en difficulté. Les personnages du Château accueillent les nouveaux, racontent leurs histoires, gèrent la vie de tous les jours,…
Critique du premier tome de Château l’Attente
Je l’annonce tout de suite, avant toute critique, ce premier tome réussit à rassembler tout ce que Le Tigre fuit en général : fantasy teintée de contes de Grimm, personnages tous gentils tous souriants, dessin ligne claire convenu, histoires interminables et digressions de partout. Et pourtant je n’ai pas détesté.
D’une part, il faut dire qu’il n’y a pas réellement de fil conducteur. Un château où débarque une femme enceinte, les occupants qui racontent les raisons de leur présence ici, les relations entre les membres du lieu, les histoires dans l’histoire, les petites péripéties dudit château, tout n’est qu’un joyeux mélange. Si bien que parfois Le Tigre se demande où il en est dans la narration. Néanmoins Linda Medley n’a pas son pareil pour offrir des contes (il s’agit bien de contes) réellement touchants, avec de très bonnes idées à partir de protagonistes hauts en couleurs : femmes à barbe, animaux personnifiés, chevaliers chevalins, petits démons tout mignon,…
D’autre part, le dessin. Sur 450 pages, des images excessivement détaillées avec des proportions dignes de tableaux sur le Moyen-Age. Rendons à César ce qui est à César, Linda a produit un effort conséquent pour rendre fluide la lecture de son œuvre. Par conséquent Le Tigre n’a pas eu le temps de s’ennuyer, même si le manque de surprise du dessin peut être pesant. Noir et blanc certes, mais je n’ose imaginer le travail supplémentaire en cas de colorisation.
Bref, ce livre s’adresse avant tout aux femmes. L’environnement est fantaisiste, fait de bonnes intentions et de happy endings. Des personnages attachants, un humour assez léger et jamais graveleux, très girly.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Auteure américaine, je ne sais pas quel est le rapport, mais le féminisme est omniprésent dans cet ouvrage. Déjà ce sont les femmes qui gèrent le Château, et il faut dire qu’elles s’en sortent très bien. Ensuite l’histoire des femmes à barbe est parfois osée, notamment avec le Christ féminin plein de bonté et d’intelligence. Enfin les méchants sont majoritairement des hommes, qui se font facilement rouler par les habitants du Château. Rien d’ostensible, je dirai même le juste équilibre par rapport aux contes d’antan ici revisités.
La tolérance est bien poussée, trop parfois tellement c’est mielleux. Le Château qui accueille sans discrimination les nouveaux arrivants, les gens qui se soutiennent quoiqu’il arrive, les chevaliers servants toujours prêts à donner un coup de main, les différences (souvent de taille !) qui font à peine lever des sourcils, c’est fort généreux. On retrouve l’esprit tout chrétien, à l’image dans ce tome des sœurs de la « sollicitine », qui cherche avant tout à aider son prochain, même lorsqu’il s’agit d’un démon.
Le « métier » d’une voyante, diseuse de bonnes aventures, enfin désacralisé dans une BD ! Lors d’un chapitre une femme se voit expliquer cet art, qui n’est rien d’autre que du mentalisme aidé par la PNL. Analyse du comportement de l’audience, leur dire ce qu’ils veulent entendre, rôle de le la boule de cristal pour voir (sans qu’ils le remarquent) les réactions en direct du client, tout y est.
…à rapprocher de :
– En plus court, avec le même message de tolérance mâtiné du sens de l’amitié, Le Tigre s’est régalé avec Chimichanga, de Powell.
– Pour le coup du féminisme, Le Tigre s’est remémoré un livre où des femmes dépassent leur condition malgré l’environnement hostile : Trois femmes, de Boston Teran.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.
Ping : Eric Powell – Chimichanga | Quand Le Tigre Lit