Snyder & Jock & Francavilla – Batman : Sombre reflet

DC Comics, 2 x 150 pages.

Snyder & Jock & Francavilla - Batman : Sombre refletVO : The Black Mirror. Une saga très sombre, quelques dessins assez choquants, une tension psychologique poussée, un vrai régal. Même s’il faut se faire au contexte particulier des protagonistes, où Batman n’est pas vraiment celui que le lecteur lambda connaît, ces deux tomes se lisent d’une traite et apportent une profondeur tragique de plus aux protagonistes.

Il était une fois…

Le premier tome porte sur une toxine bien flippante qui amène Batman à une vente aux enchères assez originale (on vend des objets d’illustres malfaiteurs, certains de leurs outils étant gravement dangereux). Parallèlement, le commissaire Gordon, qui aide toujours notre Bat, est confronté au retour de son fils, psychopathe qui se dit sur le chemin de la repentance. Cette situation amène Gordon à se remémorer les souffrances subites à cause du rejeton.

Le second tome, un peu plus long, continue sur les doutes du commissaire Gordon. Et le fiston semble bien plus impliqué dans le bordel ambiant qu’on pourrait l’imaginer. Quant au Bat, il est confronté à un orque échoué, une grosse entreprise avec à sa tête la fille du tueur de ses vieux et des mafioso un peu déjantés. Si vous rajoutez les menues facéties du Joker, bah voilà.

Critique de Batman : Sombre reflet

Tout d’abord Le Tigre tient à signaler que ces deux opus se situent à un moment particulièrement complexe de l’historiographie batmanesque. J’avoue même ne pas y avoir compris grand chose, si ce n’est que Bruce Wayne n’est pas Batman, c’est un ancien Robin qui a pris le rôle. Mais le Robin est du coup appelé « Red Robin », arf. La fille Gordon, conformément à l’histoire Un long halloween, a bien perdu ses guibolles et est Oracle, aidant le Bat à distance.

Mais nul besoin de savoir cela, si ce n’est savoir pourquoi le nouvel héros hésite à redécorer à son goût l’antre de Wayne. Histoire en deux tomes, Le Tigre attendait que les deux soient ensemble dans un rayon avant de les dévorer. Pas question d’attendre le deuxième (dont la couverture est ici reproduite).

Ensuite, l’histoire. Très complète, peu de longueurs, assez hard par certains côtés, ce sont de vraies investigations que mènent le Bat et ses alliés. Tout ça se dévore avec un plaisir non dissimulé. Plaisir augmenté par les récits de l’ancien enfant de la balle, en marge de l’histoire, qui sont bien amenés et particulièrement captivants. L’histoire de Gotham vue par quelqu’un d’autre que Batman ou Gordon, ça vaut son pesant d’or.

Le deuxième tome nous offre le Joker, dont les actes, mûrement réfléchis, sont plus horribles les uns que les autres. Et terriblement inattendus, avec un relent de guerre bactériologique bien anxiogène : se poser sur le corps des toxines, comme un animal vénéneux qu’il ne faut pas toucher, Le Tigre a aimé.

Attention ! Le Tigre a également aimé parce que parfois ça devient sanglant, voire difficile à soutenir. L’histoire peut atteindre des sommets de so(m)briété (glauque et direct, néologisme du Tigre), notamment grâce à l’intervention du Joker. Il ne s’agit pas d’une BD pour un enfant, certaines images, bien que de qualité, sont de nature à donner quelques idées de cauchemars.

Au final ces deux tomes sont superbes, même si Le Tigre, faute d’être un crack concernant l’univers Batman, a peut être vu la finesse des rapports entre les protagonistes lui passer sous le nez. Le dessin, alternant ligne claire et brouillon très manga, est synchrone avec l’histoire, c’est le principal.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Une trame intéressante de ces deux tomes est le retour du fils Gordon, grand psychopathe s’il en est. Entre scepticisme de ses proches et espoirs du commissaire, nous découvrons un Jim plus malade que jamais. Aussi se pose la question du pardon, des liens indéfectibles du sang malgré l’irréparable auparavant commis. Même problème avec la fille du tueur des parents de ce Batman, où ce dernier ne sait pas à quel saint se vouer.

La menace bactériologique occupe une place ici non négligeable : celle-ci sert d’excuse à la production de monstres fantastiques, mais est aussi un vibrant rappel de quelques films de la saga du Bat. D’une part, Batman empoisonné va devoir se dépasser intellectuellement pour faire face aux effets pervers des toxines, un peu comme dans Batman Begins. D’autre part, le Joker met en place quelques produits qui sont de jolis clins d’yeux (c’est français ça ?) au Jack Nicholson du premier film à succès.

Enfin, et dans la catégorie « métalivre », Le Tigre se pose une question toute bête : pourquoi fallait-il séparer cette histoire en deux tomes ?? Alors qu’une BD comme « Amère victoire », bien plus longue, se présente sous la forme d’un gros pavé. La réponse se trouve sans doute dans la date de parution de cette histoire, somme toute assez récente. Retour sur investissement maximisé, on ne peut prendre le risque d’en faire un seul ouvrage. Sans compter que le clampin qui achète le premier tome, et bien il est bien obligé de continuer dans son élan tellement le suspense est bien entretenu. Pari gagné, ça n’aurait peut-être pas marché avec un titre moins réussi.

A rapprocher de…

– Les films de Batman par Nolan, on est dans la même sombre veine.

– Pour comprendre le joyeux bordel des « différents Batmen » », il y a l’intimidante saga Knightfall à parcourir. Intimidante en effet : tome 1 (en lien), tome 2 (en lien), tome 3 (en lien), tome 4 (en lien), tome 5 (en lien). Assez mitigé.

– Puisque j’en parlais rapidement, allez voir du côté d’Un long Halloween , de Loeb et Sale. Ça dépote.

– Joker et ses poisons, c’est également dans le tome 6 des aventures du Bat’, imaginées par Grant Morrison : Batman contre Robin.

– Jock fait vraiment de beaux dessins. Par exemple Wytches (tome 1 ici), avec Snyder au scénario. Une tuerie. Ou Green Arrow : Année Un (avec Diggle). Sans plus niveau scénario hélas.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver le tome 1 en ligne ici. Le second ici. 

6 réflexions au sujet de « Snyder & Jock & Francavilla – Batman : Sombre reflet »

  1. Ping : Snyder & Jock & Hollingsworth – Wytches, Tome 1 | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Diggle & Jock – Green Arrow : Année Un | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Grant Morrison – Batman T6 : Batman contre Robin | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Carey & Jock – Faker | Quand Le Tigre Lit

  5. Ping : Snyder & Capullo – Batman : la cour des hiboux 1 | Quand le tigre lit

  6. Effectivement, ces deux opus offrent une immersion très sombre (si, si, c’est possible !) au sein de Gotham. Scott Snyder travaille tous les personnages mais donne une ampleur rare au fils Gordon. Remarquable !
    Néanmoins, un petit bémol…quel dommage que le Joker ne fasse qu’une « apparition » dans le tome 2 ! Suite au prochain épisode ?

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